Si l’entreprise Fruits de mer du Québec a commencé modestement, il y a deux ans, en entrant ses comptoirs réfrigérés dans 25 supermarchés IGA, elle en compte aujourd’hui 350 au Québec. Loin de s’arrêter là, ses deux dirigeants d’origine gaspésienne partiront à la conquête des marchés Sobeys de l’Ontario dès le 1er janvier 2021.
«Ça n’arrête pas, lance d’entrée de jeu le président-directeur général de Fruits de mer du Québec, Dary Côté, qui prévoit commencer par 80 comptoirs en Ontario. Mais, on parle d’une possibilité de 400 comptoirs dans la prochaine année.» Pendant ce temps, l’entreprise continuera à développer le marché québécois pour aussi atteindre quelque 400 comptoirs avant la fin de 2021.
Selon les observations de M. Côté, la clientèle ontarienne est différente. «Je me suis promené dans les épiceries là-bas. Ce sont de belles grandes épiceries. Du côté du poisson, on est plus avancés au Québec qu’en Ontario sur la variété et la présentation. On a ciblé 80 gros magasins à volume. On s’attend à ce que ça fonctionne et qu’on puisse réussir à charmer l’Ontario assez rapidement. J’ai hâte de voir!» Puis, dans un horizon de deux ou trois ans, Dary Côté et son associé, Denis Fortin, songent à séduire les clients des épiceries Sobeys de la Colombie-Britannique, où ils prévoient introduire 200 comptoirs.
SEA FOOD CANADA
La marque Fruits de mer du Québec fonctionne bien au Québec, mais pas dans les autres provinces, a constaté Dary Côté. «C’est un produit local au Québec. Au Nouveau-Brunswick, on a présentement des produits de Fruits de mer du Québec et ça ne marche pas du tout. Les gens préfèrent encourager leur monde et c’est normal. C’est ce qu’on veut faire. On est en relation d’affaires, présentement, avec les plus gros fournisseurs du Nouveau-Brunswick. Tout est fait pour que le produit soit local. Donc, en Ontario, ça ne veut pas dire que ça va être la morue du Québec dans les comptoirs. Il faut que le produit soit local partout où il va. En Colombie-Britannique, il y a du saumon sockeye. Si on s’en va là, il va y avoir du saumon sockeye dans nos comptoirs.»
Pour commercialiser ses produits sur le marché hors Québec, l’entreprise a créé une nouvelle division appelée Sea Food Canada. «Les comptoirs sont déjà tous construits», souligne le patron.
Actuellement, les principaux fournisseurs de Fruits de mer du Québec sont Menu-Mer, Les Pêcheries gaspésiennes, Les Crabiers du Nord, Pêcherie Manicouagan et Christian Vigneau aux Îles-de-la-Madeleine. En plus de la morue, du turbot, du flétan, de la crevette, du pétoncle et du poisson fumé, l’entreprise a introduit quelques mets cuisinés, comme les boules à la morue ainsi que la coquille-gratin et le pot-en-pot des Îles.
NOUVELLE GAMME DE PRÊTS-À-MANGER
À la mi-janvier, l’entreprise lancera une nouvelle gamme de prêts-à-manger qui proposera six plats: le «Mac and Cheese au homard», un «Risotto au saumon», «l’Assiette du pêcheur» ainsi que la lasagne, les linguini et le gratin aux fruits de mer. La préparation de ces plats est inspirée de recettes gaspésiennes. «La lasagne, c’est une recette de ma tante Line de Grande-Vallée, fournit comme exemple le P-DG de l’entreprise. On l’a appelée «La lasagne à ma tante Line». IGA a bien aimé le petit clin d’oeil dans ce produit de niche local.» Il s’agit de la recette de la sœur de sa mère, Line Minville. Selon Dary Côté, ces nouveaux produits sont fort attendus. «C’est déjà listé chez IGA. On va rentrer ça en Ontario en même temps.»
Mais avant de commercialiser ces nouveaux plats, l’entreprise effectue actuellement des tests de durée de vie. «On va être les premiers à offrir des produits frais dans le poisson, se réjouit le patron de Fruits de mer du Québec. Par exemple, quand un client va acheter une lasagne aux fruits de mer, elle va être bonne et fraîche pendant 45 jours. Ce n’est pas congelé.» Pour arriver à ce résultat, l’entreprise intègre la nouvelle technologie HPP. Les produits ne se trouveront pas dans le rayon de la poissonnerie, mais dans celui du prêt-à-manger.
