jeudi, novembre 21, 2024
AccueilNouvellesActualitésLes changements climatiques et le manque de données fiables sont des préoccupations...

Les changements climatiques et le manque de données fiables sont des préoccupations majeures, estime Diane Lebouthillier

Les changements climatiques et leur impact sur les pêcheries canadiennes sont la principale source d’inquiétude de l’industrie, selon Diane Lebouthillier, ministre des Pêches et des Océans (MPO). Après trois mois à la tête du ministère à faire le tour des dossiers et à consulter les pêcheurs à travers le pays, c’est le grand constat qui s’en dégage, nous      a-t-elle confié en entrevue exclusive.

«C’est unanime sur l’ensemble du Canada, dit-elle. Même dans les pêches qui vont bien, il y a une inquiétude du secteur. Et ce qu’on me dit, c’est que plus que jamais on a besoin d’avoir des données scientifiques sur les impacts que ç’a déjà commencé à provoquer au niveau du secteur de la capture.»

Mme Lebouthillier se déclare d’ailleurs «totalement en accord» avec le Commissaire à l’environnement et au développement durable qui critique l’incapacité du MPO à recueillir des données fiables pour assurer une saine gestion des pêcheries. «Pour moi, c’est clair que Pêches et Océans Canada peut faire mieux, doit faire mieux et on va faire mieux, affirme-t-elle. Il faut travailler tout le monde ensemble, même avec les pêcheurs qui sont sur l’eau et sont en mesure de colliger des données qui vont nous aider.»

D’ailleurs, pour améliorer la qualité des données transmises au MPO, Diane Lebouthillier appelle notamment les pêcheurs à se discipliner pour mieux comptabiliser leurs prises accessoires. «On doit se responsabiliser pour protéger le secteur, insiste-t-elle. Comme on dit : pas de poisson, pas de pêche; pas de pêche, pas d’économie. Et on voit ce qui se passe avec la crevette, on l’a vécu aussi avec la morue avec le moratoire du poisson de fond : on voit à quel point ça fait mal à la région quand on n’est pas en mesure de bien gérer nos pêches.»

Mme Lebouthillier prévoit aussi des investissements en intelligence artificielle (IA) pour accroître la surveillance des captures. «Dans ma vision des pêches, on va parler d’océan numérique, fait-elle valoir. Et au niveau des sciences et de la technologie, ça évolue rapidement. […] Comme on est en mesure de travailler avec les journaux de bord électroniques, comment peut-on aller chercher les données avec l’intelligence artificielle tout en protégeant nos données qui ont de la valeur? Ça fait partie des discussions que j’ai avec le secteur de la capture.»

En complément, le MPO nous informe que «de nombreuses mesures sont déjà en cours» pour donner suite aux recommandations du Commissaire à l’environnement et au développement durable, dont un  examen approfondi du Programme de surveillance par des tiers, qui regroupe le Programme d’observateurs en mer et le Programme de surveillance à quai. «L’examen visera à moderniser les programmes de surveillance par des tiers et à remédier aux éventuels défis du modèle actuel de fournisseurs multiples, nous écrit-on. […] Le Ministère étudiera également la faisabilité d’une approche cohérente à l’échelle nationale quant à la façon dont les données de surveillance par des tiers sont soumises et intégrées dans le Système national d’information sur les pêches. Cela permettrait la collecte électronique de données avec référence temporelle et faciliterait l’accès des fonctionnaires du Ministère aux données et en faciliterait la vérification.»

SÉBASTE

D’autre part, Diane Lebouthillier assure qu’elle annoncera bientôt ce à quoi l’industrie doit s’attendre en matière de reprise de la pêche commerciale au sébaste. Sachant qu’il n’y a aucune raison scientifique qui empêche cette relance tant attendue. La ministre explique qu’elle veut s’assurer que les transformateurs apporteront une valeur ajoutée au produit pour reconquérir les marchés. «Les pêcheurs me l’ont dit : ils n’iront pas pêcher s’ils sont pour livrer à perte, souligne-t-elle. On ne peut pas faire que de l’appât avec le sébaste et je ne veux pas en faire de la nourriture pour les chats. C’est ce qu’on est en train de          regarder actuellement. Il y a un travail de collaboration qui se fait avec le milieu et on devrait avoir des nouvelles sous peu.»

