Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) André Lamontagne presse les pêcheurs et les industriels à investir pour mettre à niveau leurs équipements de capture et de transformation en prévision de la levée du moratoire sur le sébaste.
On se rappellera que, selon une étude réalisée l’an dernier pour le compte de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP), la transformation de l’espèce ne serait présentement pas rentable, compte tenu du prix actuel du marché et des investissements nécessaires pour en relancer la production au Québec. Cette étude de la firme Raymond Chabot Grant Thorton (RCGT) et menée en collaboration avec Kwatröe Consultants, conclut qu’il en coûterait au minimum deux millions de dollars pour moderniser les usines qui ont déjà une capacité d’exploitation de 500 tonnes de poisson par année, afin de leur permettre de doubler ce seuil de production. La construction d’une nouvelle usine de transformation capable de traiter 3 500 tonnes métriques de sébaste par an, est quant à elle estimée à près de 12 millions $, incluant l’achat d’équipements.
«On a encore 30 millions $ dans le Fonds des pêches et le message que je dis c’est: nous autres on est là pour mettre les bateaux à niveau, on est là pour aider les transformateurs, affirme le ministre Lamontagne. L’opportunité va être là. Il faut se mobiliser le plus possible, s’organiser tous d’une façon synergique pour qu’au Québec, toutes les communautés, ensemble, en bénéficient le plus possible. On va certainement être sur la ligne de départ, mais à savoir la force de feu qu’on va avoir, c’est un autre dossier, poursuit-il. Ce que je dis aujourd’hui, c’est: mobilisons-nous! Les argents sont là, tous les leviers sont en place pour accompagner toute l’industrie de façon accélérée pour qu’elle se prépare au début de la reprise de cette pêche-là. De là à savoir combien ça va prendre de mois ou d’années pour y aller, si ça s’inscrit un peu dans le temps, bien ça s’inscrira dans le temps. Mais en autant qu’on soit capable de sécuriser les approvisionnements, ce sera pour des années à venir.»
ASSOUPLISSEMENTS RÉCLAMÉS
En parallèle, André Lamontagne réclame non seulement de son homologue fédérale, Joyce Murray, qu’elle respecte la part historique québécoise de 33 % du quota de sébaste du Golfe, mais aussi qu’elle assouplisse ses critères d’analyse des projets présentés dans le cadre du Fonds des pêches du Québec. À ce jour, seulement 11,5 millions $ ont été décaissés en appui à 71 projets, sur l’enveloppe initiale de 42,7 millions $ annoncés pour la période 2019-2024.
«Parce qu’on s’entend que nous avons des sommes très importantes de disponible pour nos pêcheurs et nos transformateurs, et puis on a pris un peu de retard, entre guillemets, sur le décaissement, déplore le ministre du MAPAQ. Et on veut s’assurer qu’on va pouvoir utiliser pleinement ces sommes-là.»
Notons qu’aux Îles-de-la-Madeleine, le Fonds des pêches du Québec a investi 1,6 million $ dans 7 projets en 2021, sur des investissements de plus de 4,7 millions $. Or, ils visaient notamment la conservation du homard, l’automatisation des opérations de traitement du crabe et des huîtres et l’optimisation de la commercialisation de la ressource phoque; aucune initiative n’avait rapport avec le sébaste.
SIGNATURE ATTENDUE
D’autre part, le ministre québécois des Pêcheries réitère sa requête pour que le Québec ait accès au Fonds canadien d’initiatives en matière de poissons et de fruits de mer lancée en 2018, mais dont il a été exclu. Doté d’une enveloppe de 42,8 millions $ financée à 70 % par Ottawa, il s’agit d’un fonds de promotion «qui vise à aider les organisations de l’industrie à aborder les enjeux liés à l’accès au marché, ainsi qu’à favoriser, dans le cadre d’initiatives nationales et régionales, les possibilités de promotion et de valorisation de la marque pour le secteur canadien de classe mondiale du poisson et des fruits de mer».
André Lamontagne précise avoir obtenu le consentement de ses homologues des provinces atlantiques, afin qu’en soit modifiée la convention de sorte que l’industrie de la pêche du Québec puisse également en profiter. «Aux dernières nouvelles, c’était sur le bureau de la ministre pour qu’elle signe ça; on devrait avoir de bonnes nouvelles incessamment», dit-il avec optimisme.
Au ministère des Pêches et des Océans, on nous précise que la participation au Fonds canadien d’initiatives en matière de poissons et de fruits de mer est volontaire pour les provinces et les territoires. «Au cours des dernières années, Pêches et Océans Canada négocie activement avec le Québec concernant sa participation au FCIPFM», assure-t-on.
Depuis sa création, huit projets ont été subventionnés pour un total de 8,6 millions de dollars.
DÉVELOPPEMENT – page 25 – Volume 35,1 Février-Mars 2022