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Lignes électriques sous-marines pour alimenter l’archipel madelinot : crabiers et homardiers ne devraient pas s’inquiéter

Les pêcheurs de crabe et de homard de la Gaspésie et des Îles n’ont pas à craindre d’effets sur la ressource, en raison du déploiement de deux lignes électriques sous-marines d’Hydro-Québec qui alimenteront l’archipel madelinot en 2027.

Une modélisation réalisée l’hiver dernier par l’IREQ, l’Institut de recherche de la société d’État, démontre que leur intensité électromagnétique sera à peine perceptible sur le champ magnétique ambiant. La biologiste Isabelle St-Onge, conseillère en environnement pour Hydro-Québec, précise que la modélisation est basée sur une charge électrique anticipée de 234 ampères. «C’est la charge annuelle moyenne, établie en lien avec la demande en électricité des Îles», dit-elle.

L’étude de l’IREQ a justement été menée pour répondre aux préoccupations des pêcheurs, soulevées dans le cadre des multiples rencontres de type portes ouvertes que tient la société d’État depuis 2018, afin d’informer le public sur le projet de câbles sous-marins qui remplaceront la centrale thermique de Lavernière. Il en ressort que le flux du champ magnétique enregistré directement au-dessus de la ligne électrique ne sera que de 12 microtesla (μT), considérant son enfouissement à un demi-mètre de profondeur.

«On parle soit d’un enfouissement dans les sédiments, en dessous de la couche mobile du fond marin, ou de l’équivalent en enrochement par-dessus, indique Mme St-Onge. L’important c’est la distance entre le câble et les organismes marins présents sur le fond, tels que le crabe et le homard.»

En comparaison, le champ magnétique naturel est d’environ 52 μT, poursuit la conseillère en environnement d’Hydro-Québec. «Et ce qui est important de prendre en compte, c’est que l’intensité du 12 μT au-dessus du câble diminue très rapidement du moment qu’on s’en éloigne, affirme-t-elle. À une distance d’environ six mètres des câbles, on est dans les mêmes valeurs que la variation naturelle du champ magnétique terrestre.»

IMPACTS SUR LA FAUNE

Ainsi, selon Isabelle St-Onge, il n’y a pas lieu de croire que le champ magnétique du futur câble électrique sous-marin des Îles provoquera des malformations aux crustacés pêchés dans le golfe du Saint-Laurent. C’est pourtant ce que laissait entendre une récente étude européenne, dont le rapport a été publié dans le Journal of Marine Science and Engineering ce printemps. Cette publication fait état des effets indésirables sur la faune environnante des ondes électromagnétiques similaires à celles ressenties à proximité de câbles sous-marins.

Les chercheurs de la station marine de St-Abbs, au Royaume-Uni, ont notamment conclu que le développement des œufs de homard qui y étaient exposés avait trois fois plus de risques de mener à des malformations. «Une queue plus petite et repliée, un développement des yeux raté ou encore un corps gonflé, soulignait à ce propos le média indépendant français 20 Minutes, le 10 mai dernier. Ces ondes auraient également un impact sur leur nage, notamment verticale, car certains homards peinaient à remonter à la surface. Or, ce type de déplacement est primordial pour l’alimentation de ces animaux.»

La conseillère en environnement d’Hydro-Québec fait toutefois remarquer que l’étude européenne a été menée en bassins, dans lesquels les homards étaient exposés à l’équivalent 2 800 μT. «L’intensité des champs magnétiques utilisée dans cette étude est des centaines de fois plus élevée que ce que les câbles du raccordement généreraient au niveau du fond marin, souligne-t-elle. Alors, quand on compare notre projet avec les données de la littérature pour lesquelles il y a eu certains effets notés, on constate que le champ électromagnétique autour de notre câble sous-marin sera très localisé et de très faible intensité. Et ce qui est important, c’est que notre câble sera enfoui. Donc, les valeurs les plus élevées, qui sont dans les premiers centimètres au-dessus des câbles, ne seront pas perceptibles sur le fond marin.»

PREMIÈRE PELLETÉE

C’est en 2026 qu’Hydro-Québec prévoit sa première pelletée en mer, pour le déploiement de son circuit de deux câbles d’une tension de 160 kV chacun, sur une distance de 225 km entre l’Anse-à-Beaufils près de Percé et la Belle Anse de L’Étang-du-Nord. Geneviève Cloutier, porte-parole de la société d’État, explique qu’on pourrait creuser jusqu’à 60 mètres de profondeur pour les enfouir aux abords du rivage, afin de les protéger contre l’érosion.

«Donc, pour la transition de la terre à la mer, sur le premier kilomètre, kilomètre et demi de la côte, on parle d’un forage dirigé. Étant donné l’érosion des berges et le mouvement de la glace, c’est la solution qui a été retenue pour donner une plus grande protection aux câbles et pour, en même temps, faciliter la cohabitation avec les pêcheurs de homard qui sont nombreux en zone côtière.»

D’ici la fin de l’année en cours, le projet fera d’ailleurs l’objet de demandes d’autorisations auprès des différents ministères concernés, tels que Transports Canada, Pêches et Océans et Environnement et Lutte aux changements climatiques du Québec. De plus, la Régie de l’énergie du Québec se penche elle-même depuis novembre dernier sur la stratégie de conversion du réseau d’Hydro-Québec aux Îles-de-la-Madeleine à des énergies renouvelables, dans le cadre de la demande d’approbation de la phase 2 du Plan d’approvisionnement 2020-2029 de la société d’État. Selon Mme Cloutier, la décision de la Régie à cet effet est attendue pour septembre ou octobre. «Puis, dans un deuxième temps, au début 2023, c’est spécifiquement le volet économique du projet câble qui va être soumis à la Régie.»

Globalement, il s’agit d’un projet de 2,3 milliards de dollars sur 40 ans. «C’est le coût de la transition énergétique des Îles qui englobe le câble, mais aussi l’achat d’énergie à Parc éolien Dune du nord, la transition au chauffage électrique et ça comprend la centrale thermique en réserve, énonce Geneviève Cloutier. Ce sont tous différents modules, différents morceaux du puzzle. Quand on va déposer auprès de la Régie au début 2023, on va avoir le coût exact du volet câble.»

ENVIRONNEMENT – Volume 35,3 – Juin-Juillet-Août 2022

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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