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Maquereau du Nord-Ouest Atlantique : l’état du stock continue de se dégrader

L’état du stock de maquereau du Nord-Ouest Atlantique, dont le statut est jugé critique depuis 2011, continue de se dégrader. Selon la plus récente évaluation de l’Institut Maurice-Lamontagne (IML), revue par les pairs les 25, 26 février et 3 mars derniers, la population qui vient frayer dans le golfe du Saint-Laurent en juin et juillet est à son plus bas niveau historique. Le biologiste Andrew Smith, de la division des sciences aquatiques, explique que la biomasse reproductrice du contingent nord du maquereau, qui se fond à celui du sud en eaux américaines à la fin de l’automne et en hiver, se situe à 58 % sous le point de référence limite de l’approche de précaution des pêcheries canadiennes.    

«En fait, notre modèle d’évaluation a été mis à jour depuis 2018, précise le scientifique. La biomasse est plutôt à 61 % de ce qu’elle était en 2018, soit la plus faible valeur observée depuis 1968. Le stock n’est pas en bon état parce qu’il y a très peu de recrutement ces dernières années et il est surexploité au Canada. En 2020, le taux d’exploitation des poissons de 5 à 10 ans et plus était de 74 %, alors que le taux de référence est de 51 %.»

C’est d’ailleurs cette surexploitation qui affecte le recrutement de l’espèce, souligne M. Smith. Tandis que le dernier recrutement d’importance du stock du Golfe remonte à 2015, les poissons âgés de plus de cinq ans comptent pour moins d’un pour cent de la population. «Plus il y a de poissons âgés, plus grands, plus ils sont   féconds et donc plus la productivité du stock est grande, indique le biologiste. Par la suite, oui bien sûr, il y des facteurs environnementaux qui jouent.»

CHANGEMENTS CLIMATIQUES  

Ainsi, à la dégradation de la structure d’âge du maquereau de l’Atlantique, s’ajoutent les impacts des changements climatiques qui affectent également le zooplancton, sa principale source de nourriture. De plus, le recrutement de l’espèce dépend de températures favorables de l’eau. Le frai de ce type de poisson pélagique se produit près de la surface, dans des eaux dont la température varie entre 8 ˚C et  16 ˚C.

«On a aussi présenté une étude qui démontre qu’il faut non seulement une abondance de nourriture pour le maquereau, mais il faut qu’elle soit là au bon moment en abondance; qu’ils se chevauchent dans l’espace et le temps, relève Andrew Smith. Ce qu’on a vu, c’est que les années où il n’y a pas ce chevauchement-là, le recrutement est plus faible. C’est sûrement lié à la température de l’eau, mais c’est difficile de mettre son pouce là-dessus; c’est un grand écosystème et ce qu’on voit c’est que la structure de la communauté est changée. Et on dirait que quand le maquereau arrive, le magasin n’est pas ouvert.»

Le biologiste de l’IML reconnaît également que le maquereau ira ailleurs si la température ne lui est pas favorable. Cela dit, il affirme que le sud du Golfe demeure son site principal de frai. «Il peut tolérer un moment, des températures aux extrémités (de la fourchette des 8 ˚C et 16 ˚C), mais les études ont démontré qu’il va activement les éviter et aller ailleurs. Cependant, toutes nos recherches et missions exploratoires à Terre-Neuve et sur le plateau néo-écossais, pour chercher d’autres endroits de frai, démontrent que de toute évidence il revient toujours dans le sud du Golfe. Il y a aussi l’aspect du «homing» (le retour à la maison) qui entre en jeu. Les maquereaux sont très migratoires et font ça depuis toujours, donc je ne peux pas dire que c’est forcément la température qu’ils vont suivre pour frayer, mais c’est certainement un facteur contraignant.»

PLAN DE RÉTABLISSEMENT

Dans son plan de rétablissement du maquereau de l’Atlantique pour les sous-zones 3 et 4 de l’OPANO rendu public en novembre 2020, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) décrit une série de mesures de gestion pour soutenir la croissance du stock, dont une baisse de 20 % du total des prises commerciales admissibles, passé de 10 000 à 8 000 tonnes métriques en 2019, jumelée à une hausse de la taille minimale légale des captures de 263 à 268 mm. «La taille commerciale correspond habituellement à la longueur à laquelle 50 % des individus deviennent matures sexuellement, fait valoir M. Smith. Avec la mise à jour de nos données, on parle maintenant de 266 mm.»

De plus, à compter de cette année, le Ministère établit une saison de pêche et une limite de prises quotidiennes pour la pêche récréative. Cette modification apportée au Règlement de pêche de l’Atlantique de 1985 a fait l’objet d’une publication dans la Gazette du Canada le 10 octobre dernier. «Selon le MPO, il n’est pas rare que des bateaux de pêche récréative du maquereau de l’Atlantique débarquent au port avec plus de 500 kg de maquereau de l’Atlantique par jour», peut-on lire dans ce document. Le ministère fixe donc à 20 maquereaux la limite quotidienne de pêche récréative, entre le premier avril et le 31 décembre, afin de décourager «le détournement des règles récréatives pour mener des activités de pêche commerciale».

PROJECTIONS

Par son approche, le MPO vise à rétablir la population de maquereau de l’Atlantique au-dessus du point de référence limite en moins de 10 ans, soit d’ici 2030. À l’administration centrale à Ottawa, on concède toutefois qu’en raison des nombreux facteurs qui influent sur ce stock, dont la mortalité non comptabilisée, la faible biomasse de frai, le faible recrutement et les pêches américaines sur le stock, «le rétablissement hors de la zone critique devrait prendre plus de 10 ans».

D’ailleurs, selon les projections de l’IML, même si on arrêtait complètement la pêche commerciale canadienne dans le Golfe et sur la côte atlantique, la biomasse des géniteurs n’aurait que 6 chances sur 10 de se rétablir d’ici 2023. «On dit que la probabilité que la biomasse du stock reproducteur sorte de la zone critique à l’année 2023 varie entre 29 % avec un TAC (total admissible de captures) de 10 000 tonnes, jusqu’à 58 % avec un TAC de zéro tonne», expose Andrew Smith.

Il ressort également des documents ministériels que le maquereau joue un rôle essentiel dans l’écosystème, étant donné sa position au centre du réseau de trophique. «Toute variation de son abondance peut avoir un impact sur ses proies comme sur ses prédateurs», peut-on lire dans le plan de rétablissement de l’espèce.

LES PÉLAGIQUES – page 21 – Volume 34,3 Juin-Juillet-Août 2021

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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