jeudi, novembre 21, 2024
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Demande de permis d’acquéreur de homard : la Coopérative des pêcheurs n’a pas dit son dernier mot

La Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine entend profiter de la consultation publique lancée par le MAPAQ sur la pertinence d’émettre de nouveaux permis d’acquéreur pour faire valoir son point de vue favorable. Son président, Olivier Renaud, critique d’ailleurs sévèrement le refus initial du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec de lui permettre de faire le commerce du homard vivant (Pêche Impact, décembre 2023).

M. Renaud estime que l’avis de dénégation qu’on lui a servi l’automne dernier puis confirmé par courrier recommandé le 15 février, va à l’encontre de l’orientation 3 du Plan stratégique ministériel 2023-2027, stipulant que «La valorisation du territoire et des entrepreneurs passe par la mobilisation et l’engagement des acheteurs concernés au regard d’enjeux qu’ils considèrent comme prioritaires pour la prospérité et la durabilité du secteur bioalimentaire.»

Le président de la coopérative souligne également que cette orientation 3 reconnaît que l’entrepreneuriat local «favorise le développement des collectivités en générant des retombées durables sur l’activité bioalimentaire et l’environnement, le maintien du tissu social ainsi que la conservation du patrimoine des régions». «C’est exactement ce que la coopérative tente d’accomplir par la présente démarche qui fait l’objet d’un refus du MAPAQ, insiste le capitaine du KING FISHER III de L’Étang-du-Nord. On tient à soulever cette énorme incohérence avec la stratégie et la vision du gouvernement lui-même.»

De plus, Olivier Renaud rejette les prétentions du MAPAQ selon lesquelles le projet coopératif d’achat et de revente de homard vivant créerait un déplacement de la ressource au détriment des autres acheteurs du territoire, tout en affectant les approvisionnements des usines de transformation. C’est, du moins, ce qui ressort de la lettre que Rabia Sow, directrice intérimaire de la Direction des analyses et des politiques des pêches et de l’aquaculture, lui a transmise pour expliquer ses réticences à lui émettre un permis. Sur la base des volumes de production de LA Renaissance des Îles préalables à sa faillite, M. Renaud calcule plutôt que seulement 20 % des débarquements   de homard de l’archipel sont effectivement valorisés en usine.

«Il y a quatre permis de transformation aux Îles-de-la-Madeleine, mais il n’y a qu’un industriel qui a les infrastructures pour transformer le homard de façon substantielle, relève-t-il. […] Nous autres, on trouve ça très problématique, finalement, que le MAPAQ veuille protéger les approvisionnements des détenteurs de permis de transformation qui ne font pas de transformation. C’est problématique parce que ça intervient sur la gestion de l’offre, sur les approvisionnements des usines aux Îles-de-la-Madeleine, mais ça protège en réalité le 80 % de part de marché très lucratif du produit vivant qui, lui, devrait faire l’objet d’une libre concurrence.

Le but de la Loi sur la transformation des produits marins, c’est de protéger le 20 % qui va à la transformation et on le comprend très bien, poursuit Oliver Renaud. On comprend très bien que ce 20 % est essentiel et qu’il apporte une valeur ajoutée plus importante en région. Mais ce 20 % n’a jamais, au grand jamais, été menacé aux Îles-de-la-Madeleine!»

PROJET DE 1,1 million $

Cela dit, le président de la Coop des pêcheurs des Îles n’écarte pas la possibilité de demander également un permis d’usine, si c’est la voie que privilégie le MAPAQ pour encourager le développement de l’industrie du homard. Il reproche d’ailleurs aux acheteurs madelinots qui détiennent un tel permis de transformation de ne pas s’en prévaloir à bon escient, afin de réduire la pression sur leur capacité restreinte de contention du homard vivant.

«Ils font même des pertes liées aux limites de nos infrastructures, affirme M. Renaud. […] Et plus les industriels approchent leur capacité limite de contention, plus ils ont de pêcheurs, plus ils sont contraints de disposer rapidement de leurs approvisionnements, ce qui a pour impact de limiter leurs efforts pour atteindre de nouveaux marchés qui permettraient d’obtenir de meilleurs prix pour le homard.»

Dans un premier temps, la Coopérative des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine planifie un investissement de plus de 1,1  million $ pour acquérir et remettre en état un vivier d’une capacité de 180 000 livres situé sur le quai de Havre-Aubert. Son objectif est de favoriser la traçabilité de son homard qu’elle veut destiner exclusivement aux consommateurs québécois. Selon Olivier Renaud, elle mise aussi sur le rapport de proximité et l’image de marque que son organisation souhaite apporter au produit de ses 35 membres. Le projet serait créateur de 19 emplois.

LES ÎLES-DE-LA-MADELEINE – page 31 – Volume 37,1 Février-Mars 2024

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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