jeudi, novembre 21, 2024
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Pêche au crabe des neiges : un plus petit contingent avec l’espoir d’un meilleur prix

Le contingent de crabe des neiges baissera dans le sud du golfe en 2024, mais des crabiers s’attendent à une hausse du prix payé sur les marchés, même s’il est plutôt ardu de prédire l’ampleur de cette augmentation.

Le crabier gaspésien Luc Gionest prend la baisse de contingent, qui pourrait être d’environ  29 % pour la zone 12, avec calme, à l’aube de sa 42e saison en mer, que ce soit comme membre d’équipage ou comme capitaine.

«On s’est toujours fié aux chiffres qu’on nous présente. Il y a des fluctuations et cette année, c’est à la baisse. Il faut faire avec ça. Oui, c’est quand même une surprise, de recevoir comme nouvelle une baisse aussi substantielle, mais c’est arrivé dans le passé et cette année en fait partie. La fluctuation de la biomasse est incontrôlable, comme la variation des prix», aborde M. Gionest.

L’année 2023 a été difficile économiquement pour les crabiers. Elle a suivi la baisse de prix assez subite qui avait marqué l’aube de la saison 2022. Ce prix au débarquement de 8 $ la livre n’avait tenu que quelques jours en avril 2022 et la moyenne de l’année s’était établie à 6,74 $. En 2023, le prix à quai s’est fixé à une moyenne de 2,29 $ la livre, la plus basse de la dernière décennie.

«Ç’a été dur à absorber pour plusieurs entreprises, surtout pour les pêcheurs qui ont des immobilisations (bateaux) à payer, ceux qui venaient d’acheter des quotas ou les nouveaux venus qui entraient dans la pêche. J’espère qu’ils avaient des prêts à taux fixes. Le taux est à 5 % actuellement et ça va prendre une partie de l’hiver et du printemps avant que ça baisse. Je dirais même que cette année, il faudra attendre plus à l’été avant de voir le taux d’intérêt descendre. J’espère une reprise de l’activité économique. L’activité économique influence les prix du crabe. Ça affecte le marché de luxe qu’est le crabe. Il faut reculer à la fin des années 1980 pour revoir une baisse de prix d’une proportion semblable. C’était passé de 2,75 $ à 1,10 $ la livre. On était presque arrivé à un moratoire sur la pêche au crabe. C’est dans cette crise qu’on avait assisté à l’implantation des quotas individuels», rappelle Luc Gionest.

UNE SAISON À LA FOIS

Il est peu enclin à commenter ce qui pourrait se passer à moyen terme avec la biomasse du crabe des neiges.

«On y va une saison à la fois. Les relevés se font à chaque automne. Je n’ai pas regardé les courbes de recrutement pour les années futures. Il y a des creux, des montées et des descentes. Il y a toujours des variations. Je sais que ce n’est pas la position de l’Association des crabiers gaspésiens, mais je pense qu’il y a une réflexion à apporter sur le total des prises admissibles et sur le pourcentage à prélever. Dans les pics de ressource, on devait exploiter un peu moins, modifier la courbe d’exploitation, adopter un taux d’exploitation moins élevé pour que les creux soient moins creux. Si on avait diminué légèrement ce taux au lieu d’y aller avec l’intensité maximale dans les  périodes d’abondance et qu’on s’était assurés de voir l’effet sur la pêcherie, je crois que ça se serait mieux passé pour la pêche et pour l’industrie. C’est mieux pour la gestion du personnel et de l’approvisionnement», analyse M. Gionest.

Il se souvient de l’abondance de 2017, alors que la biomasse commerciale disponible pour la pêcherie avait atteint presque 100 000 tonnes (98 394 tonnes) et que les prises s’étaient établies à près de 45 000 tonnes (précisément 43 656).

«Ça fait beaucoup de crabe à ramasser. Je pense qu’il faudra modifier l’approche si on retourne à des quantités pareilles, comme donner plus de casiers pour éviter les interactions avec les baleines noires», note-t-il.

Parlant de baleines noires et considérant les conditions hivernales peu rigoureuses en 2024, Luc Gionest favorise un début de saison hâtif au printemps, tout de même avec une réserve.

«Je pense que je favoriserais un début hâtif, oui, mais ça aura un impact sur la qualité du crabe. Si le temps est clément, ça va, mais si c’est froid, il y aura un pourcentage de plus en dommage au crabe. Généralement, c’est toujours mieux de partir tôt pour éviter le plus possible l’interaction avec les mammifères marins. Les marchés sont très sensibles à cette interaction», souligne Luc Gionest, qui livre ses prises à l’entreprise Unipêche MDM, dont le siège social se situe à Paspébiac.

Il s’attend à un meilleur prix en 2024 qu’en 2023. «J’ai regardé à Terre-Neuve, où il y a un plan conjoint. Il y a trois semaines, le prix était entre 2,70 $ et 2,80 $ la livre. D’ici à l’ouverture de la pêche, et si l’économie s’améliore, on pourrait avoir un prix de 3 $, peut-être un peu au-dessus. Ça pourrait être ça. Même à 3 $, par contre, des entreprises auront des difficultés. Pour un quota de 235 000 livres à 3 $, ça ferait des revenus de 700 000 $. Les dépenses  atteignent entre 400 000 $ et 500 000 $ sans immobilisations. Ça ne fait pas de gros profits une fois les immobilisations ajoutées. Je pense que les revenus seront peut-être comme ceux de l’an passé. J’espère que le prix fera en sorte qu’on connaisse une bonne saison», dit-il.

LE SUD DU GOLFE – page 10 – Volume 37,1 Février-Mars 2024

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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