jeudi, décembre 26, 2024
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Portrait global des pêches en 2024 : les pires volumes en 10 ans, mais des revenus dans la moyenne

En 2024, les pêcheurs québécois ont globalement enregistré un volume de captures nettement inférieur à n’importe laquelle des 10 dernières années, en vertu de prises totales de 38 741 tonnes métriques. Leurs revenus sont, par contre, restés stables, à 359 millions de dollars.

Selon l’économiste Simon Desrochers, du ministère fédéral des Pêches et des Océans, la situation de 2024 est largement attribuable aux baisses de captures de crevette, en ce qui a trait au volume global. Les volumes records de homard débarqués ont maintenu les revenus totaux à un seuil légèrement supérieurs à ceux de 2023, alors qu’ils avaient atteint 352 millions $.

«À 38 741 tonnes, les débarquements de 2024 sont 17 % plus faibles que la moyenne des 10 dernières années et même avec les ajustements qui pourraient venir, ça demeurera la plus faible de la dernière décennie», précise M. Desrochers, rappelant que les statistiques disponibles restent préliminaires.

Bien que comparables aux revenus de 2023, les recettes totales des pêcheurs en 2024, à 359 millions $ (M$), sont inférieures de 101 M$ aux 460 M$ de 2022, l’année record en données nominales.

«Les débarquements de homard, d’une valeur de 228 M$ font que 2024 a été une année similaire pour cette espèce», note Simon Desrochers. En 2023, la valeur des prises de homard avait atteint 232 M$. «La valeur du homard lors des deux dernières années atteint des seuils exceptionnels».

L’économiste en dit autant au sujet des captures. En 2024, les homardiers québécois ont globalement enregistré des prises de 14 664 tonnes, un autre record, comparativement aux   13 765 tonnes de 2023.

«Si on regarde la part de chacune des espèces, on constate que le homard représente 38 % du volume global, mais 64 % de la valeur totale. Dans la crevette, c’est l’inverse, parce qu’elle ne représente plus que 2 % des pêches québécoises. En 2015, c’était 21 %. C’est un grand changement de tendance», ajoute l’économiste.

Simon Desrochers explique de plus que les données spécifiques au crabe des neiges sont «assez stables». De 15 205 tonnes en 2023, les débarquements ont fléchi à 13 375 tonnes. Par contre, les revenus ont augmenté de 77 M$ il y a un an à 99 M$ en 2024, le résultat d’un meilleur prix.

Si on additionne la part du homard et celle du crabe des neiges, à 27 %, dans l’ensemble des revenus des pêcheurs québécois, on obtient un total de 91 %, une concentration inédite pour seulement deux espèces depuis que des statistiques précises sont consignées par Pêches et Océans Canada.

Les prises de poissons de fond, largement dominées par le flétan atlantique, ont atteint 13 M$ en valeur en 2024, tandis que les mollusques et échinodermes ont rapporté 12,5 M$, comparativement à 4 M$ pour la crevette. À la marge, les espèces pélagiques et les autres espèces marines ont généré des revenus d’environ 2 M$.

En 2024, les pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine sont passés en tête des secteurs du Québec maritime pour la valeur des débarquements, en vertu de revenus totaux de 137,4 M$, comparativement à 131,5 M$ pour la Gaspésie et 77,5 M$ pour la Côte-Nord. Les pêcheurs du Bas-Saint-Laurent ferment la marche avec 12,7 M$.

Aux Îles-de-la-Madeleine, le volume débarqué a légèrement augmenté de 10 575 à 10 777 tonnes métriques de 2023 à 2024. Ce gain s’explique essentiellement par la hausse des prises de homard, de 6 996 à 7 445 tonnes. Les débarquements de crabe des neiges ont sensiblement fléchi, de 2 235 à 1 880 tonnes.

«C’est la deuxième meilleure année de la décennie aux Îles, à 17 % au-dessus de la moyenne. Les 7 745 tonnes de homard débarquées représentent plus du double de 2015», signale Simon Desrochers.

Les revenus tirés de la capture du homard dans l’archipel sont passés de 118 à 116 M$ en raison d’une chute de prix, alors que les recettes découlant des prises de crabe des neiges ont augmenté de 12 à 15 M$. Cette espèce a généré de meilleurs prix qu’en 2023.

En Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent, deux régions jointes à des fins statistiques quand on entre dans les détails, le volume des prises a fléchi considérablement de 2023 à 2024, de 21 418 à 15 207 tonnes métriques, soit une baisse de 29 %.

«C’est aussi 44 % de moins que la moyenne des 10 dernières années. L’année 2024 a été la deuxième meilleure année pour le homard, mais il n’y a eu que 946 tonnes de crevettes débarquées en Gaspésie. L’année a aussi été très mauvaise pour les espèces pélagiques», explique Simon Desrochers.

À 131,5 M$, la valeur des prises a été la troisième plus faible de la décennie en dollars nominaux, et la pire en dollars actualisés, c’est-à-dire en tenant compte de l’indexation des prix.

«Globalement, c’est 30 % de moins en dollars réels (actualisés). Il faut noter que 58 % de la valeur réelle vient du homard en 2024. En ce qui concerne le crabe, la valeur de 47 M$ est faible puisqu’on est revenu à des niveaux de 2015», souligne l’économiste.

La Côte-Nord se distingue une fois de plus par des débarquements plus diversifiés qu’ailleurs dans le Québec maritime. Les débarquements totaux ont atteint 12 758 tonnes métriques, comparativement à 9 398 tonnes en 2023 et une moyenne de 11 864 tonnes au cours des 10 dernières années.

Les espèces pélagiques ont contribué pour 3 085 tonnes du volume total, plus du double des 1 455 tonnes de 2023.

«Les résultats ont été bons dans le homard avec 1 885 tonnes (1 199 tonnes en 2023) et  c’était aussi bon dans le crabe des neiges grâce à des prises de 4 941 tonnes (4 172 tonnes en 2023). Avec 77 M$, la valeur des prises a dépassé la moyenne de 69 M$ réalisée entre 2015 et 2024», précise Simon Desrochers.

Avec 66 M$ en valeur sur un total de 77 M$, le crabe des neiges et le homard monopolisent quand même 85,7 % des revenus de toutes les espèces livrées sur la Côte-Nord.

ÉCONOMIE – page 11 – Volume 37,5 Décembre 2024 – Janvier 2025

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Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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