Six projets gaspésiens se partagent un financement total de plus d’un million $ provenant du Fonds des pêches du Québec. La contribution du gouvernement du Canada est de 895 761 $, tandis que celle de Québec est de 383 899 $. Ces projets ont pour objectif d’améliorer l’efficacité, la qualité et la durabilité de l’industrie du poisson et des fruits de mer.
L’annonce a été faite le 18 novembre à Rivière-au-Renard par la députée de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier, au nom de la ministre des Pêches et des Océans du Canada, Joyce Murray, ainsi que par le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne. Le ministre responsable de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Julien, a également pris part à l’annonce.
LES PROJETS
Les six projets retenus ont été présentés par Merinov, le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG), une entreprise à numéro dirigée par Yan Bourdages, Pêcheries Desbois et filles ainsi que Pêcheries Mario B.
Merinov reçoit plus de 370 000 $ pour développer et mettre à l’essai un engin de pêche alternatif au filet maillant mono filament pour la capture du flétan du Groenland. Plus spécifiquement, le projet a pour but de tester l’utilisation de cages pourvues d’appâts lumineux qui pourraient minimiser les impacts environnementaux et réduire la menace de prises accidentelles ainsi que la pression sur les populations fourragères utilisées comme appâts. «Des casiers ont déjà été testés à Terre-Neuve et ils sont utilisés en Norvège, précise la responsable du centre d’expertise en diversification des pêches, Stéphanie-Carole Pieddesaux. Alors, le principe fonctionne. Il faut maintenant les améliorer pour qu’ils soient plus lourds et résistants dans un contexte où les pêcheurs québécois de flétan du Groenland réalisent leurs captures dans une zone où les courants sont plus importants.»
Avec une aide financière de 520 000 $, le RPPSG pourra développer un tout nouveau journal de bord national par flottille, incluant notamment l’ajout de nouveaux formulaires pour la déclaration des interactions avec les mammifères marins ainsi que la déclaration de perte et de récupération d’engins de pêche.
L’entreprise 9182-7683 Québec inc. (Yan Bourdages) bénéficie d’une première somme de 90 000 $ pour l’achat et l’installation d’un système de monitorage Simrad Trawl Eye sur le bateau de pêche à la crevette MERIDIAN 66. Il s’agit d’une nouvelle technologie utilisée pour améliorer l’efficacité de la pêche et la durabilité environnementale. Une deuxième enveloppe de près de 100 000 $ est octroyée à l’entreprise pour l’achat et l’installation d’un système de monitorage Marport M5 sur le crevettier AMÉLIE-ZOÉ II.
Par ailleurs, près de 100 000 $ sont consentis à Pêcheries Desbois et filles pour l’achat et l’installation d’un système de monitorage Marport M5 sur le bateau de pêche à la crevette ROYALE III. Enfin, Pêcheries Mario B. bénéficiera d’un soutien de plus de 95 000 $ pour acheter et installer un système de monitorage Simrad Trawl Eye PX MK2 sur le crevettier MARIO B. 1.
Les systèmes Simrad et Marport sont des échosondeurs avec hydrophone qui améliorent l’efficacité de l’effort de pêche en donnant des renseignements sur la meilleure séquence de capture. Ce système permet aussi d’assurer la géométrie et la symétrie du chalut, de visualiser le positionnement du chalut et des panneaux, tout en évitant le contact avec le fond marin.
LE FONDS DES PÊCHES
Lancé en 2019, le Fonds des pêches du Québec est d’une durée de cinq ans. Les contributions des deux gouvernements à ce fonds totalisent 42,8 millions $. Le Fonds vise à soutenir des projets dans les domaines de l’innovation, des partenariats scientifiques, des pêches commerciales, de l’aquaculture et de la transformation. Les projets soutenus contribuent notamment à positionner le secteur du poisson et des fruits de mer au Québec, en vue d’une croissance continue à long terme.
