Pour les 150 à 200 participants de l’industrie de la pêche et de l’alimentation, le 4e Salon Fourchette bleue a été l’occasion de célébrer les ressources marines du Saint-Laurent et de valoriser le travail des artisans de la mer, tout en encourageant une consommation locale et responsable au profit de l’économie québécoise. L’événement commercial, qui s’est tenu du 24 au 26 février au Lac-Delage, dans la région de Québec, a aussi permis de reconnaître le succès de la commercialisation du sébaste.
C’est ce que confirme la directrice générale d’Exploramer et organisatrice du Salon Fourchette bleue. Selon Sandra Gauthier, ce succès n’a pas été remarqué uniquement dans les supermarchés Metro, mais aussi dans le marché institutionnel. «L’UQAM [Université du Québec à Montréal], l’ÉTS [École de technologie supérieure] et plusieurs CPE [centres de la petite enfance] ont fait de grandes avancées.»
Travail d’équipe
À son avis, la réussite qui entoure la commercialisation du sébaste est la démonstration que lorsque pêcheurs, transformateurs et acteurs voués à la commercialisation travaillent ensemble à mettre l’accent sur une espèce, c’est vraiment efficace. «C’est plaisant quand tout le monde a envie d’avancer et de mettre la main à la pâte!»
Cette réussite est aussi le résultat de l’importante offensive commerciale lancée par le Salon l’an dernier, qui avait pour but de mettre ou de remettre cette espèce locale dans l’assiette des Québécois et d’en limiter son exportation. Depuis six mois, le sébaste atlantique s’impose dans le marché des produits marins du Québec. Selon la chaîne d’alimentation Metro, les ventes du sébaste auraient atteint 60% de celles du tilapia, qui est un féroce compétiteur.
Pour la fondatrice de Fourchette bleue, la montée en popularité du sébaste ouvre la porte à d’autres espèces. «Le crabe commun est la prochaine espèce qu’on va viser au Québec. Puis les algues ne sont pas loin derrière.» La dirigeante d’Exploramer de Sainte-Anne-des-Monts a d’ailleurs été surprise de l’intérêt des participants au Salon pour les algues.
Seul événement commercial consacré exclusivement aux produits marins du Québec, le Salon Fourchette bleue promeut l’achat local et la diversité des produits marins du Saint-Laurent. Il réunit des pêcheurs, des aquaculteurs, des transformateurs, des industriels et des distributeurs qui viennent à la rencontre de restaurateurs, de poissonniers, de représentants institutionnels et de marchands. Le homard, le crabe des neiges, le crabe commun, la mactre de Stimpson, l’oursin vert, le phoque et les algues marines figuraient parmi les produits vedettes.
Nouvelle méthodologie
Au cours des 15 dernières années, la biomasse du Saint-Laurent a changé. De plus, les pêcheries et les goûts alimentaires des Québécois ont évolué. «On a fait des pas de géant, estime Sandra Gauthier. Il y a 15 ans, on ne parlait pas de manger des algues, des oursins ou de la baudroie au Québec. Il y a des espèces qu’on ne connaissait pas. Maintenant, les gens sont capables de les nommer. C’est le temps de passer à une autre étape si on veut continuer d’avancer.»
C’est dans ce contexte que Fourchette bleue a renouvelé sa méthodologie pour qu’elle soit plus simple, plus démocratique et plus efficace, ce qui lui a permis de réaliser son écoguide annuel et de poursuivre son mandat de valorisation des espèces marines du Saint-Laurent. Cette approche repensée se fonde sur 15 années d’observation et d’expérience ainsi que sur un sondage mené auprès des acteurs du secteur.
Prix
Pour une troisième année consécutive, Exploramer a profité du Salon pour décerner les prix Fourchette bleue. Accompagnée d’un jury composé d’experts des secteurs de la pêche, de la transformation, de la mise en marché et des communications, l’équipe de Fourchette bleue a désigné des lauréats dans quatre catégories. Encore une fois cette année, la cérémonie a laissé place à de grandes émotions parce que, selon Mme Gauthier, c’est le seul moment où les artisans de l’industrie de la pêche sont félicités.
Le prix Capture et cueillette de produits marins du Québec 2025 a été décerné à Varech Phare Est de La Martre. Dans la catégorie Transformation des produits marins du Québec, le prix a été remis à Chasse-Marée de Rimouski. La cheffe de production des Services alimentaires de l’UQAM, Mélanie Gélinas, a reçu le prix Mise en valeur de produits marins du Québec. Enfin, dans la catégorie Coup de coeur du jury 2025, le prix est revenu au chasseur, boucher, cuisinier et formateur Réjean Vigneau des Îles-de-la-Madeleine. Selon Mme Gauthier, le lauréat n’a pu s’empêcher de verser quelques larmes.
Plus gros salon
À l’issue du 4e Salon, les participants ont souhaité que l’événement prenne de l’ampleur. «Après quatre ans, on est prêt à monter d’un échelon et à accroître la taille du Salon, confirme Sandra Gauthier. On pourrait aller chercher plus d’exposants, plus de pêcheurs et plus d’acheteurs.»
Pour la première fois, des représentants d’Agriculture Canada étaient présents au Salon. «Ils étaient là pour voir comment Agriculture Canada pouvait s’insérer dans une meilleure commercialisation des produits marins du Québec, précise Mme Gauthier. Comme directrice générale d’Exploramer et de Fourchette bleue, j’ai senti qu’on venait de monter une couple de marches tout d’un coup!»
COMMERCIALISATION – page 27 – Volume 38,1 Février-Mars-Avril 2025