Il y a ainsi lieu de croire que Mme Lebouthillier pourrait bien être la ministre fédérale des Pêches qui marquera l’histoire en ouvrant effectivement la pêche au sébaste après un moratoire de plus d’une génération, alors que ses prédécesseurs risquent plutôt de sombrer dans l’oubli pour avoir procrastiné. «La procrastination n’est pas un mot qui fait partie de mon  vocabulaire. Loin de là», laisse-t-elle tomber.

CRABE ET BALEINES NOIRES

Enfin, la ministre des Pêches et des Océans n’a pas voulu se prononcer sur le nouvel argumentaire des crabiers de la zone 12 du sud du Golfe, en appui à leur demande pour l’ajout de 25 casiers en début de saison, de sorte à activer la capture de leurs quotas avant l’arrivée des baleines noires (voir texte en page 32). Elle n’a pas, non plus, levé le voile sur la réponse qu’elle réserve à leur demande visant un nouveau report de l’obligation de doter les cordages de pêche de systèmes à faible résistance à la rupture afin de minimiser les risques d’empêtrement. «Je sais que [la protection des baleines] ça demande des adaptations pour le secteur des pêches, et il y a des tables concertation qui sont là pour ça, indique Diane Lebouthillier. Alors vous comprendrez que s’il y a des annonces à faire, ce sera annoncé aux personnes concernées.»

Il serait néanmoins douteux que les cordages à faibles résistance soient effectivement imposés en 2024, tel que prévu, parce que leur efficacité dans un contexte de pêche commerciale n’a pas encore été scientifiquement démontré. D’ailleurs, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a elle-même annoncé le 17 novembre dernier qu’elle repoussait à nouveau – de deux ans cette fois-ci – l’entrée en vigueur des nouvelles restrictions américaines sur l’importation des poissons et fruits de mer en lien avec le renforcement du Marine Mammal Protection Act (MMPA) pour mieux protéger les baleines noires menacées de disparition.

Dans sa publication du Federal Register, la NOAA explique avoir reçu 134 applications pour l’obtention d’un certificat de comparabilité pour près de 2 500 pêcheries étrangères. Pour se conformer au MMPA et maintenir leur accès aux marchés des États-Unis, tous les pays exportateurs de produits marins dont le Canada doivent démontrer que leurs efforts de gestion des pêches s’attaquent efficacement aux prises accessoires de mammifères marins, y compris les empêtrements de baleines noires, et que ces efforts sont comparables aux mesures américaines en place.

Enfin, la NOAA souligne avoir besoin de plus de temps pour terminer le processus d’évaluation au cas par cas. Le report, jusqu’au 1er janvier 2026, vise à assurer que «les déterminants de comparabilité soient appliqués de manière équitable et uniforme» à l’ensemble des pêcheries en lice.

SCÈNE FÉDÉRALE – pages 12-13 – Volume 36,5 Décembre 2023-Janvier 2024

300 X 250 Polymos
300 X 250 Marentrack
300 X 250 Marindustriel
300 X 250 Fonds régionaux de solidarité FTQ
300 X 250 Wajax MTU
300 X 250 Harnois Énergies
300 x 250 Trinav
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan
300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Techno Soude Marine
300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Desjardins
helene.fauteux@icloud.com'
Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
ARTICLES RELIÉS
- Annonceurs -
300 X 250 Wajax MTU
300 X 250 Techno Soude Marine
300 X 250 Marentrack
300 X 250 Hydraunav
300 X 250 Harnois Énergies
300 X 250 Fonds régionaux de solidarité FTQ
300 x 250 Trinav
300 X 250 Polymos
300 X 250 Mackay Marine
300 X 250 Marindustriel
300 X 250 Desjardins
300 X 250 Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan

POPULAIRES