jeudi, décembre 26, 2024
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L’AQIP réclame l’abolition du plan conjoint du homard des Îles-de-la-Madeleine

L’Association québécoise de l’industrie de la pêche (AQIP) mène la charge contre le Plan conjoint du homard des Îles, en place depuis 1991. Dans une requête officielle déposée auprès la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, le vendredi 15 novembre, elle lui demande de suspendre l’application de la convention de mise en marché et du Plan conjoint, voire même de les abolir.

Elle fait valoir que la marge bénéficiaire des six acheteurs qu’elle représente «deviendra nulle» en raison de toutes les «obligations particulières» qui en découlent. Celles-ci incluent les frais de cautionnement et les primes d’assurance associées; les dépenses d’avocats et d’experts pour les séances de négociations et d’arbitrage; de même que les coûts de transport pour acheminer le homard sur les marchés et dont «un pourcentage élevé» est versé aux pêcheurs.

L’AQIP invoque aussi l’émission récente d’un permis d’acquéreur à la Coopérative de pêcheurs des Îles, provoquant un nouveau partage de la ressource, comme élément additionnel contributif à leur difficulté à joindre les deux bouts.

De plus, le directeur général Jean-Paul Gagné souligne que les acheteurs de homard du reste du Québec, des Provinces Maritimes et de Terre-Neuve-et-Labrador n’ont aucune des «obligations particulières» du plan conjoint, alors qu’ils opèrent sur les mêmes marchés que les Madelinots. À cet effet, il soutient que l’esprit de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche «ne permet pas que les obligations contenues dans une convention de mise en marché […] puissent discriminer les acheteurs d’une espèce d’une région donnée, par rapport aux autres acheteurs de la même espèce dans d’autres régions données qui vendent sur les mêmes marchés.»

Aussi les acheteurs représentés par l’AQIP demandent-ils de ne plus être visés par le plan conjoint afin de pouvoir acheter le homard des pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine «dans un libre marché». Pour les satisfaire, Jean-Paul Gagné invite la Régie à se prévaloir des articles 28 et 36 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche qui lui permettent notamment de «suspendre pour toute période qu’elle détermine l’application d’un plan» et  d’«exempter de l’application totale ou partielle […] d’un plan […] toute personne ou catégorie de personnes, ou toute société engagées dans […] la mise en marché d’un produit de la pêche».

La Régie, pour sa part, se limite à nous informer que «cette demande est actuellement en traitement». Quant au président de l’Office des pêcheurs de homard des Îles (OPHÎM), Rolland Turbide, il qualifie de prématurée la requête l’AQIP. À son avis, il doit d’abord y avoir une négociation entre les pêcheurs et les acheteurs, afin de tenter d’aplanir les obstacles à une mise en marché ordonnée du homard. «Ce n’est pas parce que l’AQIP demande l’abolition du plan conjoint qu’il n’est pas un outil valable et nécessaire pour assurer aux pêcheurs d’avoir un juste prix à quai, insiste-t-il. Et normalement, quand il y a un désaccord, on s’assoit pour discuter. Puis, si la négociation échoue, on demande la conciliation plutôt que de sauter directement à l’arbitrage de la Régie. L’AQIP met la charrue devant les bœufs!»

Rendez-vous des homardiers

Par ailleurs, l’OPHÎM a réuni ses membres, cette semaine, pour une activité d’échanges intitulée Le Rendez-vous des Homardiers. C’est la deuxième année consécutive qu’elle tient cet événement, principalement pour les consulter sur divers dossiers administratifs qui sont en branle. Cette fois, l’Office est à mettre à jour sa planification financière quinquennale, pour la période 2025-2029, ce qui l’amène, entre autres, à soumettre à la discussion la pertinence de créer des fonds d’investissement à même la contribution individuelle des pêcheurs de 4¢ par livre de crustacés que chacun capture.

L’OPHÎM envisage la création de deux fonds distincts, dont l’un serait dédié à la recherche scientifique en lien avec la pérennité de la ressource, de même qu’au développement de marchés. Le second, viserait la constitution d’une réserve à des fins d’urgence ou stratégique. «C’est important de sonder les pêcheurs sur nos différents dossiers et projets pour orienter le tir en vue de notre assemblée générale annuelle qui se tiendra en mars, explique la DG de l’OPHÎM, Nadine Cyr. On préfère leur présenter des versions préliminaires en amont, plutôt que d’arriver en AGA et leur recommander l’adoption de faits accomplis.»

