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La saison 2024 se traduit par une baisse des prix et des prises de homard

La saison de capture du homard se conclut par une baisse des prises et des prix en 2024 en Gaspésie, mais il faudra attendre les statistiques du ministère des Pêches et des Océans, le MPO, avant de dresser un portrait plus fidèle de la réalité.

Lui-même homardier, le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, O’Neil Cloutier, a eu peu de temps pour sonder des pêcheurs de tous les sous-secteurs de capture afin d’avoir une idée plus précise des résultats de 2024.

«Concernant les volumes débarqués, on n’a aucune espèce d’idée parce que le MPO, comme d’habitude, est en retard dans les infos à transmettre. On doit se fier aux pêcheurs. Selon les conversations que j’ai eues, la baisse est plus marquée entre Sainte-Thérèse-de-Gaspé, du côté est,  et la baie des Chaleurs, jusqu’à la sous-zone 21A, et les prises ont baissé le plus à Paspébiac. Dans 21B (le fond de la baie des Chaleurs), un seul pêcheur se rapporte au ministère, les autres étant autochtones. À l’Anse-à-Beaufils, personnellement, mon bilan est de – 3%», aborde M. Cloutier.

«Dans la zone 19, du côté nord de la Gaspésie, il y a une baisse aussi, mais je ne pourrais dire combien. On réclame des résultats. Selon le MPO, il y a toujours des industriels qui sont en retard dans la transmission des données de captures hebdomadaires. On dirait que le problème s’accentue avec les années. On n’a même pas reçu de bilan de mi-saison», poursuit-il.

O’Neil Cloutier refuse de croire que l’asymétrie caractérisant les débuts et les fins de saison dans les zones 19 et 21 par rapport à la zone 20 puisse justifier un tel retard dans la transmission de données de capture. Ainsi le 8 juillet, il restait encore quelques jours de pêche dans la zone 21 et presque deux semaines dans des secteurs de la zone 19.

UN PRIX EN BAISSE

O’Neil Cloutier n’avait que les prix de neuf des dix semaines de la saison le 8 juillet, pour une moyenne de 6,96 $ la livre, comparativement à 7,65 $ en 2023. Comme c’est le cas depuis plusieurs années, le prix grimpe vers la fin de la saison en raison d’un ensemble de congés qui donnent des occasions de rassemblement, ce qui stimule la demande.

«Le prix avait commencé à monter à la neuvième semaine, à 7,69 $. En fait, il montait depuis la septième semaine. Il avait atteint un creux de 6,16 $ pendant les 4ème, 5ème et 6ème semaines. C’est là que sont les plus grosses pertes de prix et les plus gros fléchissements de captures», précise M. Cloutier.

Il prévient que le prix moyen pondéré devrait être différent quand toutes les captures et tous les prix seront connus, en tenant compte des volumes de prises pour chacune des semaines de pêche.

Quand on lui demande ce que suggère la baisse de prix de 2024, M. Cloutier mentionne que «les industriels nous rapportent l’inflation et l’abondance des prises un peu partout. Il faut se rappeler que les prises hivernales en Nouvelle-Écosse ont été très faibles, mais qu’à partir du mois d’avril, jusqu’au 31 mai, ce qui n’a pas été pris l’hiver dernier a été pris plus tard. Il y a alors eu la première congestion sur les marchés. Puis, les captures à l’Île-du-Prince-Édouard, au Cap Breton, secteur du golfe et au Nouveau-Brunswick, secteur baie des Chaleurs, ont aussi été très bonnes au printemps», dit-il.

«En Gaspésie, les prix ont descendu en fonction du plan conjoint des Îles-de-la-Madeleine, plan suivi depuis quelques    années; ce plan est basé sur le prix du homard vivant et le marché du vivant se serait effondré», note O’Neil Cloutier en fonction des échanges qu’il a eus avec les transformateurs gaspésiens.

Les homardiers ont remarqué que leurs collègues du secteur Baie-des-Chaleurs au Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard avaient obtenu un meilleur prix cette année.

«La baisse a été moins forte au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard lors des semaines 4, 5 et 6. Le prix de la chair a été excellent sur les marchés cette année et ils ont obtenu plus pour leur homard. Par contre, on est dans une situation où les transformateurs de la Gaspésie sont gros. On aurait pu obtenir un prix similaire à celui du Nouveau-Brunswick. On a discuté avec les transformateurs gaspésiens et on s’est fait répondre que le prix est négocié en fonction du plan conjoint des Îles-de-la-Madeleine. On aimerait avoir le juste prix. On devrait avoir au moins 15 cents de plus. Le coût de transport est moins cher en Gaspésie. On a des jeunes pêcheurs qui ont payé cher pour avoir un permis et qui n’ont pas un prix équitable. On va discuter avec les transformateurs. Ce n’est pas parce qu’on est en Gaspésie qu’on devrait avoir moins», tranche M. Cloutier.

LE SEUIL DE RENTABILITÉ

Il est ardu de statuer sur l’atteinte d’un seuil de rentabilité pour les homardiers gaspésiens en 2024.

«C’est difficile à dire. Des pêcheurs ont payé extrêmement cher leur permis et leur bateau. Le prix a globalement augmenté depuis cinq-six ans, mais des permis à 2 millions $, ça fait une dette qui n’existait pas auparavant», rappelle-t-il.

Les revenus ont augmenté depuis une décennie pour les homardiers gaspésiens mais O’Neil Cloutier souligne d’autre part que les dépenses d’exploitation ont aussi suivi une courbe ascendante.

«Des pêcheurs ont acheté des permis onéreux, le salaire des aides-pêcheurs a beaucoup augmenté, tout comme le coût des appâts. Ces appâts ont coûté 53 000 $ pour moi cette année. Il n’y a pas si longtemps, c’était 30 000 $. Il y a une personne de plus sur les bateaux. La période d’embauche des aides-pêcheurs est passée de 13-14 semaines par année à 17-18 à cause de l’assurance-emploi. Ce sont des coûts supplémentaires. Le seuil de rentabilité était autour d’un prix de 5,50 $-5,75 $ la livre avant 2020 et il est peut-être de 6,50 $-6,75 $», souligne-t-il.

«On a vécu une phase d’augmentation des prises et des prix pendant quelques années, mais maintenant, on vit une diminution. Il y a des pêcheurs qui ont connu une baisse de 20 % à 30 % des prises entre Sainte-Thérèse et la baie des Chaleurs, et une chute de 10% du prix. On va se ramasser où l’an prochain? Il faudra discuter des prix en fonction du marché  du homard transformé et de l’arrivée de nouveaux permis», conclut M. Cloutier.

LA GASPÉSIE – page 03 – Volume 37,3 Juin-Juillet-Août 2024

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Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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