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Le stock de sébaste explose et la reprise d’une pêche commerciale limitée est imminente

La biomasse de sébaste du golfe du Saint-Laurent, rebâtie grâce aux cohortes 2011, 2012 et 2013, est évaluée à 2,5 millions de tonnes métriques. Selon Hugo Bourdages, biologiste à l’Institut Maurice-Lamontagne (IML) de Mont-Joli, c’est trois à cinq fois plus que ce qu’on a connu aux beaux jours de la pêcherie, dans les années 1970-1980. Les poissons nés en 2011, dont la moitié atteindra la taille commerciale de 22 centimètres cet été, comptent eux-mêmes pour 80 % de la biomasse totale du stock.

«C’est du jamais vu!, s’exclame M. Bourdages. Rapidement, dans deux, trois ans, les poissons de la cohorte 2011 – qui est énorme, cette cohorte-là – vont tous être en âge de se reproduire. Donc, l’augmentation va être quasiment exponentielle, de la biomasse des poissons de plus de 22 centimètres.»

D’autre part, le biologiste de l’IML précise que le sébaste ne commence à se nourrir de crevettes que lorsqu’il atteint les 20 centimètres. Ainsi, bien qu’accéléré ces dernières années à cause du poisson rouge, le déclin du stock de crustacés était déjà observé depuis 10 ans en raison du réchauffement des eaux profondes, dit-il. «Puis, on voyait aussi que le recrutement était faible. Donc, un faible recrutement et une augmentation de la température, pour une espèce – la crevette nordique qui est une espèce d’eau froide – bien, c’est deux choses qui contribuaient à la diminution.»

Au plus fort de la pêche au sébaste dans le golfe, dans les années 1970, les débarquements annuels moyens totalisaient les 80 000 tonnes métriques; un volume qui a chuté du quart au cours de la période 1980 à 1992. En comparaison, dans le cadre de la pêche indicatrice de suivi scientifique, amorcée en 1998, trois ans après le décret du moratoire, les captures n’étaient plus que de 500 tonnes   par année, sur une possibilité de 2 000 tonnes.

LEVÉE DU MORATOIRE

Or, les nouvelles données scientifiques sur l’abondance extraordinaire du stock du golfe du Saint-Laurent permettent maintenant d’anticiper, dès cette année, la levée de ce moratoire vieux de 23 ans. C’est le consensus auquel sont parvenus les membres du groupe de travail réunissant les représentants de l’industrie du Québec, de Terre-Neuve & Labrabor et des Maritimes, lors d’une rencontre qui se tenait à Montréal les 26, 27 et 28 mars. Les membres du GEAC (Groundfish Enterprise Allocation Council), dont Madelipêche, en étaient à leur dernière de six rencontres de planification des stratégies de gestion de la ressource, réunissant également les   gestionnaires et scientifiques du ministère des Pêches et des Océans.

Selon Paul Boudreau, gestionnaire de Madelipêche, le quota 2018 serait ainsi établi à 7 500 tonnes métriques, et passerait à 10 000 tonnes en 2019. Cette stratégie de reprise graduelle de la pêche commerciale au sébaste doit encore être validée en comité consultatif de gestion, à Halifax, le 10 mai. «Le poisson sera encore trop petit, cette année, pour justifier d’importants investissements sur les chaînes de transformation en usine, précise M. Boudreau. Mais, on ne peut pas développer une pêcherie sous moratoire. C’est pourquoi nous parlons d’une reprise graduelle, pour donner à tous le temps de se préparer; pour permettre aux pêcheurs de s’adapter aux engins pélagiques, par exemple, et pour traiter de petits volumes en usine pour faire des échantillons afin de tester le marché. Le poisson peut être fileté à la main ou, au besoin, Madelipêche pourrait remonter la fileteuse dont elle dispose toujours.»

LES USINES SERONT PRÊTES

L’entreprise de Cap-aux-Meules était le plus important employeur des Îles-de-la-Madeleine avant la crise du poisson de fond, avec 500 travailleurs d’usine et une soixantaine de membres d’équipage. Son allocation d’entreprise représentait 30,11 % des quotas alloués aux flottes de 65 pieds et plus, appartenant aux membres du GEAC, dans l’Unité 1 du golfe. Ce taux baissait à 25 %, quand on englobait les bateaux de moins de 65 pieds.

Paul Boudreau indique que la part historique de Madelipêche correspond à 80 % des contingents québécois de l’Unité 1, incluant ceux de pêche compétitive réservés aux moins de 65 pieds. L’entreprise détient aussi un accès marginal à l’Unité 2 et à l’Unité 3 hors golfe. De plus, les zones 3Pn-4Vn, à l’entrée du Golfe, s’ajoutent aux zones 4RST de l’Unité 1 de janvier à mai.

Pour leur part, les dirigeants des usines LA Renaissance des Îles et Fruits de Mer Madeleine affirment que leurs installations respectives seront prêtes pour une transformation à plus grande échelle dès que la taille du poisson le justifiera. «On va être prêt quand il le faudra», assure Lynn Albert, PDG des usines de Gros Cap et de Grande Entrée. «Nous avons déjà ciblé nos équipements et fait nos plans, enchaîne Pierre Déraspe, directeur général de l’entreprise de L’Étang-du-Nord. On parle d’un investissement de 4 millions $ qui prendra de six à sept mois à déployer.»

L’ISLANDE COMME MODÈLE

Entre temps, une délégation de représentants de Merinov, de Pêches et Océans Canada, de pêcheurs et de l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec a participé à une mission d’exploration de cinq jours sur le sébaste, en Islande, à la fin février. Le groupe était composé de huit personnes, dont trois Madelinots : les biologistes Lise et Pascale Chevarie de chez Merinov et le pêcheur Bruno-Pierre Bourque, capitaine du Boréas VII.

Ils se déclarent inspirés par le modèle de gestion de ce pays autoproclamé champion de la pêche durable. Lise Chevarie souligne que la pêche au sébaste, qui compte pour 50 % des débarquements de poisson rouge de l’Union européenne, n’a cessé de se développer depuis le moratoire de 1995 dans le golfe du Saint-Laurent. Elle est écocertifiée par le Marine Stewardship Council depuis 2014, précise la chargée de projet. «Il n’y a pas eu d’effondrement comme ici, justement. Donc, ils ont 25 ans d’avance sur nous autres, si on peut dire, parce que c’est géré différemment. Il y a des zones qui sont ouvertes pour différentes flottilles, d’autres qui sont ouvertes pour d’autres flottilles; c’est vraiment différent comme approche.»

Quant à Bruno-Pierre Bourque, il se dit impressionné par l’excellence de la qualité du produit que livrent les Islandais à quai. Ces derniers pêchent le sébaste tant avec le chalut de fond qu’avec les engins péla-giques et semi-pélagiques, souligne le pêcheur semi-hauturier. «On a eu la chance de voir un débarquement de poisson rouge et chaque poisson, du premier au dernier, était consommable. Il n’y avait pas de poisson pourri, écrasé, magané de quelque façon. Chaque poisson du débarquement était consommable et il y avait 190 tonnes!»

En ce qui concerne le traitement du poisson rouge dans les usines d’Islande, il est entièrement mécanisé et ne génère aucun déchet. On en récupère les résidus pour la fabrication d’objets de cuir, d’huile riche en oméga-3 et de farine pour animaux.

LES POISSONS DE FOND – pages 18 et 19 – Volume 31,2 – Avril-Mai 2018

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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