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Congrès annulé pour l’AQIP et assemblée générale fort populaire

Pour une deuxième année consécutive, le congrès annuel de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) a été annulé en raison de la COVID-19. Le thème «L’équilibre entre la commercialisation et l’exportation» devait donner le ton à la programmation de l’événement. Le 19 janvier, l’AQIP a néanmoins réussi à tenir son assemblée générale annuelle de manière virtuelle avec un très fort taux de participation.

Selon le directeur général de l’organisme, 32 membres sur une possibilité de 34 ont participé à l’événement. «On a pu traiter des différents dossiers les plus préoccupants pour la prochaine année», se réjouit Jean-Paul Gagné.

PREMIER DOSSIER PRIORITAIRE

Les plans conjoints de mise en marché pour la crevette, le crabe des neiges, le homard et le flétan du Groenland constituent le premier dossier prioritaire pour lequel l’AQIP, cette année, portera une attention particulière. «On a beaucoup de difficulté avec les plans conjoints», admet M. Gagné. Des actions ont été entreprises entre l’Association et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). «Il faut continuer en 2022, croit le directeur de l’AQIP. Il faut baser le prix aux pêcheurs d’après le prix qu’on reçoit sur le marché. Au cours de la dernière année, pour la crevette, on a embauché un économiste pour participer avec nous à l’arbitrage. Il n’a même pas été écouté! La réalité, il faut vivre avec. Ce n’est pas plus la crevette que d’autres espèces. Le crabe des neiges sur la Côte-Nord, ce n’est pas simple non plus.»

Jean-Paul Gagné insiste: les plans conjoints demeurent la principale préoccupation de l’industrie à court terme. Selon lui, il est difficile, pour les usines de transformation, de fixer des prix pour 2022 quand celui de 2020 pour le homard des Îles-de-la-Madeleine n’est pas réglé, pas plus que le prix pour 2020 et 2021 pour le crabe des neiges dans la zone 16. «Ça n’a pas de sens qu’un an et demi après que la saison soit terminée, on revienne sur les prix aux pêcheurs! Tout a été consommé et digéré! Est-ce qu’on commence avec 2022, alors qu’il n’y a rien de réglé nul part? C’est compliqué de fonctionner comme ça. Je pense qu’il va falloir qu’il y ait de nouvelles règles qui vont mentionner qu’après une saison, c’est réglé. Si ça prend un arbitrage, ça le prendra! Mais, on le saura avant la fin de la saison. Là, tout a été vendu pendant la saison et un peu après, puis on ne sait pas encore le prix que la matière première va nous coûter.»

Par conséquent, l’AQIP souhaite une révision de la loi sur les plans conjoints relatifs aux produits de la mer. «C’est un objectif qu’on aimerait réaliser dans les meilleurs délais. Le MAPAQ est au courant depuis longtemps.»

AUTRES DOSSIERS

Un autre projet sur lequel planche l’AQIP est l’audit ainsi que la certification MSC (Marine Stewardship Council) pour le flétan du Groenland et le crabe des neiges des zones 12A à 17.

La promotion des produits marins constitue un autre dossier sur lequel œuvre l’Association. «Ça fait une douzaine d’années qu’on est impliqué là-dedans, indique le dirigeant de l’AQIP. On va continuer, notamment avec les espèces en émergence comme la mactre de Stimpson, le concombre de mer et différentes autres espèces qu’il faudrait mettre de l’avant. On veut augmenter notre présence avec nos produits sur le marché québécois. Avec le homard, on a atteint un degré assez élevé; on est très présent sur le marché québécois. Dans la crevette également, ça va bien sur le marché québécois, même si on peut faire mieux. Mais il y a un coup à donner pour le crabe.»

Par conséquent, l’AQIP compte, cette année, mettre l’accent sur la promotion du crabe des neiges. «Il se consomme dans les régions maritimes, mais ailleurs en ville, c’est un produit plus dispendieux, observe M. Gagné. C’est un produit qu’on a en abondance.»

Pour soutenir la promotion du flétan du Groenland, l’AQIP souhaiterait que les quotas augmentent. «On espère qu’un jour, on aura plus de flétan du Groenland, indique M. Gagné. On travaille là-dessus avec l’Office des pêcheurs de flétan du Groenland du Québec.»

MISE EN MARCHÉ

La mise en marché des produits, tels le crabe des neiges et le homard, s’annonce encore une fois excellente cette année. L’AQIP prévoit que le marché québécois de la crevette demeurera bon. «Mais pour le marché européen, on va voir à Boston s’il y aura de l’ouverture», nuance M. Gagné.

D’après lui, plusieurs entreprises québécoises participeront au Boston Seafood Show, mais seulement deux loueront un espace de kiosque, soit E. Gagnon et Fils ainsi qu’Unipêche MDM. «Les autres ont des inquiétudes.» L’AQIP devrait louer un espace à même le kiosque du Québec et permettre à des membres de l’occuper afin de rencontrer des acheteurs de poissons et fruits de mer.

Concernant la mise en marché du flétan du Groenland, la concurrence avec le pangasius et le tilapia fait mal. «C’est difficile d’augmenter les prix dans les grandes chaînes parce qu’elles vendent les produits concurrents et les consommateurs les achètent, déplore Jean-Paul Gagné. On a des efforts à faire. Il faut maintenir ce qu’on a actuellement comme volume et comme prix sur le marché.»

La crevette d’élevage complique l’obtention de bons prix pour la crevette nordique et la COVID-19 nuit considérablement aux efforts de mise en marché des industriels au Royaume-Uni et dans d’autres pays. M. Gagné voit cependant des signes encourageants, pourvu que la ressource le permette.

USINES PLUS ATTRACTIVES

L’AQIP croit que des moyens peuvent être déployés pour rendre les usines plus attractives afin de faciliter le recrutement, tout en prenant en considération que plusieurs secteurs d’activité sont aussi en pénurie de main-d’œuvre. «Dans le secteur de la transformation, il y a l’accueil des travailleurs étrangers et le bien-être qu’on fournit à ces gens-là, souligne M. Gagné. C’est ainsi qu’on va garder nos gens. Il y en a qui reviennent chaque année. Dans l’ensemble, on est satisfait des performances de ces gens-là. On va tout faire pour garder une réputation de bon employeur dans l’industrie de la transformation des produits marins au Québec.»

L’an dernier, les travailleurs étrangers ont été au nombre de 350 à 400. «Cette année, on présume qu’il va y en avoir plus, prédit M. Gagné. On a beaucoup de demandes. Il y a des usines qui n’en ont pas eu l’an passé et qui vont en avoir cette année. L’Association québécoise de l’industrie de la pêche a changé les règles avec le ministère de l’Immigration. On a droit à 20 % de notre main-d’œuvre.»

Si ces travailleurs étrangers viennent résoudre en partie la pénurie d’employés dans les usines, ils représentent néanmoins un coût supplémentaire pour les industriels. «Il faut que la Régie des marchés agricoles en tienne compte si on veut demeurer rentables dans nos entreprises, et ce, dans n’importe quelle espèce», argue Jean-Paul Gagné.

TRANSFORMATION – page 16 – Volume 35,1 Février-Mars 2022

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