«Les défis de l’industrie de la pêche en 2025», tel est le thème sous lequel s’inscrira le 46e congrès de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), qui se tiendra du 14 au 16 janvier à l’hôtel Hilton Québec.
«Avec les changements climatiques et la diversification auxquels on fait face actuellement, tout comme la disparition du turbot, de la crevette et du maquereau, c’est un défi autant pour les pêcheurs que pour l’industrie de la transformation, mentionne le directeur général de l’AQIP pour expliquer le thème qui a été retenu par le conseil d’administration en août. Est-ce qu’il y a des solutions à tout ça? Sûrement qu’il y en a. Avec le moratoire sur la morue, il faut se rappeler qu’il n’y a pas eu de fermetures d’usines, sauf à Newport.» Selon Jean-Paul Gagné, la diversification a permis aux entreprises de transformation de poursuivre leurs activités.
Le sébaste comme solution?
L’une des pistes explorées est la transformation du sébaste, qui a commencé à se faire dans certaines usines. «Mais, il y a des coûts pour la mise à niveau, soulève M. Gagné. Les gens sont allés en Islande. Ils sont arrivés avec un paquet de renseignements. Mais, ça prend des investissements. Est-ce que nos gouvernements vont être en arrière pour nous supporter? C’est une autre question qu’on va se poser.»
De l’avis du dirigeant de l’AQIP, la commercialisation du sébaste représente aussi un enjeu parce qu’il est petit. «Ça fait de cinq à huit ans qu’on attend qu’il grossisse, mais il ne grossit pas. Donc il faut arrêter de rêver qu’il va grossir!» Par conséquent, la transformation à la main du poisson en petits filets n’est pas une solution d’avenir, croit le directeur général de l’AQIP. «Il faut que ce soit mécanisé.»
La commercialisation des coproduits du sébaste doit aussi être envisagée, comme l’huile pour sa teneur en Omega 3, selon Jean-Paul Gagné. «C’est un projet important qui est à l’étude, dans lequel une firme comptable est impliquée, tout comme Investissement Québec, le Conseil de l’innovation du Québec et nos industriels.»
Sujets abordés
Outre le sujet des changements climatiques, plusieurs autres seront abordés lors des trois jours de congrès : l’utilisation de l’intelligence artificielle pour évaluer les espèces, les avantages de faire affaire avec Aliments du Québec pour la commercialisation et les prévisions économiques 2025 sont autant de sujets inscrits à la programmation. «Il y a de la matière en masse», résume le porte-parole de l’AQIP.
Trois experts prendront la parole lors des dîners-conférences. Les conséquences des changements climatiques seront abordées lors de l’un des dîners-conférences avec l’agronome Anne Blondlot d’Ouranos. Par ailleurs, Jean-Pierre Dubé de Coboom prononcera une conférence sur la résilience des communautés côtières. Puis la dernière conférence sera donnée par Geneviève Turbide-Potvin de la Banque Nationale. Elle abordera les perspectives économiques pour 2025. Le nouveau sous-ministre du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Yvon Doyle, a confirmé sa présence au congrès. «On veut savoir quelle sera la collaboration du ministère dans tous les changements qui s’annoncent, s’attend Jean-Paul Gagné. On a besoin d’un programme adéquat et actuellement, on attend une réponse. Est-ce que le gouvernement va suivre? Est-ce qu’il y aura un programme quelconque? C’est surtout ça qu’on veut savoir de lui.»
Priorités 2025
Le congrès sera aussi l’occasion, pour le conseil d’administration de l’AQIP, de se réunir et de tenir son assemblée générale annuelle, au cours de laquelle les priorités seront définies pour 2025. Chose certaine, les programmes d’aide figureront assurément dans ces priorités, prédit Jean-Paul Gagné.
«On veut réussir. Personne ne veut abandonner. Mais, comment on s’organise? Est-ce qu’il va y avoir de nouveaux permis qui vont être délivrés? On sait qu’il va y avoir des permis de homard; est-ce qu’il va y avoir des demandes de permis de transformation de homard supplémentaires ou des permis d’acquéreurs? On ne sait pas trop.»
Depuis plusieurs années, l’AQIP demande une prévision dans la politique de délivrance des permis d’usines. «Mais ce n’est jamais arrivé encore, déplore M. Gagné. Donc on va insister là-dessus parce qu’il faut savoir où on s’en va. Il faut qu’il y ait une consultation générale et le congrès en est l’occasion. Un moment donné, il faut se parler! Quand des problèmes surviennent comme actuellement, une solidarité doit s’établir entre tous les maillons de la chaîne, autant pêcheurs que transformateurs, et ça doit être supporté par le gouvernement parce qu’on est dans une situation vraiment particulière.»
Retour de Trump
Le représentant de l’AQIP ne sait pas trop comment réagir devant le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, alors que des mesures de protectionnisme sont attendues en sol américain et que des hausses tarifaires importantes sont prévues pour les pays exportateurs. Soulignons que 75% des exportations québécoises de poisson et de fruits de mer sont acheminées annuellement au pays de l’Oncle Sam.
«Est-ce que les gens voient ça pire que ça va être?, s’interroge M. Gagné. S’il nous arrive avec des tarifs douaniers des produits marins qui sont vendus aux États-Unis, on va y goûter! Mais on n’est pas rendu là. Il faut faire confiance au gouvernement Trump et à nos élus pour négocier des choses qui ont de l’allure pour qu’on ne soit pas trop pénalisé. Je ne me fais pas à l’idée que ça va être noir en partant. Ça va peut-être l’être mais je suis toujours optimiste.»
ÉVÉNEMENT – page 16 – Volume 37,5 Décembre 2024 – Janvier 2025