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Fruits de Mer du Québec : des produits gaspésiens déferlent sur le Québec

Faire connaître la Gaspésie dans les marchés d’alimentation du Québec en y offrant des produits de la mer qui font sa renommée, voilà l’idée derrière Fruits de Mer du Québec. Avec moins de 30 comptoirs congelés qu’elle comptait il y a un an, l’entreprise de Grande-Vallée vise un objectif de 350 comptoirs installés dans toutes les régions d’ici la fin de l’année. Avant de démarrer ses activités, l’entreprise a été créée à la suite d’un projet pilote mis de l’avant en juin 2017. L’idée a germé dans la tête de Dary Côté de Grande-Vallée, alors qu’il travaillait dans le domaine de la construction à Saint-Jérôme, dans Les Laurentides. Comme il retournait régulièrement dans sa Gaspésie natale, des amis et collègues de travail lui demandaient souvent de leur rapporter du poisson et des fruits de mer. «Un moment donné, j’ai monté pour 5 000 $ de poisson», se souvient-il. Or, après avoir vérifié dans les épiceries, M. Côté a constaté que l’offre pour ce type d’aliments typiquement gaspésiens était pauvre, alors que la demande était là.

LA NAISSANCE DU PRODUIT

Le trentenaire, qui était plutôt las de travailler dans la construction, s’est aperçu qu’il aimait vendre du poisson et qu’il avait le goût de continuer à le faire. «J’ai fait un meuble, j’ai acheté un vieux congélateur et je l’ai habillé, raconte Dary Côté. J’ai dit à ma conjointe que j’essaierais d’installer ça dans un marché. J’ai réussi à rentrer ça dans une boucherie à Saint-Jérôme. Puis, j’ai montré mon projet à une autre personne et j’en ai bâti un autre. Je l’ai rentré dans un Provigo à Saint-Lin, puis quelques autres dans des IGA indépendants. Je faisais tout de A à Z. C’est comme ça qu’est née l’idée.» «Les débuts ont été difficiles, se rappelle le promoteur. Le monde ne croyait pas du tout au projet. On n’était pas les clients numéro un. De fil en aiguille, on a réussi à bâtir des relations d’affaires avec les fournisseurs. Au début, on achetait 100 à 200 livres de poisson. Cette année, on va acheter 500 000 à 600 000 livres! On commence à être un joueur intéressant. On est partout au Québec!» Des usines de transformation de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord le fournissent en approvisionnement.

LA CROISSANCE

L’entreprise dispose actuellement de 240 comptoirs et a signé un contrat d’exclusivité avec la bannière IGA. Elle transige aussi auprès de plusieurs épiciers indépendants. Le dirigeant envisage une pénétration de la marque dans les autres bannières de la compagnie Sobeys, soit les marchés Tradition, Bonichoix et Omni. «Mais, ce ne sont pas tous les magasins qui ont l’espace pour avoir un tombeau», indique-t-il. Il ajoute que certains supermarchés Provigo et Metro sont aussi intéressés par ses produits.Devant l’engouement pour la marque, le président de Fruits de Mer du Québec s’est adjoint d’un vice-président. Il s’agit de l’ex-maire de Grande-Vallée, Denis Fortin. L’entreprise compte sur deux autres employées, dont l’une vient d’être engagée aux ventes. Si l’entreprise ne crée que quatre emplois directs, le patron estime cependant le nombre d’emplois indirects à 70.

UN PREMIER PRIX

Le premier prix de l’Association des détaillants en alimentation du Québec a été décerné, à la mi-novembre à Gatineau, à Fruits de Mer du Québec, qui s’était classée parmi neuf autres finalistes québécois. C’est à l’issue des votes de représentants de bannières telles que Metro, Provigo et IGA que l’entreprise gaspésienne a été déclarée grande gagnante. Selon Dary Côté, ce prix a contribué à un développement fulgurant. «Ça a été exponentiel, soutient le président. Ça a fait boule de neige. C’est ça qui nous a fait connaître le plus. Depuis, l’expansion va vite.» En effet, M. Côté constate un intérêt croissant pour ses produits. «La répétition des achats est là, se réjouit-il. Aujourd’hui, le consommateur vise beaucoup les produits québécois. Il veut savoir d’où vient son produit.» L’entreprise souhaite donc miser sur la proximité avec les consommateurs. Éventuellement, le client pourra également savoir dans quelle zone et sur quel bateau son poisson a été pêché. Des conseils sur la façon de cuisiner le produit lui seront donnés et des recettes gaspésiennes lui seront proposées. «On veut faire découvrir la Gaspésie au national», espère l’homme d’affaires.

