Les défis sont nombreux pour les propriétaires de chantiers de construction et réparation de bateaux en Gaspésie, dans le contexte actuel de la COVID-19. Toutefois, ceux-ci adaptent leur offre à la situation et tirent leur épingle du jeu.
CHANTIER SMS
À Tourelle, Chantier SMS est en pleine restructuration. L’entreprise qui fait principalement la réparation de bateaux, la modification de ceux-ci, et qui conçoit aussi des équipements de pêche, est en train de se diversifier. «On a fait l’achat de machines spécialisées pour fabriquer des équipements plus généraux comme des bouches d’égouts», rapporte le directeur Daniel Henley.
Selon lui, la pandémie n’a pas eu d’impact majeur sur les commandes. «C’est surtout le transport du matériel qui a été compliqué», dit-il. M. Henley observe toutefois une baisse des commandes dans le secteur de la pêche qu’il attribue à la baisse des quotas de crabe des neiges dans certaines zones de pêche. «Il y a seulement 16 ou 17 pêcheurs qui sont au quai de Tourelle», précise-t-il.
L’entreprise de Tourelle est en pleine restructuration. «On ne peut pas dire quels seront nos nouveaux produits pour le moment», affirme le directeur, en précisant qu’ils seront innovants. Il ajoute toutefois que de nouveaux équipements lui permettront d’offrir des prix compétitifs et de faire de la sous-traitance pour la production de pièces dans les autres chantiers de la région. L’entreprise, qui fonctionne présentement avec cinq employés, devrait pouvoir offrir dix emplois prochainement.
ATELIER DE SOUDURE GILLES ASPIRAULT
À Rivière-au-Renard, l’Atelier de Soudure Gilles Aspirault est à l’aube de grands projets d’expansion. La COVID-19 a eu un impact sur le fonctionnement de l’entreprise. Sans réelle conséquence sur les commandes, la pandémie a généré des difficultés en lien avec la disponibilité des employés devant, entre autres, s’occuper de leurs enfants qui ne pouvaient pas aller à l’école. L’entreprise devait aussi prendre de l’expansion cette année avec la construction d’un chantier assez gros pour entrer un navire. «On a acheté quatre terrains dans le parc industriel, mais à cause de la COVID, on va repousser la construction d’un an», explique le directeur Marcel Smith.
L’incertitude face à la possibilité de livrer la marchandise a incité l’entrepreneur à revoir ses façons de faire. «Cette année, on a confié beaucoup de tâches en sous-traitance pour que ça avance plus vite. Je veux m’assurer de pouvoir respecter tous mes engagements. Je n’ai pas pris beaucoup de commandes pour l’hiver», dit M. Smith.
L’entreprise est en train de terminer la construction d’un nouveau navire en aluminium pour le bénéfice d’Exploramer de Sainte-Anne-des-Monts. Elle se spécialise également dans les réparations majeures, les modifications aux embarcations et la construction de bateaux d’aluminium. M. Smith affirme que la demande se maintient, et qu’elle se situe surtout dans le domaine des réparations. «Les gens gardent leurs bateaux (assez longtemps).» L’Atelier de soudure Gilles Aspirault emploie 21 personnes et prévoit en recruter quatre de plus à court terme.
CHANTIER NAVAL FORILLON
À Gaspé, le Chantier Naval Forillon subit peu les impacts de la pandémie. Le président-directeur général, Jean-David Samuel, affirme que la situation mondiale a surtout généré une réflexion générale sur l’avenir. «Les gens se sont posé des questions. Il y a eu une augmentation de l’intérêt, beaucoup de demandes d’information, c’est un état d’esprit», précise-t-il, en ajoutant que les commandes sont restées les mêmes.
L’entreprise qui embauche 75 employés se spécialise dans les réparations majeures, les modifications de navire et les constructions neuves. Chantier Naval Forillon sert aussi bien le domaine de la pêche que les entreprises commerciales.
Jusqu’en 2023, 70 % de ses activités sont concentrées sur un contrat majeur pour le gouvernement fédéral, mais l’administration de l’entreprise est en pleine planification stratégique présentement. «On envisage de développer un département d’ingénierie», indique M. Samuel. Ce dernier précise: «Je pense que dans les prochaines années, autant dans le secteur de la pêche que de la transformation, il va y avoir une bonne évolution. Il y a beaucoup de travail à faire pour développer des produits que les pêcheurs vont vouloir.»
M. Samuel observe aussi une tendance grandissante pour la construction de bateaux neufs.
CONCEPTION NAVALE FMP
À Newport, Conception navale FMP garde un oeil optimiste malgré les retards occasionnés par la pandémie. «On a pris près de deux mois de retard sur la livraison de navires, parce que les employés ne pouvaient être présents à cause de la logistique de la garde des enfants. Et pendant la première vague, il y a eu une fermeture complète des chantiers de construction pendant deux mois», indique le directeur Francis Jr Parisé.
Malgré tout, M. Parisé est enthousiaste face à l’avenir. Son entreprise vient de compléter sa deuxième phase de développement avec des investissements de trois millions $ pour bâtir un chantier à part entière dédié à la construction de bateaux d’aluminium.
La demande locale pour les réparations majeures et la construction de bateaux diminuent, mais les clients du Nouveau-Brunswick et de la Côte-Nord augmentent. L’entrepreneur affirme que dans le futur, il vise principalement la construction de bateaux d’aluminium, de bateaux électriques et de bateaux hybrides.
SOUDURE JONES
À Port-Daniel, Soudure Jones est en pleine diversification de ses activités. Nourri par de nouveaux projets de soudure aussi bien par la cimenterie que pour le public général, le directeur Patrick Jones affirme que les affaires vont bien.
Le secteur de la pêche, qui représente 30 % des activités de l’entreprise, continue de recourir à ses services. Spécialisé dans la réparation sur place de bateaux, l’installation d’équipements de pêche et la production de ces équipements, Soudure Jones offre ses services aussi bien directement aux pêcheurs qu’en sous-traitance pour les autres chantiers de la région. L’entreprise effectue des modifications et réparations hydrauliques, en plus de fabriquer des treuils d’ancres, des tables de triages hydrauliques et des booms télescopiques, entre autres.
Le directeur Patrick Jones affirme que, malgré la pandémie, les commandes sont nombreuses. «Ça a été une bonne année pour les homardiers et les crabiers, donc ils investissent sur leurs embarcations», dit-il. Hormis l’arrêt généralisé dans la province au mois de mars dernier, M. Jones affirme que son entreprise n’a pas vraiment connu de ralentissement.
NOS CHANTIERS NAVALS – page 22 – Volume 33,5 Décembre 2020-Janvier 2021