Le Chantier naval Forillon a récemment fait l’acquisition des actifs principaux des Entreprises maritimes Bouchard. Par cette transaction, le chantier naval de Gaspé a mis la main sur les bâtiments situés dans le parc industriel de Rivière-au-Renard, les équipements de production et le matériel roulant. Le montant de la transaction n’a pas été divulgué.
En ayant vendu ses actifs au Chantier naval Forillon, les Entreprises maritimes Bouchard voient leur nom disparaître au profit de la raison sociale du nouvel acquéreur. Le Chantier naval Forillon se décline maintenant en deux divisions : celle de Gaspé et celle de Rivière-au-Renard.
PRODUCTION ACCRUE
En opérant sur deux sites distincts, le Chantier naval Forillon renforcera ainsi sa capacité de production. «Le but est de produire plus et le site de Rivière-au-Renard est incroyable», résume le président-directeur général du Chantier naval Forillon, Jean-David Samuel. La mise à l’eau des navires se trouve maintenant facilitée par une cale de halage et un ber cavalier, mieux connu sous le nom de grue-portique. «C’est beaucoup plus simple pour sortir les bateaux», se réjouit le patron.
Pour le directeur de la division de Rivière-au-Renard, Georges Tapp, la proximité́ des deux sites permettra de combiner les forces pour une efficacité́ accrue.
EXPANSION
«On était en expansion et la croissance était dans nos plans, explique M. Samuel. Donc, on se demandait si on devait construire ici [à Gaspé] ou si on faisait une acquisition. Or, l’opportunité s’est tout simplement présentée.»
En élargissant ses activités, le chantier naval de Gaspé contribue à diversifier l’économie locale et à dynamiser le milieu, de l’avis de Georges Tapp. «En collaborant avec les entreprises locales, nous souhaitons renforcer l’écosystème maritime de Rivière-au-Renard.»
CARNET DE COMMANDES BIEN REMPLI
Selon les nouveaux acquéreurs, la localisation avantageuse du nouveau site facilitera le service pour le marché de l’est du Canada, notamment les entreprises de pêche, les armateurs privés et les sociétés d’État, tout en répondant aux besoins croissants de la Stratégie nationale de construction navale du gouvernement fédéral. «Il y a énormément de contrats et de projets, dont pour des traversiers, précise le pdg. Les pêches ne vont pas très bien. Mais, ça va très bien dans le milieu maritime et il n’y a pas beaucoup de chantiers. Donc, de notre côté, on ne peut pas se plaindre!»
L’entreprise œuvre actuellement à un contrat d’envergure signé en octobre 2023. Il consiste dans la construction du premier navire hybride de la Garde côtière canadienne, au coût de 55,5 millions $. Le semi-hauturier sera conçu pour les pêches ainsi que pour les sciences océanographiques et hydrographiques. Des employés du chantier maritime sont déjà affairés aux plans et à la planche à dessin, pour un début de construction planifié l’année prochaine. La livraison du navire est prévue en 2027.
CAMPAGNE DE RECRUTEMENT
L’équipe de la division de Rivière-au-Renard est passée de 7 employés à 18. À moyen terme, elle devrait atteindre environ 40 travailleurs. Du côté de la division de Gaspé, ils sont actuellement 90 employés.
Si cet achat permet au Chantier naval de compter sur une main-d’œuvre diversifiée, il n’en demeure pas moins que plusieurs postes vacants sont à pourvoir, tout autant que ceux créés par la fusion des deux entreprises. En mai, le chantier maritime de Gaspé a lancé une importante campagne de recrutement à travers le Québec.
UN PEU D’HISTOIRE
Les Entreprises maritimes Bouchard sont établies à Rivière-au-Renard depuis 1986. Initialement spécialisée dans la réparation de bateaux de pêche, l’entreprise avait développé une expertise dans la construction et la réparation navales au sein du plus grand port de pêche du Québec.
Créé en 1952, le Chantier naval Forillon se spécialise dans la construction et la réparation de bateaux. De 2017 à aujourd’hui, le nombre d’employés a doublé, passant d’une cinquantaine à une centaine. En 2018, l’entreprise est passée entre les mains de Jean-Daniel Minville, Jean-David Samuel, Pierre-Émile Côté et Jean-Nil Poirier-Morissette. Grâce à sa situation géographique bordée par le golfe du Saint-Laurent, le chantier peut accueillir des navires côtiers et océaniques d’un poids pouvant atteindre 800 tonnes. Ses principaux clients sont des armateurs de l’est du Canada.
DERNIÈRE LIVRAISON
La dernière livraison du Chantier naval Forillon a été le SAN MARCO VII. Sorti de la cale sèche en juillet, le bateau de pêche hybride et à la fine pointe de la technologie a coûté plus de 8 millions $. Sa construction a duré 8 mois. D’une longueur de 24 mètres, il peut supporter des charges de 300 000 livres de sébaste ou de 70 000 livres de crabe des neiges. En à peine deux jours, il peut se convertir d’une pêche à l’autre, soit avec des casiers ou avec des chaluts.
Pouvant accueillir une dizaine d’hommes, son intérieur luxueux est pourvu d’une cuisine, d’une salle à manger, du réseau wifi et de la télévision par satellite. Largement fenestrée, la timonerie a été entièrement repensée pour être plus performante, tant sur les plans mécanique et ergonomique que de la pêche et du confort.
NOS CHANTIERS NAVALS – page 8 – Volume 37,4 Septembre-Octobre-Novembre 2024
