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La SODIM et le Regroupement des mariculteurs du Québec réclament un programme d’assurance récolte pérenne du MAPAQ

La SODIM, spécialisée dans le financement des stocks des entreprises maricoles, et le Regroupement des mariculteurs du Québec ont convenu d’unir leurs forces pour réclamer un programme d’assurance récolte pérenne de la part du ministère québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

C’est ce qui découle de la première visite terrain du nouveau directeur général de la Société de développement de l’industrie maricole, Jérôme-Alexandre Lavoie (Pêche Impact, juin 2023), effectuée aux Îles-de-la-Madeleine au début septembre. Il s’étonne de ce que le ministère ait abandonné après une seule année le Programme de compensation financière pour pertes majeures liées à des catastrophes naturelles, mis sur pied dans le cadre du Plan d’action ministériel pour l’industrie maricole 2018-2025, sous prétexte qu’il n’avait reçu qu’une réclamation.

«Pourtant, c’est un programme pour lequel on est justement heureux quand il n’y a pas de demande, souligne M. Lavoie. Et au contraire, quand il y a demande, on est plus inquiet. C’est aussi important d’avoir un programme d’assurance des stocks, tant pour les mariculteurs que pour un partenaire financier comme la SODIM, parce que le financement des stocks – pour toutes les opérations d’élevage jusqu’à la vente des produits – c’est un de nos programmes phares sur lequel on ne prend de garantie. Autrement dit, si les mariculteurs n’ont pas d’assurance récolte pour essuyer leurs pertes, la SODIM écope à son tour advenant leur incapacité à lui rembourser leurs prêts. C’est un enjeu de taille.»

Lors de sa tournée des exploitations aquacoles madeliniennes, Jérôme-Alexandre Lavoie a notamment constaté que certaines d’entre elles ont été particulièrement affectées par le passage de Fiona dans la région atlantique, où elles s’approvisionnent en naissains d’huîtres. Selon la taille de ces huîtres importées du Nouveau-Brunswick ou de l’Île-du-Prince-Édouard, elles sont soit mises en grossissement pour une période d’une à trois années, ou immergées pour un affinage de quelques   semaines, le temps de modifier les caractères organoleptiques des mollusques déjà adultes, tels que leur goût, leur odeur, leur texture ou leur couleur.

«Je n’ai pas de chiffres à donner, mais les difficultés d’approvisionnements en huîtres des Maritimes causées par Fiona vont probablement avoir un impact sur les volumes vendus cette année, indique M. Lavoie. On espère que l’année prochaine ça va rentrer dans l’ordre, mais avec la multiplication des tempêtes et une industrie de l’huître qui est en croissance, l’approvisionnement devient un enjeu énorme, ça c’est clair.»

SOUTENIR L’AUTOSUFFISANCE

Devant ce constat en lien avec les changements climatiques, la SODIM applaudit les efforts de l’entreprise madelinienne Les Huîtres Old Harry qui cherche à développer localement une autosuffisance en production de naissains. «Les tempêtes affectent presque tous les maillons de la chaîne de valeur, relève Jérôme-Alexandre Lavoie. Ça touche tant les sites des Maritimes, que nos producteurs ici, les filières, les équipements. Et donc il faut réduire notre dépendance et s’assurer d’avoir des approvisionnements à gauche et à droite. Il faut diversifier nos approvisionnements pour éviter de mettre tous nos œufs dans le même panier.»

Aux Îles-de-la-Madeleine, trois entreprises maricoles font l’élevage des huîtres et une se spécialise dans la production de moules bleues. Une cinquième est en processus d’incorporation et de demande de permis expérimental pour l’élevage de macroalgues. Le nouveau dg de la SODIM se félicite de la collaboration et l’expertise dont elles bénéficient de la part du biologiste de la direction régionale du MAPAQ à Cap-aux-Meules, François Bourque, qu’il a rencontré pour la première fois en septembre.

«M. Bourque est pour moi une source de connaissances techniques et un collaborateur précieux, affirme M. Lavoie. Ça m’aide à mieux comprendre les enjeux et à mieux soutenir les mariculteurs.»

Sur l’ensemble du Québec maritime, incluant la Gaspésie et la Côte-Nord, la SODIM a sept entreprises actives dans son portefeuille de prêts. Dans son rapport annuel 2022-2023 déposé en juillet, elle fait état d’investissements de plus de 146 000 $ répartis dans trois d’entre elles. «En plus des immobilisations, on finance toutes les phases d’élevage et de grossissement jusqu’à un maximum de 40 % des ventes potentielles», précise le dg de la SODIM.

VOLONTÉ POLITIQUE?

Cela dit, au 31 mars dernier, il ne restait plus que 1,2 M$ dans son fonds d’investissement, dont 800 000 $ en liquidités pour répondre aux besoins des entreprises maricoles démontrant de bonnes perspectives de réussite. À ce propos, Jérôme-Alexandre Lavoie est toujours en attente d’une réponse du MAPAQ à sa demande de recapitalisation de 4,7 M$ sur cinq ans, logée en juin. «On n’a pas eu de suivi officiel. Tout ce qu’on nous a dit c’est que le plan était pris en compte par le sous-ministre adjoint, mais rien de plus. Ça va prendre absolument une volonté politique si on veut consolider l’industrie et faire en sorte qu’il y ait une réelle croissance. Pas seulement des ventes, mais aussi du nombre de joueurs pour atteindre une masse critique de l’offre.»

D’ailleurs, le dg de la SODIM se désole de la lourdeur administrative gouvernementale qui ralentit le processus de démarrage de nouvelles entreprises aquacoles. Dans certains cas, cela peut prendre jusqu’à quatre ans pour obtenir les différentes approbations ministérielles, incluant celles des ministères fédéral et provincial de l’Environnement, de mêmes que de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, de Transports Canada et de Pêches et Océans.

«Il y a un processus au Québec qui très certainement ralentit le développement des entreprises dans le domaine maricole, du fait que ce soit si compliqué d’avoir toutes les autorisations nécessaires pour partir en production ou en phase expérimentale, déplore M. Lavoie. Et ça fait en sorte que ça décourage la relève de s’investir dans l’industrie.»

En 2022, le Québec maritime comptait 22 entreprises aquacoles actives, dont la valeur totale de production avoisinait les 4 M$.

MARICULTURE – page 25 – Volume 36,4 Septembre – Octobre – Novembre 2023

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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