mardi, décembre 3, 2024
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Fermeture partielle ou moratoire complet de la pêche à la crevette en 2024 : la ministre Lebouthillier espère annoncer sa décision en janvier

La nouvelle ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier, a confirmé lors d’un point de presse le 22 septembre dernier qu’elle prendra une décision au plus tard en janvier prochain quant à savoir si elle procédera à une fermeture partielle de la pêche à la crevette de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent pour certaines zones ou si elle imposera un moratoire complet des activités de capture pour la saison 2024.

La décision très attendue de Mme Lebouthillier sera grandement influencée par les conclusions de la dernière évaluation scientifique de la crevette nordique faite par les biologistes de l’Institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli, dont les travaux en mer ont débuté en août pour se terminer au début septembre. Une revue par les pairs scientifiques à partir des plus récentes données récoltées et analysées feront l’objet de discussions aussi tôt qu’à la fin octobre.

Ainsi, une fois le rapport reçu en provenance du secteur des sciences, la ministre Lebouthillier entend convoquer tous les membres de l’industrie du Comité consultatif de la crevette du golfe à une importante rencontre en novembre pour discuter de son contenu et de ses recommandations dans le but de prendre la décision la mieux éclairée.

L’urgence d’une telle décision survient au moment où l’industrie de la crevette traverse l’une des pires crises de son histoire. On continue de constater une rareté de plus en plus évidente de la ressource, des taux de capture très faibles et la fin hâtive des activités de la majorité des crevettiers en mer. S’ajoutent à cela un phénomène de prédation de la crevette plus qu’important observé par le sébaste ainsi que la suspension, au début septembre et pour le reste de la saison, de la transformation de la crevette dans l’une des trois usines gaspésiennes, soit celle de Pêcheries Marinard de Rivière-au-Renard.

S’il salue l’initiative de la nouvelle ministre fédérale des Pêches d’ordonner aux scientifiques de l’Institut Maurice-Lamontagne de produire un nouvel avis scientifique rapidement quant à l’état actuel des stocks de crevette de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent ainsi que les efforts des chercheurs de Pêches et Océans pour devancer leurs travaux, le directeur général de l’Office des pêcheurs de crevette du Québec (OPCQ), Patrice Element, rappelle qu’il y a longtemps que l’industrie demandait cela. De son côté, l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) remercie Diane Lebouthillier de son intervention.

AIDE RÉCLAMÉE

«Il faut s’attendre à ce que l’industrie ait besoin d’aide», croit M. Element. Pour le moment, les crevettiers n’ont réclamé aucune aide formelle. «Avant de faire des demandes, il faut savoir où on s’en va. Ce ne sera pas la même forme d’aide si on ne pêche pas du tout que si on pêche un peu!»

À son avis, la priorité doit être accordée aux travailleurs d’usines qui sont sans revenu. «Il faut régler le cas des gens qui ne se sont pas qualifiés à l’assurance-emploi», argue-t-il. L’AQIP a d’ailleurs adressé une demande d’aide à Emploi Québec. Selon son directeur général, Jean-Paul Gagné, qui estime lui aussi que la situation des travailleurs «est ce qui est le plus pressant à régler», il sera ensuite nécessaire de se pencher sur le soutien des entreprises de pêche et de transformation afin qu’elles puissent passer à travers la crise.

CAUSES?

Selon Patrice Element, ses membres savent ce qui cause le déclin de la crevette : l’augmentation de la température de l’eau, la baisse du taux d’oxygène et la prédation par le sébaste. Si Jean-Paul Gagné est conscient de la prédation par le sébaste, il met toutefois un bémol. «On ne connaît pas la proportion. Les gens de l’Institut Maurice-Lamontagne parlent surtout de changements climatiques.» Le dirigeant de l’AQIP s’interroge aussi sur ce qui pourrait expliquer la petite taille de la crevette. «Est-ce que ça veut dire qu’il y a un recrutement ou une nouvelle cohorte de crevettes qui s’en vient?»

L’avenir est préoccupant, c’est le moins qu’il puisse dire. «S’il n’y a pas de nouvelle cohorte qui s’en vient, il y aura peut-être un moratoire, appréhende-t-il. Quand il y a un moratoire, ça ne revient pas le lendemain matin! On voit ce qui arrive avec la morue; on souligne le 30e anniversaire du moratoire. C’est pour ça qu’il y a une inquiétude.»

APPROCHE DE PRÉCAUTION

Patrice Element dit savoir ce qui se dessine quant à la modification de l’approche de précaution. «On doit s’attendre à des baisses de quotas significatives. Même si on n’a pas encore vu les résultats des relevés scientifiques, personne ne pense que ça va être meilleur que les taux de captures de l’an passé. On sait que ce ne sera pas bon. Jusqu’à quel point?»

