mardi, avril 1, 2025
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Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie digère mal les permis exploratoires émis dans la zone 19

O‘neil Cloutier, directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, digère encore mal, à quelques semaines du début de la saison de capture du homard, l’absence de consultation ayant marqué la dévolution par Pêches et Océans Canada de 52 permis exploratoires dans la zone 19, du côté nord de la Gaspésie et dans l’est du Bas-Saint-Laurent.

Ces permis se traduiront par l’ajout de 7 750 casiers entre Cap Gaspé et Bic, à l’est de Rimouski. À cette somme s’ajouteront 18 permis exploratoires dans la zone 17, de l’île d’Anticosti, porteurs de 4 500 casiers supplémentaires. Ce sont donc 12 250 casiers de plus qui se juxtaposeront à la capacité précédente de capture dans tous ces secteurs.

«Dans le total de 52 permis exploratoires pour la zone 19, il y a 17 permis de 250 casiers pour les autochtones, pour un total de 4 250 casiers. De plus, on avait indiqué, au Regroupement, ne pas vouloir de permis exploratoires dans la partie commerciale de la zone 19, là où on retrouve huit homardiers entre Rivière-Madeleine et Cap Gaspé. C’est une zone longue, mais très étroite. De plus, Pêches et Océans Canada n’explique pas pourquoi les permis exploratoires autochtones comptent 250 casiers   et les autres, 100 casiers», déplore O’neil Cloutier.

Ces explications seraient pourtant justifiées, selon lui, compte tenu que les quatre permis exploratoires accordés en 2023  dans le secteur compris entre Rivière-à-Claude, à l’ouest de Mont-Louis, et la rivière Tartigou, à l’est de Baie-des-Sables, étaient caractérisés par la dévolution de 100 casiers. En 2025, ces quatre permis compteront aussi 100 casiers.

«Le processus de décision, sans explication, est un peu loufoque», dénonce M. Cloutier.

Dix autres permis autochtones seront situés dans la partie exploratoire de la zone 19, c’est-à-dire à l’ouest de Mont-Louis.

En plus des 17 permis alloués aux Premières Nations, 34 autres sont attribués aux pêcheurs commerciaux de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent ayant connu des difficultés dans la capture d’autres espèces.

De bonnes nouvelles pour le relevé post-saison

D’autre part, les relevés post-saison effectués par l’équipe scientifique du Regroupement ont donné de bons résultats, précise O’neil Cloutier. Cette évaluation de fin d’été est effectuée depuis 2012.

«Le relevé post-saison a été très bon. On a rajouté deux relevés, un dans la zone 21A, entre Bonaventure et Carleton, pour une deuxième année, et un relevé dans la zone 19, au nord de la Gaspésie, où c’était aussi une deuxième année. Dans les deux cas, les relevés sont excellents», insiste M. Cloutier, à propos de l’abondance des homards de plusieurs classes d’âges.

Il aurait aimé que le ministère des Pêches et des Océans (MPO) fasse aussi une évaluation dans le nord de la Gaspésie et dans la partie est du Bas-Saint-Laurent, précisément dans la partie exploratoire de la zone 19, pour corroborer des données recueillies par le Regroupement.

«Le MPO a choisi de faire un relevé avec sa drague à patins dans le sud de la Gaspésie, de l’ouest de la Baie-des-Chaleurs à Cap Gaspé. Nous avons été étonnés de ça. On aurait pensé qu’ils l’auraient fait dans la zone 19, secteur exploratoire, pour faire une évaluation précise. Ça nous laisse croire que la décision politique d’accorder les permis exploratoires était prise. Ils (les gestionnaires du ministère) n’utilisent pas la nouvelle drague, comme s’ils ne voulaient pas savoir ce que la zone 19 renferme. Le Regroupement est inquiet pour la pérennité de la ressource dans cette zone», déplore M. Cloutier.

Les tarifs américains

L’imposition possible par le gouvernement américain de tarifs douaniers de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis à compter du 2 avril fait craindre une baisse de prix pour les homardiers en 2025.

«On sait très bien que c’est le premier maillon de la chaîne qui absorbe le coup avant les autres maillons. Les pêcheurs sont donc en position vulnérable pour subir une baisse de prix. Quel sera l’impact, le temps que ça va durer, l’effet du taux de change, le pourcentage du tarif? C’est difficile à dire. Ce ne sera peut-être pas 25 %. Il (le président Donald Trump) met une tarification, ce qui réduit la valeur de l’argent canadien, et augmente la plus-value du produit exporté. La dévaluation de notre dollar, si ça couvre le tarif en    partie, c’est tant mieux», analyse O’neil Cloutier.

