samedi, décembre 21, 2024
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Le CERMIM et M-Expertise sont partenaires d’un projet pour documenter les espèces en péril du golfe du Saint-Laurent

Le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM) et M-Expertise Marine sont partenaires d’un projet de deux ans visant à documenter les espèces en péril du golfe du Saint-Laurent. Leur première mission a été menée à bord du FRANCIS ÉRIC, du 3 au 9 août. Grâce à un permis spécial émis par le ministère des Pêches et des Océans (MPO), le navire de recherche du CERMIM opéré par Pêcheries F.J.L. de Havre-aux-Maisons, peut pénétrer à l’intérieur de la limite de 400 mètres normalement imposée à tout observateur ou navigateur, afin de protéger ces espèces, dont la baleine noire, le rorqual bleu, le requin blanc et le loup de mer.

«On ne peut pas entrer n’importe comment, précise la chercheure en écologie des mammifères marins Lyne Morissette, présidente-directrice générale de M-Expertise Marine. Il nous a fallu démontrer ce qu’on allait faire, de quelle façon, pour établir le protocole. Et ça démontre, à mon avis, le sérieux du MPO à protéger ces espèces-là. Ils ne laissent pas n’importe qui contourner la Loi canadienne sur les espèces en péril.» «Ça met surtout en lumière la crédibilité de notre équipe, se félicite de son côté le directeur associé et chef de mission du CERMIM, Marc-Olivier Massé. C’est une belle reconnaissance!»

D’autre part, la dirigeante de M-Expertise Marine a profité de l’occasion pour se familiariser avec les possibilités techniques du FRANCIS ÉRIC, en tant que plateforme de recherche. On se rappellera que le navire de pêche semi-hauturière ayant obtenu une double certification de Transports Canada à des fins scientifiques, est notamment doté d’un robot sous-marin télécommandé capable de plonger jusqu’à 600 mètres de profondeur, communément appelé ROV. Il est également muni d’un sonar à balayage latéral qui permet de voir ce qui se trouve sur le fond marin à ces grandes profondeurs où ne filtre aucune lumière. Une salle de contrôle, avec ordinateurs et consoles multiples, permet de manipuler ces outils à la fine pointe de la technologie à même une installation amovible que l’on fixe au pont du navire entre deux saisons de pêche au crabe des neiges (Le Radar, 26 mai 2023).

«Par exemple avec le robot, on a fait des observations en profondeur, pour voir la qualité des images, rapporte Mme Morissette. On a aussi écouté avec des hydrophones, ce qu’on entendait dans   l’écosystème. Mais on n’a pas suivi de protocole officiel sur des études en acoustique. On a tout simplement testé des techniques, testé du matériel pour voir comment on peut se servir du bateau pour documenter ce qui se passe sous l’eau. On était vraiment dans la phase exploratoire.»

Vulgarisation

Satisfaite, la chercheure en conclut d’ailleurs que la capacité des équipements du navire de recherche du CERMIM à sonder les très grandes profondeurs du Golfe pave la voie à une plus vaste documentation de sa riche biodiversité. Mme Morissette relève surtout que le ROV permet de bien voir les espèces qui la composent, sans pour autant les déranger. «En comparaison, une caméra tractée va trainer sur le fond, mentionne la scientifique. Nous, on ne touche à rien. On sait que la plupart des organismes sont sur le fond marin parce qu’on les voit dans les chaluts qui les remontent tout défaits, à la surface. Mais c’est très rare qu’on peut les voir dans leur milieu naturel.»

Lors de sa récente expédition à bord du Francis Éric, son équipage scientifique a notamment ciblé un secteur que le MPO a fermé à la pêche commerciale au sébaste afin d’y protéger les coraux et éponges. Dans cette «zone d’intérêt» située entre les Îles et Terre-Neuve, il a entre autres observé de près les plumes de mer, une variété de corail mou, de même qu’un banc de poissons rouges en train de se nourrir de crevettes nordiques. «Ça nous permet de voit concrètement ce qui se passe dans ces écosystèmes-là et de comprendre pourquoi on cherche à protéger ces plumes-là; ce que ça a comme impact, illustre M. Massé. C’était incroyable toute la biodiversité qu’on y a vu!»

