Merinov vient de compléter deux années de travaux pour développer un appât alternatif efficient pour la pêche au homard. La professionnelle de recherche, Pascale Chevarie, explique qu’on est sur une bonne piste, mais qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres.
La difficulté, c’est qu’au contraire du crabe des neiges, qui reste emprisonné dans le casier dès qu’il y entre, le homard, lui, a la capacité d’en ressortir. «Donc, on travaille sur le homard en premier pour, après ça, on espère, être capables de transférer les éléments qu’on aura découverts aux pêcheries du crabe», dit-elle.
50 % DE RENDEMENT
Des 12 agents attractifs étudiés, allant du hareng fumé au phoque, en passant par le sébaste, trois sont retenus après avoir été testés en bassin et en mer, en 2017. Amalgamés sur une matrice à base d’algues ou d’amidon, ils ont fait l’objet d’expériences en situation de pêche commerciale, le printemps dernier, aux Îles-de-la-Madeleine, en Gaspésie et sur la Côte-Nord.
«Ce qu’on vérifiait, en fait, c’était les rendements en capture de nos appâts alternatifs en comparatif avec un appât traditionnel de maquereau, précise Mme Chevarie. En termes de résultats, au maximum, on a atteint 50 % des rendements de capture. Ce n’est pas aussi bon; je ne vous cacherai pas qu’on est un peu déçu par ces résultats.»
Cela dit, l’équipe de Pascale Chevarie conserve son optimisme, assure la professionnelle de recherche, selon qui plusieurs pistes d’optimisation sont sur la table. Elle explique, entre autres, que les appâts développés jusqu’à présent pourraient probablement être utilisés sur plusieurs journées. Elle prévoit des tests quantitatifs pour vérifier cette hypothèse.
SECRET INDUSTRIEL
Merinov se garde toutefois de dévoiler la formulation chimique de ces trois appâts les plus prometteurs, qui doit rester un secret industriel, précise Mme Chevarie. «Comme plusieurs projets de Merinov, le but ultime c’est de faire des transferts technologiques, dit-elle. Il n’y a pas encore d’ententes de conclues avec des entreprises spécifiquement, mais, ultimement, une prochaine étape sera d’adapter les procédés de fabrication pour une production pilote, puis, après ça, pour une production commerciale.»
Tous les coproduits analysés – les 12 du départ – étaient de source animale, concède néanmoins la biologiste. Aussi se limite-t-elle à révéler que celui qui était le moins intéressant était à base de porc. «Les coproduits marins ont certainement une meilleure attractivité pour le homard que les coproduits terrestres», conclut Pascale Chevarie.
TRAVAUX D’OPTIMISATION
Merinov est maintenant en attente d’un appui de l’industrie, pour poursuivre ses travaux de recherche et développement sur les appâts alternatifs, à partir des résultats acquis. Mme Chevarie espère passer à l’étape d’optimisation, afin d’en vérifier la réutilisation à long terme. «Il y a aussi des facteurs de gélification de la matrice qu’on veut aller observer, pour avoir une constance dans la fabrication des appâts, entre les différents lots. Puis, après ça, bien, ce sera d’adapter les procédés de fabrication pour, éventuellement, arriver à une échelle commerciale.»
La maximisation des recettes d’agents attractifs fait aussi partie d’un prochain projet. Il faudrait prévoir au moins deux ans pour cette étape d’optimisation, souligne la biologiste.
RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT – page 28 – Volume 32,1 Février-Mars 2019