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Statuquo pour le turbot, hausse pour le flétan atlantique et baisse pour la morue du nord du golfe

Les totaux autorisés des captures (TACS) pour le turbot, le flétan atlantique et la morue du nord du golfe pour la présente saison ont été dévoilés le 12 juin dernier par le ministère des Pêches et des Océans (MPO). Le turbot évite une baisse des captures tandis que le flétan atlantique est l’objet d’une hausse des prises de 15 %, et la morue du nord golfe voit son niveau de prélèvement autorisé chuté drastiquement.

Pour la pêche au turbot de la zone 4RST, le MPO autorise un TAC de 3 375 tonnes en 2019, soit le statuquo des prises par rapport à l’an dernier. L’industrie avait craint une baisse du TAC, en raison d’une mauvaise saison de captures l’année précédente, mais se réjouit d’avoir été écoutée par le MPO quant à son interprétation sur l’état actuel du stock de turbot.

Le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du nord de la Gaspésie, Jean-René Boucher, rappelle le contexte: «Entre la saison 2017 et 2018, on avait eu une baisse de 25 % du TAC. L’état du stock était sujet à questionnement. 2018 n’a pas été extraordinaire.» Toutefois, un revirement de situation a fait changer l’interprétation sur le stock de poisson, souligne M. Boucher: «À la fin de la dernière saison, on a observé des signes très encourageants dans certains secteurs de pêche. Dans l’estuaire et le golfe, la moyenne des débarquements était supérieure à la série historique des 20 dernières années.»

M. Boucher explique également le faible taux de débarquements de turbot en 2018 par les choix des pêcheurs. «Ce sont avant tout des entrepreneurs. Pour le crabe, le prix était très bon, les captures du flétan atlantique étaient plus faciles, donc les pêcheurs n’allaient pas au large simplement pour prendre des risques financiers», explique-t-il.

Pour sa part, Marcel Denis, conseiller à l’Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie, souligne lui aussi l’absentéisme de certains pêcheurs: «L’an dernier, ce n’est pas tout le monde qui a été pêcher le turbot, vu que c’était assez tranquille. On va avoir une meilleure idée du stock cette année». Les conditions   météorologiques avaient aussi freiné plusieurs flottes de pêche, souligne-t-il.

Devant ces constats, l’état de la ressource était-il vraiment en danger? «Il y avait des signes encourageants et plutôt que d’être très alarmistes, parce que même si on tient à notre ressource et qu’on veut la protéger pour le long terme, on ne veut pas partir en peur et avoir une autre baisse du TAC non plus. Alors ce qu’on demandait aux sciences, c’est un statuquo avec une réévaluation après un an. On est très satisfaits que le MPO ait rendu cette décision-là», souligne Jean-René Boucher. Celui-ci ajoute que la situation reflète cette réflexion: «Ça semble nous donner raison. C’est sûr que ce n’est pas nos grosses années de pêche au turbot, mais contrairement à l’an passé ou seulement certains secteurs étaient meilleurs que d’autres, cette année ça semble plus uniforme partout. Il y a plus de pêcheurs qui ont fait des débarquements de turbot à ce jour que l’an passé à pareille date».

Dans un avis publié aux pêcheurs, le MPO informe que «l’allocation accordée aux flottilles avec engins fixes du Québec correspond à 82 % de l’allocation de la flottille inférieure à 19,81 mètres avec engins fixes du golfe du Saint-Laurent. Ainsi, sur la base du TAC de 3 375 tonnes, les flottilles québécoise se partagent une allocation globale de 2 330 tonnes (incluant un transfert temporaire de 221 tonnes provenant de la flottille inférieure à 19,81 mètres avec engins mobiles) répartie conformément à la formule de partage établie.»

LE FLÉTAN ATLANTIQUE

La hausse de 15 % du TAC pour le flétan atlantique de la zone 4RST est également bien accueillie par les représentants des pêcheurs. Mille quatre cent quatre-vingt-douze (1 492) tonnes sont allouées pour 2019 et de cette quantité une allocation de 60 tonnes a été identifiée dans le cadre de la section 10 de la Loi sur les pêches pour payer les coûts associés au relevé à la palangre et au programme d’étiquetage annuel.

Le MPO souligne que la formule de partage annoncée en 2016, suite à la révision des parts des flottilles géographiques avec engins fixes, sera utilisée pour distribuer le contingent restant, soit 1 432 tonnes. Un quota de 355 tonnes, représentant 92,5 % de l’allocation des flottilles avec engins mobiles, sera partagé de façon égale entre les huit flottilles côtières régionales qui participent à la pêche dirigée du flétan atlantique dans 4RST. Pour le Québec, les flottilles de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des Îles-de-la-Madeleine disposeront d’une allocation globale de plus de 710 tonnes.

Lors du Comité consultatif de l’industrie du poisson de fond du golfe tenu à Moncton en mars dernier, l’industrie avait recommandé une augmentation de 30 % du TAC de flétan atlantique vu l’état favorable du stock. Cependant, Marcel Denis et Jean-René Boucher sont satisfaits d’obtenir une hausse du TAC. «15 %, c’est une hausse qui se prend bien. C’est certain que du côté des sciences, on n’a pas d’indications claires de l’état du stock et j’imagine qu’ils ont choisi d’être un peu plus prudents. Mais il y a fort à parier qu’à l’annonce du prochain TAC dans deux ans, il puisse y avoir une autre augmentation», suppose M. Boucher. De son côté, Marcel Denis affirme toutefois qu’il y a un facteur irritant dans l’équation: «Cette année, le prix (au débarquement) descend pas mal. Les usines nous disent qu’on va perdre entre 1,50 $ et 2 $ la livre. (…) Avant, on avait         6,00 $.». Selon lui, la légère augmentation du TAC ne pourra pas couvrir totalement la perte de revenus due à la baisse des prix.

LA MORUE

La morue du nord du golfe de la zone 4RS 3Pn se raréfie et le TAC passe à 1 000 tonnes pour les deux prochaines années de gestion, soit du 15 mai 2019 au 14 mai 2021. C’est moins du tiers de ce qui était alloué depuis l’année de gestion 2017-2018 où un TAC 3 185 tonnes prévalait.

Pour Marcel Denis, un moratoire futur n’est pas exclu: «Pour la morue, c’est catastrophique. Ça diminue tout le temps.»

Pour sa part, Jean-René Boucher estime que la diminution de la pêche à elle seule ne règlera pas le problème de la morue. «On sait que la morue est étroitement liée avec le phoque. On semble observer une migration de la population de phoques vers le nord du golfe. Ce sont des facteurs externes qu’on ne peut pas contrôler. À titre d’exemple, pour espérer que la morue de la Gaspésie puisse revenir, il faudrait diminuer de 60 % la population de phoques. On ne veut pas juste faire du contrôle de population pour en favoriser une autre, mais cet exemple montre qu’il y a un déséquilibre qui est en train d’atteindre la morue du nord du golfe aussi. Donc, si rien n’est fait, on va sûrement se ramasser avec un moratoire. Mais déjà, à 1 000 tonnes, on peut pratiquement parler de moratoire», dit-il.

LES POISSONS DE FOND – page 12 – Volume 32,3 Juin-Juillet-Août 2019

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