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Modèle d’évaluation du seuil de rentabilité des homardiers : l’indice du retour sur l’investissement est ajouté

L’Office des pêcheurs de homard des Îles (OPHÎM) ajoute l’indice du retour sur l’investissement à son modèle d’évaluation du seuil de rentabilité de la flottille de ses 325 membres. Les pêcheurs de homard madelinot ont déboursé 7,49 $ pour chaque livre de crustacé sortie de l’eau en 2023.

C’est ce que révèle la mise à jour de leurs coûts d’exploitation menée depuis 2020 par la firme comptable Cyr, Landry, Lapierre, pour le compte de l’Office des pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine (OPHÎM). La directrice générale de l’organisation, Nadine Cyr, précise que cette actualisation est basée sur des captures moyennes de 40 000 livres par bateau et a été bonifiée par le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA).

«Cyr, Landry, Lapierre a d’abord fait une moyenne de tous les déboursés monétaires des pêcheurs, qui sont observés dans leurs résultats annuels lors de la production des rapports d’impôts, explique-t-elle. […] Mais une fois qu’on a dit ça, le seul coût de production ne permet pas de rémunérer le travail de l’exploitant. Donc sans une rémunération durable de son travail, il ne peut pas pérenniser son activité. C’est ce qui explique la deuxième étape de l’étude réalisée par CECPA, pour nous permettre d’avoir un portrait global des coûts de production de la flottille.»

Soixante-six homardiers, soit 20 % de la flottille, ont participé à la collecte de données de la firme comptable de Cap-aux-Meules. Selon Mme Cyr, l’échantillonnage englobe les nouveaux pêcheurs pour qui le taux d’endettement est très important en raison de la montée fulgurante du prix des permis, ces dernières années. Il ressort ainsi des calculs de Cyr, Landry, Lapierre que, pour couvrir les dépenses d’opération encourues en 2023 – incluant les coûts d’intérêts et l’amortissement uniformisé sur les bâtiments, machineries et équipements, par exemple – la moyenne des pêcheurs de homard madelinots avait besoin de revenus d’au moins 5,31 $/lb. «Ça, c’est pour celui qui n’a pas de billet à faire sur son bateau, nuance le président de l’OPHÎM, Rolland Turbide. Mais celui qui a emprunté 1,5 M$ [pour s’acheter un bateau avec permis], ça lui coûte 80 000 $ juste en frais [de remboursement par année]. Alors peut-être qu’avec seulement 5,31 $/lb, il y en a qui seraient obligés de reporter leur billet à la caisse.»

RETOUR SUR L’INVESTISSEMENT

«Pour un pêcheur qui n’a pas de dette, 5,31 $/lb lui permet d’arriver kif-kif, ajoute Alexandre Bourgeois. Toutes ses factures sont payées, mais il n’a pas eu de salaire, il n’a pas fait d’argent.» D’où l’importance de prendre en compte la rémunération des capitaines-propriétaires et le rendement du capital investi dans leur entreprise respective, comme le propose le CECPA. Dans son jargon, il est plus précisément question d’additionner les rémunérations du «travail ajouté» et de «l’avoir ajouté».

«La rémunération du travail ajouté, c’est tout le travail des neuf semaines de pêche, mais aussi de la semaine précédente, pour la préparation de la mise à l’eau, et la semaine suivante, pour tout ce qui est des travaux de fin de saison, expose Nadine Cyr. Puis il y a aussi le travail d’opération qui est étalé au cours de l’année: la préparation des agrès de pêche et la réparation des manquements d’équipements, des bris sur le bateau, et cetera. Doit aussi être ajouté tout le travail d’administration de l’entreprise, de la gestion des ressources humaines et des permis. Parce qu’on sait très bien qu’aujourd’hui, les pêcheurs doivent traiter de plus en plus de documents qui sont reliés à la pêcherie.»

Quant à la rémunération de l’avoir ajouté, elle repose sur le retour sur les investissements que font les pêcheurs pour assurer leurs opérations à long terme. Afin d’en obtenir une estimation la plus juste possible, CECPA s’est basé sur le taux de rendement 2023 de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui était alors de 7 % sur 10 ans. «L’étude démontre qu’en bas de 7,49 $/lb, soit on gruge sur le salaire qu’on est supposé de gagner ou qu’on gruge sur l’argent qu’on peut investir, commente Richard Gaudet, trésorier de l’OPHÎM et capitaine du SISTER SHIP 2018. Ça fait que si on arrive à une année où on n’a pas 7,49 $/lb et qu’on n’a pas de rendement de 40 000 livres, on reste sans salaire ou on ne peut pas investir. Et si tu ne peux pas investir, tu ne peux pas être performant.»

JUSTE PRIX À QUAI

L’OPHÎM souligne de plus que le nouveau modèle de calcul, de ce qu’il en coûte aux pêcheurs madelinots pour sortir une livre de homard de l’eau, comporte une facilité à être indexé d’année en année, de sorte à en ajuster les résultats aux fluctuations de l’indice des prix à la consommation. Cela dit, on se rappellera que le prix moyen versé à quai, en vertu de la formule de partage de ce que les acheteurs inscrits au plan conjoint obtiennent sur le marché, s’élevait lui-même à 7,67 $/lb, l’an dernier. C’est 18 ¢ de plus que le seuil de rentabilité 2023, calculé conjointement par Cyr, Landry, Lapierre et CECPA pour rapporter à quai 40 000 livres de crustacés. Qui plus est, le volume moyen réel des captures par bateau a atteint les 45 000 livres, l’an dernier. «Cela signifie qu’on a reçu un juste prix, admet Nadine Cyr. Et si on regarde les prix reçus depuis 2021, on était correct. On est satisfait.» «Ça veut dire que les acheteurs se sont forcés et ont bien vendu le homard, concède à son tour Rolland Turbide. Ils ont eu une bonne performance.»

«Comme beaucoup de plans conjoints ou d’offices au Québec, on tenait à réaliser cette étude de coût de production, parce ce sont des informations pertinentes en lien direct avec la mise en marché de notre produit, fait également valoir la directrice générale de l’OPHÎM. C’est important de savoir de quoi on parle réellement quant au prix que coûte une livre de homard aux pêcheurs. Et donc les données dont on dispose maintenant, pour établir le seuil de rentabilité de nos membres, pourront aussi nous servir de balise lors de nos négociations avec les acheteurs.»

LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – page 18 – Volume 37,4 Septembre-Octobre-Novembre 2024

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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