La saison de pêche au homard des Îles se conclut avec des captures globales de 5,6 millions de livres. Il s’agit d’une baisse de deux millions de livres, soit de 27%, par rapport aux prises records de l’an dernier, selon les données préliminaires de Pêches et Océans Canada.
Or, comme le prix moyen de 6,60 $ la livre n’est lui-même en hausse que de 15%, le directeur intérimaire de l’Office des pêcheurs de homard, Claude Régnier, estime à 23 000 $ le manque à gagner moyen par bateau. «La moyenne des revenus bruts est de 113 000 $ par rapport à 136 000 $. Alors, c’est quand même une grosse différence pour chacun, actuellement, par rapport au prix.»
L’Office et l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) ne s’entendent d’ailleurs pas sur les prix payés pour les cinq premières semaines de la saison. Les pêcheurs en sont insatisfaits parce qu’ils sont de plus de 0,25 $ inférieurs à la balise de référence du Seafood Price Current. «Si on parle du prix plancher comme tel, c’est-à-dire le prix à partir duquel les pêcheurs seraient satisfaits, là, ça représente une différence de 820 000 $ pour l’ensemble des pêcheurs; 2 500 $ pour chacun», calcule Me Régnier.
Le problème, c’est que les acheteurs remettent en question le mécanisme de fixation des prix inscrit au programme mixte, basé sur cette valeur témoin du marché américain. Le directeur général de l’AQIP, Jean-Paul Gagné, soutient qu’elle n’a rien à voir avec le prix de vente de ses membres. «Ça, c’est le prix qui est déterminé par Urner Barry dans son Seafood Price Current, qui est pris du courtier qui achète de nous autres au distributeur et du distributeur au détaillant, de telle sorte que c’est une moyenne de ces prix-là, mais on n’obtient pas ce prix-là», explique M. Gagné.
L’AQIP propose plutôt l’établissement d’un mécanisme d’ajustement progressif du prix payé à quai, dès que les acheteurs reçoivent eux-mêmes 6,75 $ la livre et plus. L’offre est intéressante pourvu que le marché soit porteur, souligne Me Régnier. Il fait cependant valoir que la balise du Seafood Price Current sert d’outil de négociation en situation contraire. «C’est un reflet de l’état du marché du homard – pas du prix que reçoivent les acheteurs – de l’état du marché du homard, insiste l’avocat, de sa tendance à la hausse ou à la baisse. Et, dans la formule d’établissement, on en tient compte, mais partiellement seulement, pour établir la valeur témoin.»
C’est la troisième année consécutive que l’AQIP tente de faire modifier la convention de mise en marché du homard des Îles, afin d’éliminer le recours à la balise du Seafood Price Current. Les deux parties ne prévoient pas être convoquées avant l’automne pour une séance d’arbitrage devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, qui tranchera le litige. Jean-Paul Gagné prévient que, cette fois, ses membres sont déterminés à porter l’affaire à la Cour supérieure advenant un nouveau revers.
Réf.: LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – page 14 – Volume 29,4 – Aout – Septembre 2016