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Décompte de la population des phoques du Groenland : l’absence de couvert de glace, en hiver, réduit le taux de naissance

Le troupeau de phoques du Groenland serait en importante diminution dans le golfe du Saint-Laurent, à cause de l’absence de couvert de glace, en hiver. C’est ce qu’avance le chercheur scientifique Mike Hammill, de l’Institut Maurice-Lamontagne, de Mont-Joli, qui a procédé à un nouveau recensement quinquennal, en 2017.

Il précise que son décompte de la population, pour l’ensemble de l’Est du Canada, est basé sur le nombre de naissances. «On a lu toutes les images; ça c’est fait, dit-il. Mais on n’a pas fait les calculs finaux. Dans le sud du golfe du Saint-Laurent, on a fait un recensement visuel, et, en 2017, il n’y avait pas beaucoup de glace. Donc, avec juste le sud du golfe les chiffres préliminaires sont beaucoup plus bas que les chiffres précédents.»

REPORT D’UN AN     

En 2012, la population de phoques du Groenland du Canada atlantique s’élevait à 7,4 millions d’individus. Une part de 25 % à 30 % du troupeau migrait traditionnellement dans le sud du golfe pour sa mise-bas.

Il faudra toutefois patienter encore jusqu’à l’automne, avant de connaître les résultats définitifs du plus récent recensement, d’abord prévus pour octobre 2018. C’est que les calculs de M. Hammill ont été freinés par le suivi scientifique pressant qu’il a dû accorder aux baleines noires menacées d’extinction, dans la foulée des mortalités massives de l’été 2017. «Je ne veux pas avancer un chiffre parce qu’on va faire les calculs et ça va changer. Mais, il y en avait très peu, donc. Oui. Ça va être surtout Terre-Neuve; les images de Terre-Neuve (qui serviront au décompte des naissances). Peut-être un peu le nord du golfe, aussi; le détroit de Belle Isle. Mais c’est surtout au large de Terre-Neuve. Et, quand la glace reviendra, est-ce que les phoques vont revenir dans le golfe? Probablement.»

D’autre part, en ce qui concerne les baleines noires, justement, il est maintenant établi que les mesures de gestion de la pêche au crabe des neiges et de la vitesse du trafic maritime dans le golfe du Saint-Laurent ont été efficaces, en 2018, pour réduire les risques d’interactions avec les mammifères. C’est, du moins, le consensus auquel sont parvenus les participants à la réunion scientifique de mise à jour des connaissances, qui s’est tenue à Montréal, en novembre, sous la gouverne du ministère des Pêches et des Océans. Une quarantaine de personnes, dont des représentants du ministère et l’Agence atmosphérique et océanique des États-Unis (NOAA), des chercheurs universitaires et des gens de l’industrie, y étaient réunis pour cinq jours, du 26 au 30 novembre.

ÉTAT DES CONNAISSANCES       

Il en ressort que c’est depuis 2015, que le sud du golfe du Saint-Laurent sert d’habitat à la plus forte concentration de baleines noires en eaux canadiennes. Selon les inventaires aériens systématiques dirigés par Pêches et Océans Canada et la NOAA, au moins 190 mammifères, dont la population mondiale serait de 411 individus, y auraient transité l’an dernier, pour une période moyenne de 34 jours.  

 L’abondance de leur principale proie zooplanctonique, le Calanus, y serait moins affectée par les changements climatiques, note Mike Hammill. «Il y a l’espèce de Calanus finmarchicus, mais aussi le Calanus hyperboreus qui est assez important dans le golfe du Saint-Laurent, explique-t-il. C’est un Calanus un peu plus gros que finmarchicus, et donc, on pense qu’il est moins affecté par le changement dans la température. Donc c’est peut-être une des raisons qui expliquent pourquoi  la biomasse (des zooplanctons) n’a pas diminué autant dans le golfe du Saint-Laurent qu’on a observé ailleurs.»

De plus, selon le compte rendu des observations 2017 et 2018, seulement une baleine a été aperçue en eaux côtières, dans le golfe, à moins de 50 mètres de profondeur. C’est un habitat moins propice au zooplancton, souligne le chercheur de l’IML. «Peut-être qu’on peut y avoir une interaction à cause de la pêche, mais on voit très peu de baleines dans ces coins. Donc, l’interaction n’est peut-être pas zéro, mais il y a beaucoup moins de risque si on ne voit pas les baleines dans ces secteurs», affirme-t-il.

Le 7 février dernier, Pêches et Océans Canada a fait connaître son plan de match pour le suivi 2019 des baleines noires. À lire en pages 9 et 10.

LE GOLFE DU SAINT-LAURENT – page 24 – Volume 32,1 Février-Mars 2019

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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