samedi, novembre 23, 2024
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La gestion de la pêche au sébaste fera preuve de flexibilité, assure Ottawa

Pêches et Océans Canada (MPO) fera preuve de flexibilité dans l’application des règles de gestion du plan de pêche au sébaste de l’Unité 1 du golfe du Saint-Laurent. C’est ce qu’affirme Todd Williams, Directeur principal Gestion des ressources et Opérations au bureau du MPO à Ottawa, de même que président du Comité consultatif sur le sébaste.

Bien qu’il convienne avec les pêcheurs que les mesures annoncées soient restrictives – en termes de limites de profondeur, d’engins de pêche et de zones d’exploitation selon les saisons -, M. Williams explique qu’elles sont globalement établies en fonction des plans de rétablissement de la morue et de la merluche blanche, deux autres espèces de poisson de fond dont l’état est considéré précaire.

«La limite des prises accessoires à 1 % est la pièce maitresse du plan de pêche au sébaste pour éviter ces espèces-clés qui sont davantage concentrées sur les fonds marins en hiver, souligne-t-il. Nous avons établi ce seuil en analysant les données de captures accidentelles des activités préalables de pêche indicatrices et expérimentales et, en lien avec les plans de rétablissement [des espèces en péril], il nous fallait trouver le moyen d’en respecter les limites de captures totales [visant à prévenir leur déclin] tout en assurant le succès de la pêche au sébaste.»

Aussi M. Williams assure que le ministère commencera d’abord par émettre des avertissements lorsqu’il constatera des dépassements de prises accidentelles autorisées, plutôt qu’ils n’entraînent systématiquement l’arrêt des activités de pêche. «Il y a des pêcheurs très expérimentés qui peuvent très bien aboutir avec un voyage ou deux de très mauvaise chance. Ça peut arriver de temps en temps. […] Nous ne voulons pas pénaliser les pêcheurs qui ont eu une mauvaise journée. Et donc oui, je pense que nous devons faire preuve de flexibilité dans de tels cas et c’est ce que nous préférons.»

De plus, Todd Williams précise que les navires hauturiers de 100 pieds et plus sont assujettis à la présence d’observateurs en mer en tout temps, tandis que les autres flottes ne sont soumises qu’à une couverture de 25 %. «Et donc on pourra voir, avec les informations recueillies au fur que la saison progressera, s’il y a de grands écarts de prises accidentelles entre ceux qui ont des observateurs à bord et ceux qui n’en ont pas. Et, le cas échéant, on pourra dire : Ok, il y a quelque chose qui se passe ici, voici pourquoi. Et nous pourrons prendre d’autres mesures. Nous allons aussi moduler les allocations de prises accessoires au fil de la saison, pour donner plus de flexibilité aux pêcheurs.»

AJUSTEMENTS À VENIR

D’autre part, le directeur principal de la gestion des ressources reconnaît qu’il serait préférable d’exiger un maillage supérieur à 90 mm pour les chaluts, afin de permettre aux petits poissons inférieurs à la taille commerciale de s’échapper, et ce, tel que le recommandent les pêcheurs eux-mêmes. Selon M. Williams, cette mesure sera rehaussée dès 2026, lorsque la pêcherie reprendra à plus grande échelle. Or, pour l’instant, elle demeure au même seuil minimal qui était en vigueur pour les pêches indicatrices et expérimentales au sébaste de ces dernières décennies, afin de faciliter la transition. «En fait, c’était pour à aider l’industrie que nous avons fixé cette taille minimum de 90 mm à l’époque, raconte le haut fonctionnaire. De nombreux pêcheurs qui étaient impliqués dans ces pêches indicatrices et expérimentales avaient déjà cette grosseur de maille et donc, on avait décidé de leur éviter de détruire leurs équipements plutôt que d’en exiger de nouveaux immédiatement. Alors, oui, on va se diriger vers des mailles plus grandes au cours des prochaines  années.»

D’ailleurs, le MPO planifie déjà des rencontres post-saison avec l’industrie afin d’ajuster le tir sur certaines des mesures de gestion mises en place pour l’année 2024-2025. Todd Williams dit prêter une oreille attentive aux pêcheurs qui disent, par exemple, qu’une profondeur de 250 m de la surface, plutôt que 300 m, pourrait être suffisante pour éviter les prises accessoires d’espèces de poissons de fond autres que le sébaste mentella.