Mme Morissette souligne également combien il est important de voir les espèces dans leur habitat pour mieux les documenter. «On sait que le sébaste mange de la crevette, parce qu’on voit de la crevette dans leur estomac quand on les ouvre en laboratoire. Mais on ne veut pas juste le savoir, on veut le voir, aussi. Et là, on a vu le comportement du sébaste qui mange de la crevette. Ça fait tout un ravage!»

Au cours de la prochaine année, le  CERMIM et M-Expertise Marine entendent d’ailleurs préparer des capsules vidéo de leurs observations en mer, dans un souci de partage de connaissances et de communication grand public. Les deux organisations souhaitent les présenter auprès des associations de pêcheurs et des élèves madelinots, en particulier. «Notre but, c’est de documenter les faits, de faire de la vulgarisation et d’en faire profiter les gens des Îles, fait valoir Marc-Olivier Massé. On est au service de la science. On n’est pas militant. On ne défend pas une approche ou une autre. On est là pour être en mesure de fournir l’information nécessaire pour que les gens comprennent le fonctionnement de l’écosystème et aient accès à des images qu’ils n’auraient pas autrement.»

Partenariats internationaux                

De plus, l’expertise développée aux Îles en matière de recherche scientifique à très grande profondeur suscite déjà l’intérêt d’autres communautés côtières de par le monde. Le directeur associé du CERMIM cite en exemple son projet LOREVA, visant la localisation, la récupération et la valorisation des engins de pêche au crabe des neiges perdus dans le sud du golfe du Saint-Laurent, qui a cours depuis quatre ans. Le sujet figurait à l’ordre du jour du dernier congrès de la Global Ghost Gear Initiative (GGGI, Projet mondial de gestion des engins de pêche fantômes), tenu à Hawaii en mai dernier.

«Pour avoir collaboré et voyagé et travaillé dans quelques milieux insulaires sur la planète, il est clair qu’on a réussi à mettre en place, aux Îles, une organisation unique, affirme Marc-Olivier Massé. Le  CERMIM fait de la recherche, du développement et de l’innovation; on rejoint le secteur industriel avec le LAB usine; et on a une capacité de déploiement en mer. J’ai eu l’occasion d’en faire une présentation, ces derniers jours, dans un forum international : le All-Atlantic Ocean Research and Innovation Alliance. Et cette présentation en ligne, aux côtés de conférenciers invités du Groenland et d’Afrique du Sud, a suscité beaucoup d’intérêt. Les gens étaient très impressionnés.»

De plus, M. Massé se réjouit de ce que son organisation, associée à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), tire parti du grand nombre de relations que la PDG de M-Expertise Marine a su développer depuis la création de son entreprise en 2012. Celle qui est elle-même professeure associée à l’Institut des sciences de la mer (ISMER-UQAR), raconte avoir justement parlé du CERMIM tout récemment à un confrère de Tahiti, où les enjeux insulaires sont similaires à ceux des Îles-de-la-Madeleine.

«J’ai un réseau de projets et d’opportunités à l’international sur des enjeux qui sont un peu les mêmes partout, expose-t-elle. On a toujours intérêt à travailler en collaboration, à échanger des perspectives, des approches. Et ce qu’on fait, en ce moment dans le Golfe, ça intéresse plusieurs chercheurs avec qui je travaille. Du côté de Tahiti, ils ont besoin de l’expertise du CERMIM. C’est vraiment quelque chose qui est exportable. On est vraiment à l’avant-plan avec la façon dont on fait les choses. Je suis tellement fière de ça!»

Notons que la mission commune du CERMIM et de M-Expertise Marine menée au début août a aussi permis de repérer une tortue Luth nommée Patricia, sur laquelle le groupe américain OCEARCH a installé un émetteur satellite, lorsqu’elle se trouvait dans son aire de ponte en Floride. Une semaine plus tôt, le FRANCIS ÉRIC était aussi sorti en mer pour documenter de nouveaux fonds au large de l’île Brion. Ce faisant, 40 casiers à crabe fantômes ont été localisés dans le secteur du Dumping. Une dizaine ont été repêchés et ramenés à quai.

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT – pages 31-32 – Volume 37,5 Décembre 2024 – Janvier 2025

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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