Pour le représentant des crevettiers, il est urgent de savoir ce qu’on attend de ses membres afin qu’ils puissent se préparer  en conséquence. «Avec la quantité de crevettes que le sébaste mange, pêcher ou ne pas pêcher ne fait plus de différence! À la fin de la saison, il va peut-être y avoir seulement 8 000 à 9 000 tonnes de crevette pêchée sur les 14 500 tonnes autorisées. Comme les scientifiques nous   disent que le sébaste en mange 188 000 tonnes, la pêche ne veut plus rien dire.» À la fin aout, à peine 4 500 tonnes avaient été débarquées à quai.

Si l’une des nouvelles méthodes de calcul proposées est appliquée aux résultats du relevé de l’année passée, le quota global serait de 3 000 à 4 000 tonnes, comptabilise M. Element. «Il ne restera plus grand-chose par pêcheur et à transformer non plus! Même sans moratoire, est-ce que quelqu’un va pêcher et transformer?»

Si la pêche devait demeurer ouverte pour certaines zones en 2024, l’application d’une nouvelle approche de précaution de la ressource pourrait rendre la pratique de la pêche possible à la seule condition de concentrer la quasi-totalité des quotas à une poignée de pêcheurs et dans une ou deux usines, de l’avis de M. Element.

D’autres facteurs n’encouragent pas la rentabilité des entreprises de pêche : les conditions de marché et le prix élevé du carburant. «Ça fait deux ans que ce n’est plus rentable, mentionne M. Element. Au début de l’année, on avait espoir que ça s’améliore. La plupart des gars perdaient moins d’argent d’aller à la pêche que de rester à quai. Maintenant, ce n’est plus le cas.»

Si l’industrie se base sur les relevés de l’Institut Maurice-Lamontagne de 2022, il n’y aura rien d’excitant à court terme, se désole M. Gagné. «Il y aurait peut-être de quoi pour une usine de transformation. Mais, on n’ouvrira pas une usine pour 3 millions de livres! Il faudra que ce soit supérieur à ça pour assurer une rentabilité.»

FERMETURE PARTIELLE OU MORATOIRE COMPLET

Considérant le bilan désastreux de la dernière saison, le porte-parole des crevettiers sait très bien qu’une fermeture partielle de la pêche ou un moratoire complet des activités de capture pourra être décidé. «Il y a énormément d’inquiétude de la part des pêcheurs, des transformateurs et des employés d’usines», laisse-t-il tomber.

Jean-Paul Gagné craint un moratoire. Le cas échéant, l’AQIP demandera une année de transition pendant laquelle un quota de pêche et de transformation sera autorisé. «On ne peut pas réorganiser une entreprise de transformation et passer d’une espèce à une autre en l’espace de peu de temps. Ça prend de l’équipement et de l’investissement.»

IMPACTS

Les impacts appréhendés d’une fermeture partielle ou d’un moratoire complet pourraient se traduire par la perte de 450 emplois directs à Rivière-au-Renard. «C’est le tissu social de Rivière-au-Renard qui est en jeu, avance le dirigeant de l’Office. Il va y avoir aussi des impacts à Matane et à Sept-Îles.»

Jean-Paul Gagné abonde dans le même sens. «C’est l’économie des communautés maritimes de la MRC de la Côte-de-Gaspé qui sera affectée. On me dit qu’il y a déjà des effets dans les épiceries.»

PISTES DE SOLUTIONS

Pour le directeur général de l’OPCQ, la pêche au sébaste serait une solution à moyen et long termes. «Par contre, on n’aura pas une pêcherie rentable de sébaste en 2024, même si on mettait 20 000 à 30 000 tonnes de produits sur le marché. Avant que les marchés soient développés, ça va être difficile. Le sébaste est une espèce qui a énormément d’avenir à condition de se donner une couple d’années pour développer les marchés.»

M. Gagné confirme que la transformation du sébaste pourrait représenter une opportunité pour les transformateurs. Cependant, le hic est sa petite taille, selon lui. Avant tout, la perspective d’acheter de la crevette congelée pourrait représenter la principale solution, pense M. Gagné. «Mais, il y a des coûts énormes de faire venir de la crevette de l’extérieur.»

Le directeur général de l’AQIP refuse de se prononcer sur d’autres moyens envisageables tant et aussi longtemps que lui et ses membres ne sauront s’il y aura de la crevette à transformer l’an prochain.

GASPÉ-NORD – pages 2-3 – Volume 36,4 Septembre – Octobre – Novembre 2023

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