Les pêcheurs, les transformateurs de produits de la mer et les aquaculteurs de la Côte-Nord peuvent maintenant compter sur un organisme visant à porter leurs préoccupations en exerçant des pressions sur certaines instances politiques. Il s’agit de la Coalition maritime Côte-Nord qui, selon toute vraisemblance, serait unique en son genre au Québec.
«C’est pour se donner des moyens pour faire du développement économique dans ce secteur parce que dans notre région, c’était inexistant, précise Marilou Vanier, directrice régionale pour la Côte-Nord du Créneau d’excellence Ressources, sciences et technologies marines, qui chapeaute le nouvel organisme. Nos associations de pêche n’avaient pas les moyens financiers d’avoir des ressources dédiées au développement économique. C’est donc la vision que la Coalition se donne pour la Côte-Nord.»
DONNER UNE VOIX À LA CÔTE-NORD
La mission du nouvel organisme se traduit par une mise en commun des moyens des différents groupes qui lui permettra de faire du développement économique axé sur les ressources halieutiques. Pour Marilou Vanier, la Coalition donne une voix à la Côte-Nord. «Ça va nous permettre de dire que nous sommes là, que nous avons des enjeux qui sont propres à notre région et qu’on a besoin de les défendre auprès des différents ministères.»
Mme Vanier estime que la Côte-Nord, qui représente 20 % des efforts de pêche du Québec maritime, est complètement auscultée des discussions. «On ne parle jamais de la Côte-Nord; on parle seulement de la Gaspésie et des Îles, déplore la directrice régionale du Créneau. Mais surtout, on perd des opportunités de développement parce que les gens nous disent que sur notre territoire, il n’y a pas de projets ni de promoteurs.»
Elle dément cette fausse croyance inhérente à la Côte-Nord qui, le souligne-t-elle, constitue un vaste territoire. «Il y a de bonnes idées et de belles initiatives. Mais, les pêcheurs qui voulaient développer quelque chose le faisaient de façon individuelle. Il n’y avait pas de regroupement assez fort pour prendre en main leurs initiatives. Maintenant, la Coalition le fait pour toutes les associations.»
La particularité de la Coalition maritime Côte-Nord est de rassembler les différentes associations de pêche de la Côte-Nord, que ce soit les regroupements de pêcheurs territoriaux comme le Regroupement des pêcheurs professionnels de la Haute et Moyenne Côte-Nord, l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, l’Agence Mamu Innu Kaikusseth (AMIK) ou l’Office des pêcheurs de crabe des neiges de la zone 16.
La création de la Coalition est donc l’initiative de ces différents groupes qui sont présents sur le comité du Créneau d’excellence Ressources, sciences et technologies marines. «On trouvait ça important que, pour les projets de développement économique de la région, tous les maillons de la chaîne soient informés», indique Mme Vanier. Par exemple, si les pêcheurs travaillent sur des enjeux, il importe que tous les transformateurs soient prêts à collaborer ou à s’arrimer aux efforts qui sont consentis dans la capture.
«Ça ne remplace pas le mandat des regroupements de pêcheurs qui sont bien établis dans différents milieux, spécifie la dirigeante régionale du Créneau. La Coalition est là pour aider à porter les projets. Quand on doit déposer un projet pour faire du développement ou pour aller chercher une subvention, c’est plus facile avec une Coalition qui rassemble les acteurs d’une région donnée. On a besoin d’avoir des gens qui sont là pour écrire, aider, chercher et qui sont à l’affût des opportunités.»
PREMIER PLAN D’ACTION
La Coalition s’est dotée d’une planification stratégique. En plus de s’être donné une mission, une vision et des valeurs, elle a aussi élaboré son premier plan d’action à partir d’enjeux importants pour les acteurs qu’elle représente. De ce plan émanent déjà des projets pour lesquels la Coalition souhaite obtenir le soutien financier nécessaire.
Parmi ses projets, la Coalition souhaite développer la ressource homard. «Pour ça, il faut que tout le monde se mette ensemble, indique Mme Vanier. Il ne faut pas que ce soit seulement quelques communautés qui fassent les efforts.»
La Coalition a aussi engagé des négociations auprès de certains ministères afin d’évaluer la possibilité d’obtenir du financement pour poursuivre sa mission. «C’est plus facile d’aller chercher du financement par projet, soulève Marilou Vanier. Mais, on peut quand même obtenir un financement pour la mission de la part des ministères partenaires, ce qui donnerait un peu d’air pour être capable de prendre en charge, de façon permanente, la mission que s’est donnée la Coalition.»
ORGANISME À BUT NON LUCRATIF
Plusieurs raisons ont incité les gens du milieu maritime de la Côte-Nord à former la Coalition. «Le Créneau avait une belle concertation et une belle dynamique, souligne sa directrice régionale. Mais, le Créneau n’est pas un OBNL [organisme à but non lucratif]. Alors, les gens se sont dit qu’ils auraient besoin d’un vrai organisme pour les fédérer et pour travailler dans plusieurs secteurs.»
La première assemblée générale annuelle de la Coalition maritime Côte-Nord s’est tenue en novembre, lors de laquelle son conseil d’administration a été formé.
CONCERTATION – page 27 – Volume 37,1 Février-Mars 2024