Le président de SeaDNA, Réjean Vigneau, dresse un bilan positif de sa saison de chasse 2016 au phoque du Groenland en sol terre-neuvien. Tant sur les glaces qu’en usine, il a coordonné la capture et la première transformation de près d’une quinzaine de milliers de bêtes, dont les trois quarts étaient des juvéniles de l’année.
La moitié de son volume global de 20 tonnes est destinée au marché de la Corée. «On vient d’obtenir les résultats de production, nous a-t-il indiqué au début juin. Puis, on va rapatrier ça prochainement, ici, à Québec, pour préparer une commande pour un shipment là-bas, en Corée.»
Et, au contraire de l’an dernier, la Boucherie Côte à Côte de Cap-aux-Meules, dont monsieur Vigneau est le copropriétaire, aura suffisamment de matière première pour répondre à ses besoins de deuxième et troisième transformations jusqu’en début d’année prochaine. «On devrait être bon pour clôturer l’année 2016 avec un petit inventaire de loup-marin, ce qui se voit rarement, dit-il. Surtout de certaines coupes, qu’on n’avait pas, des fois, à la fin mai ou bien au mois d’aout. Là, on devrait faire le tour cette année.»
SeaDNA profitera également de l’abondance de ses approvisionnements en viande de loup-marin pour amorcer le développement du marché domestique canadien. Réjean Vigneau précise qu’il vise, entre autres, une percée au sein de la communauté asiatique de Toronto et de Vancouver.
APPUI DE PHILIPPE COUILLARD
De plus, le premier ministre du Québec appuie sans équivoque le développement de l’industrie de la chasse aux loups-marins aux Îles-de-la-Madeleine. De passage dans l’archipel au début mai, Philippe Couillard a promis une solution pour concilier ses besoins d’approvisionnement et le statut de réserve écologique de l’île Brion, qui abrite la plus importante colonie de phoques gris du golfe du Saint-Laurent.
Il s’est aussi engagé à soutenir financièrement le projet d’usine pilote de traitement de l’huile de loup-marin, que Total Océan souhaite démarrer dès l’automne. «À mon avis, gérer une surpopulation animale, ce n’est pas aller contre l’environnement ou aller contre la notion de réserve faunique, commente le premier ministre. Maintenant, il y a de la sensibilité autour de cette question-là; il faut qu’on le fasse comme il faut. Mais je suis favorable, autant à l’encadrement de cette activité-là qu’à l’exploitation ici et la transformation ici des produits secondaires, dont l’usine dont vous parlez. Et clairement, on va la soutenir.»
L’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine (ACPÎM) se déclare encouragée par ce plaidoyer du premier ministre du Québec en faveur de la chasse aux loups-marins. Le directeur général de l’ACPÎM, Gil Thériault, précise cependant que Total Océan ne s’approvisionnera pas exclusivement à l’île Brion. «On peut faire appel à Terre-Neuve, à des chasseurs de Terre-Neuve qui viennent nous porter du phoque. Ta Ma Su l’a fait dans les années 2005 à 2009, peut-être? On peut demander à des chasseurs de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard.»
Le projet d’usine pilote de Total Océan est évalué à 2,5 millions de dollars. SiliCycle et ses associés madelinots prévoient y investir une part de 700 000 $.
Réf.: MARICULTURE – page 23 – Volume 29,3 – Juin – Juillet 2016