Grâce à une subvention de 855 000 $ du ministère des Pêches et des Océans (MPO), l’entreprise Whale Seeker poursuit, pour une deuxième année consécutive, ses travaux de recherche et développement sur la mise au point d’un outil de détection en temps réel des baleines noires menacées d’extinction. Il s’agit du Möbius Observer, un logiciel d’intelligence artificielle qui permet de relayer des images captées par drone.
La subvention, issue du Fonds de la nature du Canada pour les espèces aquatiques en péril, est partagée au tiers avec la firme terre-neuvienne de consultants Edgewise Environmental, avec qui la société d’experts-conseil en environnement basée à Montréal collabore depuis le début. (Pêche Impact, octobre 2023)
Emily Charry Tissier, présidente-directrice générale de Whale Seeker, précise que la captation des images et leur analyse se font en deux temps. «L’algorithme passe à travers les images et détecte les animaux cibles et ensuite, ces informations-là sont envoyées à un expert en mammifères marins pour que ça puisse être validé», fait-elle valoir.
On se rappellera que Whale Seeker avait déjà obtenu un soutien de 100 000 $ du Conseil national de recherche du Canada, l’an dernier, afin de concevoir Möbius Observer. En parallèle, la firme montréalaise avait aussi décroché un contrat de Transports Canada pour tester le logiciel sur des drones de calibre industriel appartenant au ministère.
Mme Charry Tissier parle d’un processus de recherche et développement continu avec ce dernier, avec qui la collaboration se poursuit encore cette année. «Il n’y a que les gouvernements et les grosses compagnies d’énergie ou de transport qui ont les budgets pour acquérir des drones de cette taille, dit-elle. Ce sont des drones très performants qui peuvent voler longtemps et beaucoup plus loin, pour couvrir de plus vastes espaces.»
MINIATURISATION
Dans le cadre de son nouveau mandat obtenu du MPO ce printemps, Whale Seeker a maintenant pour défi de miniaturiser son logarithme Möbius Observer pour qu’il puisse être utilisé sur des drones plus petits, de calibre commercial, explique la PDG. «En ce moment, c’est un ordinateur qui est assez lourd, mentionne-t-elle. On ne peut pas le mettre sur les petits drones. Et le montant qui nous a été alloué, c’est justement pour le rendre plus minuscule et efficace tout à la fois, afin qu’on puisse l’utiliser sur le terrain sur des drones que le commun des mortels a les moyens de se procurer.»
Ultimement, le but sera ainsi de contribuer à une utilisation à grande échelle de Möbius Observer, afin d’élargir les possibilités de surveillance en temps réel des baleines noires dans le golfe du Saint-Laurent. Qu’elle soit faite tant par des entreprises privées que par des organisations de pêcheurs ou des organismes sans but lucratifs, une telle surveillance accrue facilitera les prises de décision du MPO, souligne Emily Charry Tissier.
«On sait qu’il n’y a pas assez de ressources pour couvrir toute une zone de pêche et tout le Golfe, dit-elle. Et donc, c’est un outil qui sera disponible pour les gens qui veulent participer à obtenir plus de données d’observation en mer. Et les conversations qu’on a avec le ministère, c’est aussi pour lui montrer que les images qui sont traitées par notre algorithme, ce sont des données fiables pouvant lui permettre de prendre des décisions éclairées.»
Pour sa part, Edgwise Environmental a notamment pour mission de développer les protocoles d’utilisation du logiciel d’intelligence artificielle en fonction des différentes aires de surveillance, qu’il s’agisse de zones de pêche, de zones d’exclusion ou de réserves marines de conservation, par exemple. La firme terre-neuvienne offrira aussi les services de formation et de certification de ses éventuels utilisateurs. «C’est un outil qui va être disponible à tout le monde et dont la prise de données sera standardisée pour que, justement, si ces données sont prises dans une certaine zone, elles puissent être utilisées par d’autres entités», expose Mme Charry Tissier.
Ce projet de recherche et développement du logiciel Möbius Observer à des fins d’utilisation commerciale s’étendra sur deux ans, jusqu’en juin 2026.
RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT – page 23 – Volume 37,3 Juin-Juillet-Août 2024