jeudi, novembre 21, 2024
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De bonnes pêches au homard pour les Nord-Côtiers dans les zones 15, 16 et 18

La pêche au homard pratiquée dans les zones 15, 16 et 18 en Basse et Moyenne-Côte-Nord battait encore son plein au moment de mettre sous presse le 11 juillet. De bons taux de capture sont à nouveau enregistrés en 2024 malgré une baisse observée des prix au débarquement comparativement à l’année dernière.

LA ZONE 16

En Basse-Côte-Nord, la zone 15 compte un total de 66 homardiers. L’un des acheteurs du secteur, Michael Sheppard, de La Ferme Belles Amours de Blanc-Sablon, effectue ses achats de homard auprès de pêcheurs provenant principalement du territoire compris entre Rivière-Saint-Paul et Baie-des-Moutons. Le 4 juillet, soit au milieu de la 8e semaine de pêche qui en compte 12, il avait déjà dépassé la quantité totale de homards achetés en 2023, soit plus de 300 000 livres.

«C’est très encourageant et il reste encore 4 semaines de pêche puisque la  saison se termine le 4 août. Ça sera assurément ma meilleure année comme acheteur. Mes achats actuels de homard auprès de pêcheurs de Brador, Rivière-Saint-Paul, Vieux-Fort et Saint-Augustin sont déjà plus élevés que ceux de 2023. L’an dernier, à titre comparatif, j’ai acheté 35 % de mon approvisionnement en juillet. Alors, je suis assez confiant de bonifier mon volume d’achats de façon importante d’ici la fin de la saison», précise M. Sheppard.

L’acheteur de Blanc-Sablon indique que les rendements de capture ont été différents d’un secteur à l’autre jusqu’à présent. «Pour le secteur est entre Vieux-Fort et Chevery, les captures ont été très élevées en début de saison, ce qui est un peu anormal puisque l’eau est encore très froide. Habituellement, les pêcheurs de ce secteur connaissent un début de saison plus lent, et par la suite, plus l’eau se réchauffe, leurs captures sont meilleures. Pour ce qui est du secteur ouest entre Chevery et Baie-des-Moutons, ç’a pris quelques semaines avant d’observer des niveaux de captures plus élévés», souligne Michael Shepperd.

Le prix payé aux pêcheurs par Michael Sheppard s’établissait à 6,25 $ la livre lors de la première semaine de juillet.

Fait important à souligner, 98 % du volume de homard acheté par le dirigeant de l’entreprise La Ferme Belles Amours est vendu en Chine à l’état vivant par l’intermédiaire d’un exportateur du Nouveau-Brunswick. De plus, en raison d’une hausse constante des captures de homard en Basse-Côte-Nord, ces dernières années, Michael Sheppard mentionne avoir récemment investi passablement d’argent pour augmenter la capacité de ses volumes de homard dans des viviers. «J’ai maintenant une capacité de conserver 55 000 livres, dont 33 000 dans des viviers réfrigérés. Bien que notre homard est de bonne qualité en Basse-Côte-Nord, en plus d’être robuste, ça me permet de diminuer grandement le taux mortalité avant qu’il ne prenne la route pour le Nouveau-Brunswick, pour être ensuite expédié en Chine.»

LA ZONE 15

À Harrington, dans la zone 15, le homardier André Rowsell et quelques-uns de ses confrères ont connu un excellent début de saison lors des 3 premières semaines de pêche, pour voir ensuite leurs captures chuter de façon importante.

«La pêche a été magnifique au départ. Nos prises quotidiennes étaient élevées pendant 3 semaines et on pouvait capturer jusqu’à 400 livres par jour en levant seulement la moitié de nos de 250 casiers. Ensuite, nos captures ont diminué grandement parce que nous soupçonnons une forte présence de boëtte disponible sur les fonds marins, soit du capelan, du hareng ou de maquereau. De plus, nous avons eu de gros vents dominants du sud-ouest pendant une grosse semaine et ç’a changé la température de l’eau», indique M. Rowsell.

La zone 16 compte un total de 9 permis commerciaux sur le territoire compris entre Kégaska et Chevery.

Le pêcheur de Harrington vend ses captures de homard à l’usine du village, soit à La Coopérative communautaire de poissons et fruits de mer de la Basse-Côte-Nord qui ne commercialise à l’étranger que les queues du homard à l’état congelé.

«Nous avons débuté la saison avec un prix payé à quai à 6,50 $ la livre. Le prix a ensuite baissé à 5,75 $. Après, il a remonté à 6,25 $ et on nous dit qu’il pourrait augmenter encore d’ici la fin de la saison parce que la pêche est déjà terminée dans plusieurs régions du Québec et des provinces maritimes et les volumes de homard disponibles deviendront ainsi moins élevés pour la mise en marché», souligne André Rowsell.

Dans la zone 15, tout comme dans la zone 16, M. Rowsell mentionne que l’abondance du homard est en hausse et que cela est de bon augure pour les années à venir. Il juge cependant que le niveau des débarquements devra encore être plus élevé avant que les homardiers tirent pleinement profit de leur ressource.

«En Basse-Côte-Nord, nous pratiquons cette pêche avec des embarcations d’une longueur variant de 16 à 22 pieds. Ce sont de petites chaloupes qui naviguent principalement à l’intérieur de petites Îles et de baies très près de la côte. La plupart des capitaines sont seuls à bord de leur bateau. C’est pour cela qu’ils ne lèvent que la moitié de leurs 250 casiers par jour. Nous ne pêchons pas avec des lignes de  6 à 10 casiers comme en Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine. Les casiers sont déposés à l’eau individuellement. Ça prend donc plus de temps pour effectuer le travail. Même si les taux de capture s’améliorent d’une année à l’autre, cela ne permet pas encore un investissement important pour l’acquisition de navires de 30 à 35 pieds qui nous permettrait aussi d’être plus en sécurité en mer et de penser un jour à pouvoir lever nos 250 casiers quotidiennement. Il y a quelques années, dans notre zone de pêche, les captures variaient de 2 000 à 5 000 livres annuellement. Là maintenant, ce volume peut atteindre jusqu’à 10 000 – 12 000 livres pour certains pêcheurs. C’est bon signe», soulève André Rowsell, dont la saison se terminera également le 4 août prochain.

