La ministre des Pêches et des Océans, Bernadette Jordan, réduit de 10 % le total autorisé des captures (TAC) de turbot pour la saison 2021, alors qu’elle accorde une hausse de 15 % des prises pour le flétan atlantique, et enfin, elle décide de prioriser le statuquo quant au niveau de prélèvement pour la morue.
Dans un premier avis aux pêcheurs envoyé le 4 juin dernier, la ministre fédérale des Pêches annonce un TAC de 2 025 tonnes pour la pêche au turbot de la zone 4RST du golfe du Saint-Laurent, soit une baisse de 10 % par rapport à l’année dernière. Pour la même zone de pêche, mais pour le flétan atlantique, la hausse de 15 % des prises autorisées se traduit par un contingent global de 1 716 tonnes, dont une allocation de 60 tonnes a été mise de côté pour soutenir le projet de relevé à la palangre et le programme d’étiquetage annuel mené par le ministère des Pêches et des Océans (MPO).
Dans un deuxième avis aux pêcheurs transmis le 17 juin dernier, la ministre Jordan les informe qu’un TAC de 1 000 tonnes est à nouveau alloué en 2021 pour la pêche à la morue dans le nord du golfe du Saint-Laurent, soit la zone 4RS 3Pn.
DÉCEPTION POUR LES TURBOTIERS
Les turbotiers du Québec sont à la fois déçus et surpris de devoir absorber une baisse de 10 % du TAC à la suite de la dernière décision rendue par la ministre Jordan. «On s’explique très mal cette décision puisque notre recommandation d’un TAC identique à 2020, soit 2 250 tonnes, s’appuyait sur des taux de capture élevés en fin de saison, l’an passé et surtout sur une pêche qui donne d’excellents résultats depuis ce printemps», mentionne Jean-René Boucher, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du nord de la Gaspésie (RPPNG).
Afin d’appuyer ses propos, Jean-René Boucher indique que plusieurs turbotiers de son Regroupement avaient déjà capturé la totalité de leur quota individuel le 30 juin. «On parle de quotas individuels qui peuvent varier d’une vingtaine à une centaine de milliers de livres. Ce n’est pas rien. Dans certains cas, c’est phénoménal! Le turbot est au rendez-vous un peu partout où nos pêcheurs sont actifs. C’est plate que le MPO nous ait dit qu’il ne pouvait pas tenir compte des résultats de l’automne dernier et ceux de ce printemps, pour établir le TAC 2021. On doit malheureusement composer avec cette décision, mais en même temps, on voit que l’état du stock de turbot se porte de mieux en mieux.»
Marcel Denis, conseiller à l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie (ACPG), aborde dans le même sens que son collègue du RPPNG. «On peut comprendre que le MPO a décidé de jouer avec prudence en diminuant les prises de 10 % en 2021. Nous sommes aussi déçus de cette décision sauf que plusieurs de nos membres ont également déjà complété leur pêche depuis la fin juin et certains d’entre eux étaient même prêts à louer du quota à certains de leurs confrères tellement la pêche est bonne.»
M. Denis rapporte également que plusieurs pêcheurs lui mentionnent que de nouvelles classes d’âge de turbot semblent faire leur apparition dans la pêche. «C’est une bonne nouvelle. De plus, le turbot capturé semble plus gros que celui de l’an dernier. Il y a un bon mélange au niveau des tailles de l’espèce. Depuis ce printemps, ce n’est pas rare de voir des pêcheurs livrer des captures de 20 000 livres en une seule sortie, et ce, de courte durée. On a des pêcheurs qui ont actuellement des quotas individuels qui peuvent atteindre jusqu’à 60 000 et 100 000 livres. D’autres en ont moins, mais la ressource devrait monter vers le haut prochainement avec les prises effectuées et les observations faites par nos pêcheurs», souligne le conseiller de l’ACPG.
FLÉTAN ATLANTIQUE OMNIPRÉSENT
Dans un autre ordre d’idées, Marcel Denis indique que s’il y a une pêche qui se porte relativement bien ces dernières années, c’est bien celle du flétan atlantique. «La ministre Jordan aurait pu facilement octroyer une hausse de 25 % du TAC comme les intervenants du Québec l’avaient demandée unanimement, mais une hausse de 15 %, c’est quand même très acceptable dans les circonstances. À ce niveau, nous ne sommes pas perdants puisque c’est le Québec qui détient le gros de l’historique pour cette ressource. De plus, le prix au débarquement est en hausse par rapport à l’an passé. En bout de ligne, avec la capture du crabe des neiges, du turbot et du flétan, nos pêcheurs connaissent une très bonne saison en 2021», explique M. Denis.
LES POISSONS DE FOND – page 14 – Volume 34,3 Juin-Juillet-Août 2021