L’Institut Maurice-Lamontagne (IML) de Mont-Joli a déployé une centaine de collecteurs d’espèces aquatiques envahissantes sur une dizaine de sites, au mois de mai aux Îles-de-la-Madeleine, pour son suivi annuel visant à en empêcher la propagation.
D’ailleurs, le dirigeant de l’entreprise «Les Moules de culture des Îles», Alain Huet, confirme qu’au contraire de leurs confrères de l’Île-du-Prince-Édouard, les aquaculteurs madelinots n’ont toujours pas subi de pertes depuis que ces envahisseurs sont apparus dans l’archipel, en 2003. «C’est de l’Ascidie jaune qu’on a surtout peur, dit-il, mais tout est sous contrôle.»
À ce propos, la biologiste Nathalie Simard se félicite de ce que cette Ascidie jaune, une espèce de tunicier solitaire originaire de l’Europe du Nord, soit toujours circonscrite aux seuls quais du havre de pêche et de la marina de Cap-aux-Meules. «On a été contents de voir, en remontant nos collecteurs l’automne dernier, que l’Ascidie jaune a beaucoup diminué, affirme la responsable du suivi des espèces envahissantes à l’IML. Et on voit aussi une bonne différence entre les pontons qui ont été nettoyés et repeints (avec un enduit antisalissures) dans le passé, par rapport aux pontons qui sont non-traités. Donc, on pense que c’est quand même une mesure de protection qui semble bien fonctionner.»
L’abondance de deux autres types de tuniciers, le Botrylle étoilé et le Botryloïde violet, est également stable. Ces tuniciers, une espèce d’ascidie dite coloniale, sont présents sur les sites aquacoles en lagune depuis quelques années. «Ils ne sont pas une obstruction majeure, commente Alain Huet. Ils sont là, sur les bouées et sur les infrastructures d’élevage, mais ils ne nuisent pas à la croissance des moules.»
MAUVAISE SURPRISE
L’Institut Maurice-Lamontagne a cependant eu une mauvaise surprise, l’automne dernier, dans ses efforts pour contrôler la propagation des espèces aquatiques envahissantes, en constatant le retour du Diplosoma. Jusqu’alors, ce tunicier colonial exotique n’avait été vu qu’en 2008, en un endroit très localisé de la marina de Havre-Aubert. Or, Nathalie Simard rapporte qu’il a refait surface en abondance importante, neuf ans plus tard. De 30 % à 40 % de la superficie du quai principal de la marina en était recouverte, dit-elle. «Ce qui est assez important, si on considère que l’année précédente, il n’y en avait pas. Et en plus, c’était des nouvelles planches. Donc, on est certain que c’est une nouvelle colonisation, puisque le quai avait été restauré au début de l’année», précise la biologiste.
Quant au vorace crabe vert, bien que l’IML ait doublé ses efforts de capture l’an dernier, il n’en a repéré que deux. Madame Simard prévient cependant que l’espèce n’est toujours pas éradiquée, et appelle à la vigilance.
REPÈRE – page 26 – Volume 31,3 – Juin-Juillet-Aout 2018