L’usine Crustacés des Monts de Sainte-Anne-des-Monts a repris ses activités le 7 août, après une fermeture de deux mois. Cet arrêt de production, qui est le résultat d’une suite d’événements malheureux, a durement secoué l’organisation de l’entreprise qui, tant bien que mal, tente de surmonter la vague.
«Ça passe ou ça casse», laisse tomber l’actionnaire Bertrand Langlois, qui a récemment accepté de succéder à sa nièce Mélanie Langlois au poste de directeur général.
Bien que les problèmes soient apparus avant, ils se sont bousculés après que l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ait, le 15 mai, suspendu l’agrément de l’usine de transformation de crevettes en raison de l’incapacité de l’entreprise à maintenir un programme de gestion de la qualité adéquat, comme l’exige le règlement sur l’inspection du poisson. Cette suspension n’a cependant fait l’objet d’aucun rappel d’aliments. En outre, l’entreprise ne pouvait plus transformer de produits destinés à l’exportation interprovinciale et internationale. Or, selon monsieur Langlois, au moins 80% de la production de Crustacés des Monts est destinée à l’extérieur du Québec, principalement aux États-Unis et en Europe.
Le 11 juillet, le certificat d’agrément de l’entreprise a été rétabli. «On est encore sous la surveillance de l’ACIA, précise toutefois le nouveau directeur général. J’espère qu’on va être capables à temps parce qu’ils nous poussent pas mal à aller vite. On a beaucoup de volonté à remettre ça en marche. On avance. Puis, si on passe à travers, tant mieux.»
Selon monsieur Langlois, la suspension de l’agrément n’était pas uniquement une question de non-conformité. «Il y avait d’autres choses qui sont à revoir et à corriger, dit Bertrand Langlois. Ce n’est pas au niveau de la transformation. On a de la misère à trouver du monde qualifié pour le contrôle de la qualité. Ça prend du monde qui connaît la cuisson.»
Avant la fermeture, l’usine comptait 45 employés répartis sur deux quarts de travail. Depuis la réouverture, une seule faction est en service puisque l’entreprise a perdu plusieurs employés, n’en comptant actuellement qu’une vingtaine.
S’il y a moins de travail, c’est aussi parce qu’il y a moins de volume à traiter. Les quatre crevettiers qui approvisionnaient l’usine ont été redirigés vers Marinard à Rivière-au-Renard. En prévision de la réouverture, les dirigeants ont cependant réussi à s’entendre avec les capitaines de quatre autres bateaux, mais beaucoup plus petits.
Une fois l’agrément retrouvé, le compresseur d’un congélateur de l’entreprise a cessé de fonctionner. C’est à ce moment-là que Mélanie Langlois, qui assumait la direction générale, a quitté le navire. «Elle n’avait plus de cuiseur et elle avait perdu la moitié de son équipe, raconte Bertrand Langlois. Puis là, elle ne savait plus quoi faire. L’autre propriétaire a pris les nerfs et lui a dit que ça ne marchait pas de même. Puis, elle est partie.»
C’est alors qu’un autre actionnaire, Jean-Guy Langlois, le frère de Bertrand, a accepté de prendre la barre de l’entreprise. Puis, comble de malheur, Jean-Guy Langlois est tombé malade. «Il m’a appelé pour prendre la place», raconte Bertrand Langlois.
La cessation des activités a fait très mal à l’entreprise. Les pertes financières sont importantes. «C’est très dangereux, estime monsieur Langlois. Il faut reprendre au bas de l’échelle et remonter ça. On va voir si ça passe. On va essayer de s’en sortir.»
L’entreprise Crustacés des Monts célébrera son 30e anniversaire de fondation l’an prochain.
TRANSFORMATION – page 14 – Volume 30,4 – Septembre-Octobre-Novembre 2017