IMPACT DE LA PANDÉMIE
Contrairement à plusieurs entreprises, la COVID-19 a eu un puissant impact positif sur Fruits de mer du Québec. «On parle d’au-dessus de 100 % d’augmentation des chiffres, se réjouit l’homme d’affaires. On a été proches de manquer de poisson parce que la pandémie a commencé au printemps, avant la pêche. On a juste eu le temps d’écouler notre stock. Quand la nouvelle pêche est arrivée, on a eu un dieu au-dessus de nous autres parce que tout est arrivé pile-poil!»
Comment expliquer ce phénomène? «Le budget qui était mis au restaurant a servi à se faire à manger à la maison et, en même temps, les gens se sont gâtés en prenant des produits de plus haute qualité, émet M. Côté comme hypothèse. Après ça, il y a eu la vague de l’achat de produits locaux. Quand Legault a fait ses annonces, on voyait nos comptoirs. Ça a fait boule de neige et les ventes se sont mises à exploser. On était en mars, avril et mai. Ce sont de grosses périodes pour le poisson. Le monde mange beaucoup de poisson dans ces périodes-là. Tout ça ensemble a fait un gros changement.»
La crise sanitaire a aussi forcé Fruits de mer du Québec à réfléchir à une méthode visant à éviter la présence d’un représentant en magasin. «On a développé des systèmes de contrôle, explique l’homme originaire de Grande-Vallée. On est en train d’installer des systèmes de caméras dans nos congélateurs pour avoir une idée en direct de notre inventaire et faire notre représentation à distance en temps réel. On gère aussi la température.»
CROISSANCE IMPORTANTE DU CHIFFRE D’AFFAIRES
Avec 500 000 à 600 000 unités de produits vendues, le chiffre d’affaires annuel avoisine actuellement les 7 à 8 millions $. Avec l’introduction des nouveaux prêts-à-manger, la conquête du marché ontarien et les récents investissements, les objectifs de ventes sont estimés entre 12 et 14 millions $ pour 1,1 million d’unités vendues au cours de la prochaine année. Si l’augmentation est significative, Dary Côté garde cependant en tête qu’il y a aussi des coûts associés à une telle expansion. «On prend beaucoup de place rapidement, mais on s’endette aussi rapidement!»
Quoi qu’il en soit, l’homme d’affaires demeure confiant parce qu’il constate un virage en faveur des produits qu’il propose. «Sur semaine, on est toujours en épicerie. On voit les nouveautés et on voit comment ça se passe. On nous dit beaucoup que les ventes de la boucherie baissent et que celles du poisson montent.»
COMPTOIRS ATTRAYANTS
Dary Côté croit que le concept des comptoirs a un effet fortement attractif. «Le nombre de personnes qui s’arrêtent, qui regardent les produits, qui se mettent les mains dedans et qui prennent un produit, c’est impressionnant!» De plus, avec son nouveau système électronique à distance, Dary Côté songe à diffuser des images des plus beaux endroits du Québec dans le téléviseur qui surplombe le comptoir.
«On a des demandes pour deux à trois nouveaux comptoirs par semaine dans les IGA du Québec, ajoute-t-il. On est rendus avec 14 produits. Il y en a qui veulent deux comptoirs pour mettre une belle variété de tous les produits.
L’habillage de ces comptoirs et les planchettes de présentation sont encore fabriqués à Grande-Vallée. En revanche, les locaux de l’entreprise alimentaire ont quitté la Gaspésie. Le bureau des ventes est situé à Saint-Hippolyte, dans Les Laurentides, et l’usine est à Drummondville. «On aurait bien aimé rester à Grande-Vallée. Mais, c’était impossible, avec le volume qu’on a présentement. On n’aurait pas pu continuer, à moins de bâtir une grosse usine flambant neuve. L’usine a 60 000 pieds carrés. C’est énorme! C’est aussi gros que n’importe quelle usine en Gaspésie.»
AUGMENTATION DE LA PRODUCTION
La production et l’emballage se font à l’usine de Drummondville. «Tout est thermoformé à 99,9 % sous vide», précise M. Côté. Une soixantaine d’employés se partagent un quart de travail de jour et un autre de soir. Au milieu de l’an prochain, M. Côté prévoit ajouter un quart de travail de nuit. Par conséquent, l’usine pourrait être en exploitation 24 heures par jour. «On est en train de vérifier pour engager des Mexicains, indique le patron. On n’a pas le choix parce que la main-d’œuvre est quand même assez rare, et la main-d’œuvre mexicaine est compétente.»
Même si l’entreprise compte s’approvisionner en produits marins pêchés dans d’autres provinces, ceux-ci seront toujours transformés et emballés dans l’usine du centre du Québec. «Il va toujours aussi y avoir des produits qui vont partir de la Gaspésie, comme le flétan, la crevette et le turbot», tient à préciser le fondateur de Fruits de mer du Québec.
COMMERCIALISATION – pages 30-31 – Volume 33,5 Décembre 2020-Janvier 2021