Les prises de homard le long de la côte est américaine ont diminué considérablement depuis la dernière décennie. Elles ont déjà atteint près de 200 millions de livres lors des meilleures années, au cours desquelles le crustacé était capturé jusque le long du littoral de l’État de New York. Maintenant, les prises sont essentiellement concentrées le long des côtes du Maine.

Entre 2021 et 2024, les prises annuelles de homard au Maine ont fléchi de 111 millions à 86 millions de livres. C’est une chute de 22,5 %. Toutefois si on revient à 2015, alors que les captures dépassaient 120 millions de livres seulement au Maine, cette chute atteint 30,6 %. En incorporant les autres états qui ont pratiquement perdu le homard, la baisse dépasse 50 %.

«Les Américains ne sont pas en mesure de répondre à leurs propres besoins. Est-ce qu’il y aura un tarif sur les produits marins? C’est une autre question qui demeure en suspens. Vont-ils s’en priver? Pour employer un autre exemple touchant le secteur forestier: ils sont capables de couper plus de bois dans les grandes forêts américaines, mais il n’y a plus personne pour le faire! Dans le homard, ils ne pourront pas le faire. Il n’y a pas de moyens de pêcher au Maine le même volume de homard qu’avant. La ressource ne le permet plus», assure O’neil Cloutier.

Manque de consultation

Le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie déplore d’autre part que Pêches et Océans Canada n’ait pas tenu compte des connaissances et de l’avis de son groupe avant de statuer sur l’émission d’un grand nombre de permis exploratoires dans la zone 19, en particulier la portion commerciale.

«Dans la partie commerciale de la zone 19, le nombre passe de 8 à 15 pêcheurs, puisque le ministère ajoute l’équivalent de 7 permis de 250 casiers. Les 8 homardiers de ce secteur étaient restés à 250 casiers, comparativement à 235 du côté sud quand la décision a été prise de réduire l’effort de pêche dans les zones vulnérables. La zone 19 n’était pas considérée fragile», précise M. Cloutier.

«Jusqu’à maintenant, il n’y avait pas de problème parce que les homardiers évoluent sur une mince bande de littoral. À cet endroit, quand on s’éloigne de la côte, c’est profond rapidement et il n’y a pas de homard à cette profondeur. On ne peut accepter de doubler l’effort de pêche. Il n’y a pas de place pour mettre les casiers dans l’eau», explique O’neil Cloutier.

Il n’a conséquemment pas l’impression que les membres du Regroupement sont considérés comme des partenaires par Pêches et Océans Canada.

«On l’est de moins en moins. Dans le processus de consultation au sujet des  permis exploratoires, on a été consultés en dernier. Les autochtones le savaient depuis mars 2024, qu’il y aurait des permis exploratoires. De notre côté, la consultation est venue les 15 et 16 octobre», souligne-t-il.

O’neil Cloutier avait déjà compris à ce moment que des permis exploratoires seraient accordés un peu partout dans la zone 19, mais l’ampleur du nombre n’était pas annoncée. Le portrait s’est précisé le 5 décembre quand la ministre Diane Lebouthillier a confirmé qu’il y aurait un plan d’attribution des permis.

«Le 19 décembre, l’annonce des permis a été effectuée et ça touche une zone où les connaissances du ministère sont très limitées. On débarque avec 7 750 casiers supplémentaires comme effort de pêche sans vérification scientifique préalable, après avoir manqué une occasion de le faire avec la drague à patins du ministère l’an passé et sans que le Regroupement soit entendu. Alors non, on n’a pas l’impression d’être des partenaires de Pêches et Océans Canada», explique M. Cloutier.

«Le homard ne sauvera pas le secteur de la crevette. On sympathise avec les crevettiers, mais le ministère est toujours en retard dans ses décisions. Il avait une chance de les aider en ouvrant la pêche au sébaste avant 2024 et en donnant aux crevettiers plus que 10 % du quota. Mais la ministre (Diane Lebouthillier) a cédé devant les pressions des grandes compagnies des Maritimes», conclut-il.

Source : Pêches et Océans Canada           Source : pêches et Océans canada

LA GASPÉSIE – pages 8-9 – Volume 38,1 Février-Mars-Avril 2025

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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