mercredi, décembre 11, 2024
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Dépendance économique de plus en plus accentuée envers le homard et le crabe des neiges

Plus les années passent, plus la performance économique du secteur de la capture de l’industrie québécoise des pêches nous indique qu’elle repose maintenant de plus en plus entre les mains de seulement deux ressources marines, soit celles du homard et du crabe des neiges.

Notre dossier économique annuel préparé par notre journaliste Gilles Gagné, que vous pouvez d’ailleurs lire dans les pages 11 à 15 de la présente édition, est, à nouveau, fort révélateur à plusieurs égards.

La performance et la contribution des principales flottilles de pêche sont analysées et commentées par des membres de l’équipe d’économistes du ministère fédéral des Pêches, Région du Québec, selon les données préliminaires disponibles à la mi-novembre.

L’une des données les plus fascinantes de ce portrait économique pour 2024 est que 91 % des 359 millions $ de l’ensemble des revenus globaux des pêcheurs proviennent uniquement des captures des homardiers et des crabiers, toutes régions et zones de pêche confondues.

À elle seule, la valeur des prises de homard évaluée à 228 millions $ représente désormais    64 % de tous les revenus soutirés de la pêche au Québec maritime.

Le crabe des neiges arrive au second rang avec une valeur des captures chiffrée à 99 mil-lions $. Sa contribution à l’ensemble des revenus des pêcheurs québécois est de l’ordre de  27 %.

Sans surprise, cette forte domination de la contribution du homard et du crabe des neiges au bilan économique laisse aussi sous-entendre que d’autres secteurs d’activité de la capture continuent d’en arracher plus que jamais en raison principalement du piètre état de santé actuel de certaines ressources. La situation, en plus d’être inquiétante, est également alarmante avec des captures anémiques, voire quasi-inexistantes dans certains cas.

Il n’y a pas si longtemps, la flottille des crevettiers constituait encore l’un des principaux fleurons de l’industrie de la pêche au Québec. Avec l’effondrement observé des stocks de crevette de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent, ces dernières années, il n’est donc pas surprenant que sa contribution au bilan économique se soit effritée de façon très marquée, au fil du temps.

Mais de là à constater qu’aujourd’hui la valeur des prises des quelque crevettiers qui sont demeurés actifs cette année n’ait atteint seulement 3,4 millions $, soit l’équivalent d’à peine 1 % de tous les revenus globaux issus du secteur capture, c’est renversant!

Pour le secteur des poissons de fond, le portrait est encore pire pour la flottille des turbotiers. La valeur des faibles captures réalisées n’a généré que des revenus totaux de  165 000 $ en raison de la disparition continue du turbot des eaux du golfe du Saint-Laurent.

La seule consolation de l’industrie provenant des poissons de fond est celle issue de la pêche au flétan atlantique qui a permis d’enregistrer des revenus de 13 millions $. Notons à ce sujet que pour la plupart des participants à cette pêcherie, cette activité est complémentaire à la pratique d’autres pêches, mais qu’elle représente pour plusieurs pêcheurs déjà en difficulté un minimum de revenus pour demeurer en vie.

Dossiers à surveiller

Au cours des prochains jours et des prochaines semaines, certains dossiers marqueront   l’actualité sous différents angles et selon leur importance respective.

Parmi ceux-ci, mentionnons l’annonce imminente et très attendue de l’émission de nouveaux permis de pêche exploratoire au homard pour le secteur du nord de la Gaspésie ainsi que pour celui à Anticosti. Plus tôt cet automne, la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier, avait déclaré qu’elle souhaitait faire cette annonce avant la fin de la présente année. Le compte à rebours est commencé et la liste des prétendants à ces permis est assez volumineuse par rapport au nombre d’élus potentiels, en sachant à l’avance que la moitié des nouveaux permis pourrait être émis à plusieurs communautés autochtones.

D’autre part, les résultats et les conclusions de la dernière évaluation scientifique de l’état des quatre stocks de crevette de l’estuaire et du golfe préparés par l’équipe de biologistes de l’Institut Maurice-Lamontagne seront présentés les 9 et 10 décembre à Québec, dans le cadre du comité consultatif annuel de cette industrie. C’est à ce moment que nous aurons la réponse à savoir si la situation continue de se dégrader en matière de quantités des stocks et si d’autres mesures de gestion seront nécessaires pour maintenir un minimum d’activité de pêche en 2025.

Enfin, comment passer sous silence le retour officiel de Donald Trump aux commandes de l’administration américaine à partir du 20 janvier prochain, bien qu’il soit très actif depuis les résultats du scrutin le 5 novembre dernier. Sa menace réelle d’imposer des tarifs de douane importants pour toutes les importations des États-Unis sème la terreur et la panique auprès de plusieurs pays exportateurs à travers la planète. Le Canada est loin d’y échapper puisqu’au moins 70 % de toutes ses exportations à l’international sont destinées en sol américain. L’industrie du secteur des poissons et fruits de mer du Québec et du Canada atlantique, comme plusieurs autres secteurs d’activité d’importance, est donc sur un pied d’alerte en raison de sa très forte dépendance depuis toujours envers le marché américain. L’impact de ces futurs tarifs douaniers est difficile à mesurer avec exactitude à ce moment-ci puisque nous n’en connaissons pas la véritable ampleur. Un dossier qui alimentera bien des discussions après la  période des Fêtes.

ENTRE-NOUS – page 5 – Volume 37,5 Décembre 2024 – Janvier 2025

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Robert Nicolas
Robert Nicolas est actif depuis près de 30 ans dans le domaine des communications et de l’information reliées plus spécifiquement au secteur des pêches et de l’aquaculture commerciales. Détenteur d’un baccalauréat en Information-communication de l’Université de Moncton, il agit à titre de collaborateur du journal Pêche Impact dès sa naissance en 1988, pour ensuite en devenir le coordonnateur/rédacteur en chef en 1992 jusqu'à aujourd'hui. Observateur privilégié de l’évolution de l’industrie durant toute cette période, Robert Nicolas devient le responsable du Bureau école-industrie de l'École des pêches et de l'aquaculture du Québec (ÉPAQ) en 2011 où il met au profit de cette institution d'enseignement ses connaissances des enjeux et des réalités propres à chacune des régions maritimes du Québec.
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