LA ZONE 18

En Haute et Moyenne-Côte-Nord, la zone 18, qui s’étend des Escoumins jusqu’à Natashquan compte 8 permis commerciaux de pêche au homard, en plus de 25 nouveaux permis exploratoires émis au printemps 2024.

Pêcherie Uapan, appartenant à la   communauté innue de Uashat Mak Mani-Utenam, est assurément le joueur le plus important de cette zone de pêche en disposant d’un total de 3 permis commerciaux et 4 permis exploratoires. Son directeur Benoît Saint-Onge se dit satisfait des résultats obtenus pour la saison actuelle.

«Pour nos 3 permis commerciaux dans les sous-zones 18G à Havre-Saint-Pierre, 18D à Sept-Îles et 18B à Baie-Trinité, nous avons observé de belles augmentations des captures depuis 5 ans. En 2024, les rendements sont encore très bons et on peut donc parler d’une certaine stabilité du niveau des prises, bien que les résultats  satisfaisants aient été plus longs à obtenir du côté Baie-Trinité, cette saison. C’est une pêche en plein développement avec une ressource en excellente santé», reconnait M. Saint-Onge,

Pour ce qui est des résultats obtenus par les 4 permis exploratoires, le dirigeant de Pêcherie Uapan mentionne que 3 d’entre eux sont exploités cette saison et qu’il faudra attendre jusqu’à la fin de la saison avant de porter un meilleur jugement sur les rendements de la pêche.

«L’annonce de ces permis exploratoires s’est effectuée tardivement ce printemps en mai. Il a fallu s’organiser rapidement pour trouver les capitaines, les hommes de pont, les navires et les équipements de pêche. C’est donc une année d’adaptation et d’apprentissage de cette pêcherie pour tous les nouveaux arrivants.  Dans certains certaines sous-zones, la pêche était déjà débutée lorsque nous avons obtenu ces nouveaux permis.  Pour Pêcherie Uapan, on a 2 permis dans la sous-zone 18D à Sept-Îles où les résultats sont bons parce qu’on avait déjà une bonne expérience de la pêche dans ce secteur. Dans la sous-zone 18C à Port-Cartier, nos activités de capture ont commencé seulement au début juin. On mise donc sur une bonne fin de saison. Notre 4e permis exploratoire est pour la sous-zone 18E à             Rivière-au-Tonnerre et on compte bien l’exploité en 2025, car faute d’effectifs et d’équipements disponibles à la dernière minute, nous n’avons pas pu l’exploiter cette saison», laisse entendre Benoît Saint-Onge.

Pour ce qui est des prix au débarquement, les pêcheurs de la zone 18 obtiennent les mêmes que ceux versés aux pêcheurs Madelinots et Gaspésiens. «Les prix sont établis en fonction du plan conjoint en vigueur aux Îles-de-la-Madeleine. On observe donc les mêmes variations de prix d’une semaine à l’autre. En 2024, on sait déjà que le prix moyen au débarquement sera moindre que celui de l’an dernier parce qu’il y a eu un gros pic des captures durant la saison tant au Québec que dans certaines provinces maritimes», ajoute le directeur de Pêcherie Uapan.

Enfin, dans la sous-zone 18D à Sept-ÎIes, le pêcheur Rémi Élément du même endroit qualifie sa première saison de pêche au homard d’acceptable grâce l’obtention de l’un 25 nouveaux permis exploratoires émis en 2024.

«Les premières semaines ont été très bonnes avec des captures élevées, mais depuis presque 3 semaines, on voit l’apparition d’un nombre incroyable de grosses femelles oeuvées. C’est bon signe pour le futur, mais ça ralenti actuellement notre rythme des captures avec une obligation de déplacement quotidien de nos casiers. Cette saison, c’est une année d’apprentissage dans mon cas. Je suis satisfait de mes résultats même si j’ai sauté le moteur de mon bateau il y a un mois. En attendant mon nouveau moteur, j’ai été obligé de louer un autre navire pour continuer à pêcher. Cette dépense-là était loin d’être prévue. J’espère que le homard sera encore abondant d’ici à la fin de la saison pour compenser une bonne partie de cette perte financière», exprime M. Élément.

LA CÔTE-NORD – pages 18-19 – Volume 37,3 Juin-Juillet-Août 2024

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Robert Nicolas
Robert Nicolas est actif depuis près de 30 ans dans le domaine des communications et de l’information reliées plus spécifiquement au secteur des pêches et de l’aquaculture commerciales. Détenteur d’un baccalauréat en Information-communication de l’Université de Moncton, il agit à titre de collaborateur du journal Pêche Impact dès sa naissance en 1988, pour ensuite en devenir le coordonnateur/rédacteur en chef en 1992 jusqu'à aujourd'hui. Observateur privilégié de l’évolution de l’industrie durant toute cette période, Robert Nicolas devient le responsable du Bureau école-industrie de l'École des pêches et de l'aquaculture du Québec (ÉPAQ) en 2011 où il met au profit de cette institution d'enseignement ses connaissances des enjeux et des réalités propres à chacune des régions maritimes du Québec.
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