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Congrès international IMPAC5 sur les aires marines protégées : une délégation de Madelinots était présente à Vancouver

Les Îles-de-la-Madeleine étaient représentées à un congrès international sur les aires marines protégées (AMP) appelé IMPAC5, qui se tenait à Vancouver du 3 au 9 février. Il s’agissait de la cinquième édition de l’événement lancé en 2005, en Australie, pour favoriser les échanges sur les connaissances, expériences et pratiques exemplaires en matière de protection de la biodiversité des océans et de leur patrimoine naturel et culturel.

Il s’inscrivait aussi dans la foulée de la Conférence de l’ONU pour la biodiversité COP15 de Montréal, tenue en décembre, où le Canada s’est engagé à protéger 30 % de ses océans d’ici 2030.

Figuraient au sein de la délégation de l’archipel Luc Miousse, chargé de projet chez Parcs Canada, Karine Rioux, directrice générale du Comité ZIP, et Gil Thériault qui y portait les trois chapeaux de directeur de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec (ACPIQ), directeur intérimaire de l’Association of Inshore Fisherman de Grosse-Île, et président de Livelihood International (LIVIN), promouvant l’utilisation durable et légitime des ressources sauvages comme source de subsistance pour les communautés rurales et côtières. Tous trois sont membres du comité de concertation sur l’étude de faisabilité Canada-Québec d’un «parc marin de pêche» dans l’archipel.

«Ce congrès est une occasion unique pour des praticiens et scientifiques dans le domaine de partager leur expérience pour le développement et la gestion des aires marines protégées, nous a écrit Parcs Canada à la veille d’IMPAC5. Les membres du comité de concertation qui ont signalé leur intérêt pour y participer pourront ainsi continuer à contribuer efficacement à la réflexion du projet d’aire marine protégée aux Îles de la Madeleine.»

CINQ THÈMES

Les conférences et présentations d’IMPAC5 portaient sur cinq grands thèmes, soit la création d’un réseau mondial d’AMP, la gestion des AMP et de l’activité humaine, la conservation de la biodiversité et la lutte au changement climatique, le lien entre la culture, l’océan et le bien-être humain, et la progression de la conservation dans l’économie bleue.

La question des fermetures de zones statiques ou dynamiques, «comme compromis entre les prises accessoires et la pêche des espèces visées», fut notamment abordée; un sujet qui rejoint bien les pêcheurs madelinots de crabe et de homard affectés par ces fermetures, comme mesure de protection des baleines noires menacées d’extinction. Il ressort du résumé d’une étude menée en Uruguay, publiée en ligne, que «sans sacrifier la pêche des espèces visées, les fermetures dynamiques de zones (zones qui se déplacent d’une année à l’autre) pourraient réduire les prises accessoires de 57 % en moyenne, contre 16 % pour les fermetures statiques.»

Des ateliers de discussion portaient aussi sur la gestion adaptée des activités de pêche dans les aires marines protégées, qui tienne compte des connaissances des peuples autochtones et des communautés locales puisant leur subsistance de la mer, par opposition aux politiques rigides de «non prélèvement et de non passage». C’est justement ce que réclament les pêcheurs madelinots en ce qui concerne l’accès à la ressource phoque de la réserve écologique de l’île Brion, en particulier, et qui en font une condition à tout projet d’AMP aux Îles-de-la-Madeleine.

DES DOUTES

Or, bien qu’il applaudisse aux expériences positives de gestion des AMP de par le monde qui respectent les activités humaines océaniques, Gil Thériault doute de la possibilité de les répliquer en plein cœur du golfe du Saint-Laurent. «L’idée derrière les parcs marins est excellente, pour protéger la biodiversité, dit-il. Mais quand il est question d’espèces charismatiques comme le phoque, comme la baleine, et comme le requin qui fait lui aussi partie du lot maintenant, ce n’est jamais géré de manière rationnelle et scientifique. C’est toujours géré de façon émotionnelle.»

Et la gestion de Brion en est l’exemple parfait, soutient M. Thériault. «Ça fait des années qu’on y réclame une chasse pour contrôler la population de phoques gris qui explose et déséquilibre l’écosystème. Mais d’un côté on se butte à une émotivité contre-productive et, de l’autre, à une machine administrative qui nous prouve l’incapacité de gérer ce genre de dossier-là de façon rationnelle et efficace. C’est difficile de croire qu’avec le projet d’AMP des Îles on pourrait se virer de bord et dire ‘OK, cette fois-ci ça va être différent’.»

Pour sa part, la DG du Comité ZIP se garde bien de commenter les sujets de  discussion du congrès. «C’est un bel événement pour aller voir ce qui se fait ailleurs et quels sont les défis rencontrés, et pour explorer les différents modèles existants de gestion d’aires marines et les différents types de gouvernance, explique Karen Rioux. On veut garder un statut de neutralité. Notre but c’est de ramener le plus de connaissances possible pour aider les acteurs du milieu à prendre des décisions éclairées, avant de lancer un processus de mise sur pied d’une aire marine aux Îles-de-la-Madeleine.»

Parcs Canada planifie d’ailleurs la tenue d’une prochaine réunion du comité de concertation du projet de parc marin de pêche des Îles, d’ici le printemps. «L’un des objectifs principaux de cette rencontre sera de convenir d’un plan de travail avec les membres du comité de concertation pour  finaliser l’étude de faisabilité dans un horizon prévisible, nous précise-t-on. L’étude de faisabilité doit contenir des recommandations sur les objectifs de conservation et de gestion de l’aire marine protégée, ainsi que sur ses limites.»

De plus, Parcs Canada affirme que la création éventuelle d’un parc marin de pêche des Îles de la Madeleine se fera seulement avec l’accord de la communauté locale. «Ainsi qu’avec l’implication pleine et entière de cette dernière», souligne l’agence.

La dernière rencontre du comité de concertation s’est tenue en mars 2020, dans l’archipel. Des rencontres virtuelles d’information organisées avec des représentants du parc naturel marin d’Iroise en France et du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, ont également eu lieu en février et mars 2022.

CONSERVATION – page 27 – Février-Mars 2023

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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