D’autre part, l’Office a profité de son Rendez-vous des Homardiers 2024 pour inviter deux conférenciers : l’économiste Gilbert Lavoie, de la firme Forest Lavoie Conseil, et Geoff Irvine, directeur général du Conseil canadien du homard. La présentation de M. Lavoie portait sur le plus récent Feuillet d’information sur les marchés du homard que son entreprise spécialisée en analyses et stratégies du secteur bioalimentaire produit deux fois par année, pour le compte de l’OPHÎM. De son côté, M. Irvine a brossé un portrait des marchés d’exportation du homard canadien et du potentiel de développement.

Analyse de performance

Selon les données relevées par Forest Lavoie Conseil, le prix des exportations canadiennes de homard vivant a connu une hausse en 2024, mais le prix versé à quai aux Îles-de-la-Madeleine était lui-même en baisse. Cette année, le prix des exportations canadiennes était de 10 $/lb, soit le plus élevé des neuf dernières années. En comparaison, le prix moyen pondéré des Îles était de 7,09 $/lb, ce qui représente une baisse pour une troisième année consécutive.

Ainsi, tandis que depuis 2016 le pêcheur madelinot reçoit en moyenne 77% du prix des exportations canadiennes, ce pourcentage a été ramené à 71% en 2024. «Puisque le prix obtenu par les acheteurs était en baisse alors que le prix des exportations était en hausse, ceci signifie que les acheteurs de homard des IDM n’ont pas bénéficié des marchés les plus lucratifs, notamment la Chine, où le prix d’exportation était de 11,78 $/lb», indique Forest Lavoie Conseil.

Cela dit, la firme montréalaise fait aussi remarquer qu’aucun acheteur québécois de homards n’a exporté directement en Chine, bien que ce pays compte pour 24% des ventes canadiennes de homard à l’étranger. C’est potentiellement la raison pour laquelle les pêcheurs des Maritimes reçoivent des prix au débarquement plus élevés qu’aux Îles, ajoute-t-elle. Elle signale d’ailleurs que le prix moyen du marché américain, affiché par le Seafood Price  Current au cours de la saison de pêche de l’archipel, a lui-même diminué cette année. Il est passé de 11,75 $/lb en 2023 à 10,46 $/lb. «Ceci signifie que les exportateurs canadiens ont [généralement] bien performé dans un marché du homard difficile en 2024», conclut Forest Lavoie Conseil.

Elle note enfin qu’en dépit des prises records de 16,1 millions de livres enregistrées dans l’archipel en 2024, leur valeur globale était inférieure à celle des deux années précédentes. Elle est ainsi passée de 118 millions $ en 2022 à 116 millions $ en 2023, puis à 114 millions $ la saison dernière. Cette valeur des débarquements de 2024 est néanmoins la troisième plus élevée depuis neuf ans. Quant au prix moyen pondéré de 7,09 $/lb payé cette année, il était le 4e plus élevé de la période.

Les acheteurs des Îles-de-la-Madeleine performent bien sur les marchés, affirme à ce propos Gilbert Lavoie. Le problème, c’est qu’avec la hausse des débarquements au cours des dernières années, on se sent de plus en plus à l’étroit sur nos marchés traditionnels du Canada et des États-Unis. Et l’enjeu que ça soulève, à la fois pour les acheteurs et les pêcheurs, c’est comment on travaille à développer de nouveaux marchés pour absorber cette croissance des débarquements et continuer à bien performer sur les marchés, et ainsi assurer des revenus intéressants pour chacun dans les prochaines années.»

M. Lavoie, qui œuvre dans le secteur bioalimentaire depuis plus de 35 ans, appelle les pêcheurs et les acheteurs de homard des Îles à enterrer une fois pour toutes la hache de guerre, afin d’unir leurs forces et de rechercher ensemble des solutions structurelles et stratégiques de court terme. Il cite en exemple les producteurs et les acheteurs de pomme de terre «qui voulaient s’arracher la tête» il y a de cela une demi-douzaine d’année, et qui travaillent désormais de pair dans le cadre d’un plan conjoint. «C’est une industrie qui a vécu ses difficultés, mais ils s’en sont sortis quand ils ont compris qu’ils avaient intérêt à travailler ensemble, raconte-t-il. D’ailleurs, dans tous les secteurs où j’ai vu que ça se chicane, à la fin, c’est qu’il y a moins d’argent pour tout le monde.»

MISE EN MARCHÉ – pages 24-25 – Volume 37,5 Décembre 2024 – Janvier 2025

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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