jeudi, novembre 21, 2024
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Des premiers débarquements prometteurs pour les homardiers gaspésiens

Les premiers débarquements de homard de la saison en Gaspésie ont été excellents, généralement supérieurs à ceux de l’amorce de la saison 2015, une année record en volume de débarquements. Il est un peu tôt pour parler de surpasser ce record, mais les pêcheurs, après deux jours de capture, aimaient penser que c’était possible.

En 2015, les 163 homardiers gaspésiens ont livré 1 819 tonnes métriques de homard dans les différents havres de la péninsule, fracassant le précédent record établi un an plus tôt, de 1 536 tonnes métriques. Les revenus de l’an passé ont aussi constitué un record, à 22,5 millions $, en hausse de 44% par rapport au record précédent, de 15,4 millions $, aussi établi en 2014.

Environ 140 de ces homardiers ont entamé leur saison le 23 avril, avec la mise à l’eau des casiers, et ils ont livré leurs premiers volumes le lendemain. C’était une semaine avant le coup d’envoi de 2015.

Henri Lelièvre, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, a livré 760 livres de homard le 24 avril et 550 livres le lendemain.

«C’est pas pire. On ne peut comparer à l’an passé dans un sens parce que c’est une semaine plus tôt, mais ça se ressemble. C’est même un peu mieux cette année. La température est plus froide, mais c’était la bonne semaine pour commencer. La chaleur de la semaine passée (du 17 au 24 avril) a fait du bien. Samedi, c’était parfait pour la mise à l’eau et dimanche c’était plus froid, mais pas si mal. Aujourd’hui (le lundi 25 avril), tout gelait sur le pont. Pour empêcher que le homard gèle, on le gardait dans l’eau», expliquait monsieur Lelièvre.

PRIX À QUAI INFÉRIEUR AUX ATTENTES

Il livre ses prises chez E. Gagnon et Fils qui a complètement intégré son ancienne division Dégust-Mer, spécialisée dans le homard. Monsieur Lelièvre venait d’apprendre qu’il obtiendrait 6,50 $ la livre, ce qui était moins que prévu et souhaité par les homardiers.

«C’est 6,50 $ pour commencer. C’est sûr pour deux semaines, jusqu’à la fête des Mères. C’est peut-être mieux de commencer un peu plus bas et de baisser moins après la fête des Mères», note Henri Lelièvre.

En 2015, les homardiers gaspésiens évoluant entre Bonaventure est et la rivière York à Gaspé, avaient reçu 7 $ la livre pendant les deux premières semaines de capture. Puis, le prix a subi une importante perte de 2 $ la livre pendant six semaines et ils ont terminé la saison avec deux semaines à 7 $.

Les homardiers vivant aux extrémités des zones, comme dans les secteurs Bonaventure-Miguasha, le bout de la pointe de Gaspé et le côté nord, entre Cap Gaspé et Mont-Louis, avaient commencé une semaine plus tard en 2015, comme cette année, et ils ont perdu une semaine à 7 $ la livre au début pour la regagner à la fin.

«Les quantités sont plus faibles à la fin», souligne Henri Lelièvre, pour indiquer qu’un prix élevé est plus avantageux en début de saison.

O’Neil Cloutier, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, trouvait carrément «décevant» le prix de 6,50 $ la livre, alors qu’il était raisonnable de penser, selon lui, que le prix de départ de 2015, de 7 $, semblait   de mise. Il avait même songé à un prix de 7,25 $ à 7,50 $ avant le 25 avril.

«La conjoncture est meilleure que l’an passé. C’est ouvert en Nouvelle-Écosse. Nous avons des contacts là-bas, des pêcheurs, entre autres, et ils nous disaient que le prix était de 8 $ à 8,90 $ la livre jusqu’à samedi (23 avril). On nous a aussi dit que les quantités n’étaient pas si imposantes», disait-il le 25 avril, après deux jours de capture.

La veille de la mise à l’eau, Raymond Sheehan, président de la firme E. Gagnon et Fils, spécifiait que le secteur Eastern Shores, entre Halifax et le détroit de Canso, était ouvert depuis quelques jours. C’est là où les homardiers avaient reçu 8 $ la livre pendant les premiers jours de la saison et 7 $ à partir du mardi, assurait-il.

«On n’est pas dans le même contexte que l’an passé. On a moins de demande», disait monsieur Sheehan le 22 avril, certain qu’une autre chute de prix n’était qu’une question de jours en Nouvelle-Écosse.

CAMBISTES TROP OPTIMISTES

La faiblesse du dollar canadien devait mener invariablement à un fort prix, ce prix étant largement influencé par ce que les grossistes américains sont prêts à payer. «Le dollar (américain) était à 1,45 $ (canadien) à la fin de janvier et il est maintenant à 1,26 $. L’an passé, il est passé de 1,19 $ à 1,23 $ pendant la saison. Les cambistes se trompent royalement ces temps-ci», remarquait Raymond Sheehan le 22 avril.

O’Neil Cloutier espère que les fluctuations de prix seront moins fortes qu’en 2015. En même temps, il se demande si Raymond Sheehan a une influence assez grande pour limiter les fluctuations de prix.

«Il y a deux approches pour regarder le problème. On peut recevoir de l’acheteur le prix tenant compte des fluctuations les plus faibles possible. Et on peut recevoir le vrai prix du marché, ce qui implique peut-être une fluctuation plus forte. Je ne pense pas que 6,50 $ soit le prix du marché présentement. C’est trop faible», note monsieur Cloutier.

S’il était insatisfait du prix, O’Neil Cloutier était, par contre, content de ses prises des deux premiers jours.

«J’ai pris 1 000 livres la première journée et 20% de moins la deuxième journée. C’est assez similaire à l’an passé, un peu mieux en fait. C’était une bonne deuxième journée, très bonne malgré le froid. Le volume est prometteur. C’est la fin de la lune et les courants sont forts. C’est très bon dans les circonstances», indiquait monsieur Cloutier.

Six homardiers rencontrés le jour des premiers débarquements à Saint-Godefroi trouvaient également très encourageant leur début de saison.

Eddy Larocque, de Hope Town, a débarqué entre 500 et 600 livres le 24 avril. «C’est un peu meilleur que l’an passé. Le vent n’était pas trop mal ici. Ce n’est pas ce vent-là qui est le pire. On pêche proche de la côte. À Bonaventure, ça aurait été différent», expliquait monsieur Larocque, pour dire que le vent de nord-ouest est moins dérangeant que le vent d’est, au large de Saint-Godefroi.

Christian Huard, également de Saint-Godefroi, a ramené entre 600 et 700 livres le premier jour, «un peu mieux que l’an passé. Il y a eu des journées chaudes cette semaine (la semaine précédente) et la température de l’eau a monté», a-t-il dit pour signifier que le homard est plus actif quand l’eau est moins froide.

Steve Brière a aussi livré entre 600 et 700 livres de homard le 24 avril, soit «à peu près la même chose que l’an passé», mais son aide-pêcheur des premiers jours de la saison, Sylvain Cormier, était sous l’impression que ce résultat était un peu plus fort que celui de 2015.

John-Daniel Vautier, avec des prises variant entre 600 et 700 livres, David MacWhirter, avec 500 livres, et Vince McRae, en vertu de prises de 600 livres, affirmaient tous avoir obtenu des débarquements légèrement supérieurs à ceux du   premier jour de pêche l’an passé.

LA GASPÉSIE – page 8 – Volume 29,2 – Avril-Mai 2016

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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