Pour le ministre André Lamontagne, l’innovation se traduit par des façons de faire et les outils utilisés. «Quand on innove, c’est de faire les choses différemment pour être plus productif, pour mieux répondre à un besoin, et d’anticiper des changements dans nos communautés. Quand on parle d’innovation dans le secteur des pêches, il y a une question environnementale, de changements climatiques, de compétitivité avec ce qui se fait ailleurs, d’outils qu’on utilise pour aller chercher la ressource. Ça se décline de différentes façons.»
23 % DU FONDS ACCORDÉ EN TROIS ANS
Du 24 avril 2019 au 15 octobre 2021, 125 demandes de financement ont été reçues par le Fonds des pêches du Québec, dont 59 ont été approuvées, pour une valeur de 9,2 millions $ et pour un investissement total qui générera 20,5 millions $. Par ailleurs, 15 projets sont en processus d’approbation ministériel pour une valeur totale de 2,5 millions $. Parmi les autres projets déposés, 27 étaient non admissibles, dont 8 ont été retirés par les promoteurs, et 24 autres sont en cours d’analyse ou en attente d’information du demandeur.
Selon le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, environ 23 % du montant total disponible dans le Fonds des pêches a été accordé. «Ici, au Québec, ça a commencé un peu plus tard, précise André Lamontagne. C’est sûr que la pandémie n’a pas aidé. Mais, chaque fois qu’on investit, c’est un plus pour nos pêcheurs et pour nos industries. L’intention est de faire en sorte de leur donner un maximum de soutien. J’appelle tous nos pêcheurs, nos industriels, nos centres de recherche à nous présenter le plus de projets possible et on va s’empresser de les analyser et de les accepter. Parallèlement à ça, dans certains cas, on est en discussion avec nos collègues du gouvernement fédéral pour voir si on ne pourrait pas changer un petit peu ou varier un peu certaines sémantiques du programme qui pourraient peut-être nous donner accès à davantage d’opportunités.»
DES MINISTRES FIERS
Lors de l’annonce, Mme Lebouthillier a insisté sur l’importance du secteur des pêches pour la Gaspésie. «C’est majeur, c’est primordial sur le plan du développement économique, a soutenu la députée qui est aussi ministre du Revenu national. Quand je suis à Ottawa, tout le monde est content de manger du homard, du crabe, de la crevette et du poisson. Mais souvent, on ne pense pas nécessairement à tous les gens qui sont derrière cette industrie-là. Dans un milieu comme le nôtre, où les gens travaillent fort, d’avoir des annonces comme celle-là, qui font en sorte qu’on a de meilleures façons et des outils pour pêcher, qu’on a une meilleure qualité de produits, c’est extraordinaire. On peut être fier des produits qu’on a.»
Lors de son allocution, le ministre Lamontagne a rappelé que 80 % des produits pêchés au Québec sont exportés. Selon lui, la qualité des produits provenant du Québec est reconnue, alors qu’en revanche, les produits importés sont souvent de piètre qualité. Par conséquent, il souhaiterait que la tendance soit renversée afin que les consommateurs et les restaurateurs puissent s’approvisionner davantage en produits marins québécois. Il s’est dit néanmoins heureux de constater que «la pandémie a apporté une prise de conscience additionnelle des consommateurs pour l’importance d’encourager l’achat local».
Le ministre responsable de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine s’est dit plutôt fier de cette annonce. «Ça démontre un dynamisme des entrepreneurs de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, a souligné Jonathan Julien. Quand on parle de la pêche et de la Gaspésie, c’est comme des synonymes. Honnêtement, je vois beaucoup de potentiel. Aux gouvernements fédéral et provincial, tout ce qu’on fait, c’est de venir vous appuyer, et c’est tellement plus facile d’appuyer des gens qui sont dynamiques, créatifs et qui ont des idées. On va continuer de vous appuyer parce que vous êtes la fierté de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. C’est facile de travailler avec vous.»
INVESTISSEMENTS – pages 28 et 29 – Volume 34,5 Décembre 2021-Janvier 2022