«Nous allons aussi maintenir des communications étroites avec l’industrie tout au long de la saison pour en suivre le déroulement, expose-t-il. Puis, à la fin de la saison, nous allons passer en revue les mesures que nous avions en place et voir lesquelles étaient efficaces et lesquelles ont besoin d’une certaine amélioration. Et nous aurons aussi en main les plus récentes données scientifiques. Alors, en ce qui concerne les restrictions de profondeurs de pêche notamment, on pourrait faire des ajustements pour l’avenir, à mesure que plus d’information scientifiques et de données de pêche seront disponibles.»

PART DU QUÉBEC

Enfin, le MPO reconnaît que la part historique de sébaste que le Québec détient pourrait éventuellement changer. C’est que 25 % du quota de l’Unité 1 du Golfe appartient à Madelipêche aux Îles-de-la-Madeleine sous la forme de contingent d’entreprise. Or, rien n’empêcherait la société madelinienne de vendre ce contingent en tout ou en partie à une autre société basée ailleurs dans les Maritimes.

«Il est important de noter que la pêche au sébaste n’est pas gérée sur la base de parts provinciales, indique M. Williams. Des transactions privées entre des entreprises hauturières et semi-hauturières peuvent venir changer ces parts provinciales. Et ça peut aller dans les deux sens. Une compagnie basée au Québec peut vendre, et peut aussi acheter. Mais je ne voudrais surtout pas préjuger de ce type de transactions privées qui ne relèvent pas du mandat du MPO en matière de gestion.»

Neuf sociétés de pêche incluant Madelipêche, totalisant une flotte potentielle de 88 navires de plus de 100 pieds, ont une licence d’exploitation du sébaste dans l’Unité 1 du golfe du Saint-Laurent. Bien que cela ne signifie pas pour autant qu’il y aura bientôt autant de navires hauturiers en activité, Pêches et Océans Canada fait remarquer que ces titulaires de permis d’entreprise détenant près de 59 % du quota 2024-2025 sont autorisés à utiliser deux bateaux de moins de 65 pieds, au lieu d’un navire de plus de 100 pieds, pour pêcher leurs contingents respectifs.

Le MPO nous informe également qu’il n’y a actuellement aucune politique interdisant aux chalutiers-usines congélateurs de pêcher le sébaste dans le Golfe. «Les grands bateaux sont souvent dirigés par des membres de la communauté locale et leurs prises sont souvent transformées à terre dans des installations de transformation situées dans les communautés côtières, écrit-on par courriel. La Ministre Lebouthillier a tenu compte des facteurs socio-économiques et des meilleures données scientifiques disponibles pour prendre la décision relative aux allocations.»

SOUPLESSE PRESSANTE

Au moment de mettre sous presse, seulement deux pêcheurs du Québec, le gaspésien  Guillaume Synnott et le madelinot Denis Éloquin, avaient obtenu leurs conditions de permis.  M. Éloquin se désole que son voyage de deux jours, à la fin juin, n’ait pas été fructueux parce que la pêcherie n’est autorisée qu’à une profondeur de 164 brasses et plus, alors que les très fortes concentrations de poisson se trouvent moins creux dans la colonne d’eau. «Il y a des quantités incroyables de poisson entre 100 et 150 brasses, insiste le capitaine du JEAN MATHIEU. Et si le MPO ne change pas les règles du jeu rapidement, il n’y aura pas de pêcherie. J’ai fait un trou de 20 000 $ à mon premier voyage, en frais de fuel, de boëtte, d’équipage et tout ce que tu voudras. C’est décourageant!»

Pour sa part, M. Synnott ajoute que la pêche au sébaste ne sera rentable qu’en autant que les captures soient rapides. Or, il a dû mettre 40 heures pour ne capturer que 41 000 livres de poisson, lors de sa première sortie en mer. «Si on pouvait aller dans la concentration de poisson, j’aurais rempli mon bateau d’une capacité de 75 000 livres en seulement 12 heures, soutient le capitaine du MANIC V de Rivière-au-Renard. Mais avec toutes les restrictions qu’on connaît – caméra, boîte noire aux 15 minutes et la limite de profondeur – ça pour effet d’augmenter le temps de trainée de notre chalut et les dépenses de carburant. Et avec une faible valeur au débarquement, qui tourne autour de 0,40 $ la livre, ça devient très dur d’en faire une pêche lucrative.»

LES POISSONS DE FOND – page 07 – Volume 37,3 Juin-Juillet-Août 2024

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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