Le nouveau ministre des Pêches et des Océans, Hunter Tootoo, a pour mandat de réinjecter des fonds pour appuyer des programmes de sciences et de contrôle océanographique. L’objectif du premier ministre Trudeau est de protéger la santé des stocks halieutiques, d’appuyer une aquaculture responsable et durable et de contrôler les contaminants et la pollution.
Cela fait dire à Émilien Pelletier, professeur associé à l’ISMER-UQAR, que le MPO retrouve son mandat d’origine de protection de l’habitat et des espèces marines. «Il faut rester prudent, mais ça pourrait signifier la remise en place du laboratoire ou des laboratoires et de la section des sciences environnementales qui étaient partout au Canada, dit-il, mais, en particulier, la section qui était à Mont-Joli, à l’Institut Maurice-Lamontagne. Donc, attendons de voir. Mais, bon, il y a pas mal plus d’espoir qu’il y en avait dans les quatre années précédentes.»
RETRICOTER CE QUI A ÉTÉ DÉTRICOTÉ
Le ministre Tootoo se voit également confier la responsabilité de réinstaurer les mesures de protection éliminées par le précédent gouvernement par ses modifications à la Loi sur les pêches et à la Loi sur la protection des eaux navigables. De plus, de concert avec ses collègues de l’Environnement et des Ressources naturelles, il doit immédiatement passer en revue le processus d’évaluation environnementale des projets d’exploitation des ressources afin de regagner la confiance du public.
C’est une bonne nouvelle pour la Coalition Saint-Laurent, affirme un de ses porte-parole, Jean-Patrick Toussaint, chef des projets scientifiques de la Fondation David Suzuki. «Par exemple, les levés sismiques n’avaient plus à être évalués sous une évaluation environnementale, avec la nouvelle loi, rappelle monsieur Toussaint. Donc, si on peut avoir un retour en arrière ou du moins des évaluations environnementales plus rigoureuses, c’est clair qu’on va s’en sortir gagnant et que nos écosystèmes vont s’en porter mieux.»
De plus, le ministre fédéral des Pêches, Hunter Tootoo, a pour mandat de travailler de concert avec les provinces pour éviter tout chevauchement. Il doit aussi veiller à ce que les décisions se fondent sur la science, les faits et les preuves et desservent l’intérêt public.
À ce propos, le titulaire de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins, Jean-Claude Brêthes, se réjouit de ce que les scientifiques canadiens cessent d’être muselés, comme sous l’ère Harper. Cependant, il prévient qu’il faudra du temps et de l’argent pour reconstituer toutes les équipes scientifiques démantelées par le précédent gouvernement au cours de la dernière décennie. «On peut espérer qu’il y ait des changements, mais ça ne se fera pas non plus du jour au lendemain, commente le professeur en océanographie biologique. Je reste, je ne dirais pas sceptique, mais disons prudent.»
GESTION – page 15 – Volume 28,6 – Décembre 2015 – Janvier 2016