DES COMPTOIRS ATTRACTIFS

Le marketing de Fruits de Mer du Québec s’articule beaucoup autour de ses comptoirs, aussi appelés «tombeaux». Celui-ci est un congélateur habillé d’un caisson de bois fabriqué par un artisan de la Gaspésie et dont la matière première est prélevée sur une terre de Grande-Vallée et transformée dans un moulin de l’endroit. Un téléviseur faisant défiler des scènes de pêche surmonte chaque tombeau. Une fois livré et installé en magasin, chaque comptoir aura coûté, en bout de piste, environ 3 500 $. Jusqu’à maintenant, un total d’environ 1 million $ a été investi dans l’entreprise. «Avec l’achat de comptoirs à chaque semaine, ça va tellement vite», lance Dary Côté. «On met vraiment en valeur les produits», souligne le président de Fruits de Mer du Québec. Les comptoirs regorgent de morue, de turbot, de crevettes, de flétan, de pétoncles, de bajoues de morue, de planchettes de poisson fumé, de boules à la morue et de coquilles de gratin des Îles-de-la-Madeleine. «Tous nos produits se démarquent: ils sont thermoformés et emballés sous vide, décrit-il. On met vraiment beaucoup d’attention sur chaque emballage, qui représente un village de la Gaspésie avec toute son histoire en arrière du paquet.» «C’est toujours en portion pour deux personnes pour satisfaire les consommateurs comme les personnes âgées et les étudiants, continue l’entrepreneur. On ne veut pas vendre en grosse quantité.» Il donne comme exemple son emballage de sept à huit pétpncles qui se vend   15,99 $. Il estime qu’une telle portion est beaucoup plus intéressante pour certaines clientèles que les pétoncles vendus en  portion de 454 grammes qui peuvent se détailler 40 $.

PROJET D’EXPORTATION

Si la promotion de Fruits de Mer du Québec gravite principalement autour de l’image de la Gaspésie, la fabrication des outils de commercialisation n’en est pas pour autant toute gaspésienne. L’impression du lettrage sur les tombeaux est réalisée à Blainville. Aussi, la matière première est emballée dans une usine de Drummondville qui respecte toutes les normes de contrôle de qualité. «Avec une usine comme ça, on pourrait même, demain matin, décider d’exporter en Europe», indique Dary Côté. L’exportation est d’ailleurs dans les cartons de l’entreprise à court terme soit, pas plus tard qu’à la fin de 2020. «Quand les tablettes québécoises seront pleines, on aimerait exporter le produit, mais «brandé» dans nos boîtes Fruits de Mer du Québec, un peu comme Chocolats favoris», illustre le promoteur. S’il est confiant de pouvoir transiger à l’international, c’est notamment parce que cela nécessitera moins d’investissements. «Il n’y aura pas de comptoirs en exportation, explique M. Côté. On va envoyer ça par conteneur dans les boîtes Fruits de Mer du Québec. On vise d’abord l’Europe, dans la langue française pour commencer.»

UNE GRANDE FIERTÉ

Le président de l’entreprise gaspésienne rappelle que l’exportation représente un marché énorme. «Ça pourrait être un beau fleuron pour le Québec», s’amuse à rêver Dary Côté, qui ne peut cacher sa fierté. «Dans la vie, on n’a rien pour rien», croit-il. Des fois, il y a des gens qui ont une bonne idée et ils décrochent parce qu’ils croient qu’ils ne seront pas capables, que ça ne marchera pas. Quand on a une idée dans la tête, il faut l’essayer. Il ne faut pas juste en parler et en rêver. Moi, je l’ai essayée et je l’ai travaillée 150 heures par semaine pour savoir si ça allait marcher et aujourd’hui, ça marche.» «On est contents, mais on n’est pas millionnaires, continue-t-il. On réinvestit toujours les profits dans l’entreprise […]. On travaille très fort et on met toutes nos énergies dans l’entreprise. La fierté, ce n’est pas l’argent. La fierté, c’est de voir du monde aller acheter nos produits, que ça se répète et que le monde est fier d’encourager des produits de la Gaspésie. Pour le monde, la Gaspésie, c’est quelque chose!»

 

 

COMMERCIALISATION page 17 – Volume 32,4 Septembre-Octobre-Novembre 2019

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