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Nouvelle grue portique au port de Cap-aux-Meules : le RUPCAM en est l’unique opérateur

Jusque-là propriété de l’Association des pêcheurs propriétaires des Îles-de-la-Madeleine (APPIM) depuis 28 ans, la cale de halage du port de Cap-aux-Meules a changé de main en cours d’hiver. L’APPIM a transféré l’infrastructure au Regroupement des usagers du port de Cap-aux-Meules (RUPCAM), lui-même propriétaire de la nouvelle grue portique de 300 tonnes subventionnée au coût de 2,3 millions $ par le gouvernement québécois en 2018. 

L’entente, que l’APPIM n’a pas voulu commenter, a été conclue dans le cadre d’une deuxième séance de médiation commandée par le ministre André Lamontagne en février, pour mettre fin à un litige qui perdurait depuis 2014 sur la propriété de la nouvelle grue et son accès à la cale de halage. 

«On ne peut pas avoir une communauté qui ne parle pas d’une même voix; qu’ils ne s’entendent pas, ce n’était pas une option, affirme le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.  D’où l’outil de la médiation que je leur ai offert en soutien. Ils en ont saisi l’opportunité dans une approche gagnant-gagnant pour les Îles et je suis très, très heureux du dénouement.»

OPÉRATEUR UNIQUE

C’est au coût de 1 $ que l’APPIM a transféré la cale de halage au profit du RUPCAM, incluant son bail avec Transports Canada qui est propriétaire du quai de Cap-aux-Meules. La transaction est également assortie de la vente de la vieille grue de 100 tonnes que l’APPIM opérait depuis plus de 30 ans, d’un camion et d’une pelle rétrocaveuse usagés, pour la somme de 325 000 $. Ainsi, contrairement à l’entente de principe conclue lors de la première séance de médiation en septembre 2019, qui prévoyait que les deux parties restaient maîtres de leurs actifs respectifs, l’APPIM ne conserve que la propriété du parc d’hivernement.

«L’entente finale met également un terme au projet de création du Centre de services portuaires des           Îles-de-la-Madeleine, une société commune qui aurait été partagée à 50-50, explique Charles Poirier, président du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles et membre du conseil d’administration du RUPCAM. C’était trop compliqué. Désormais, le RUPCAM est l’unique opérateur de la grue portique pour la mise à l’eau des bateaux et leur retrait, tandis que l’APPIM loue son espace d’entreposage dans le parc d’hivernement.»

Reste maintenant à consolider la dalle de la cale de halage pour l’adapter à la grue portique de 300 tonnes. Jocelyn Thériault, président du RUPCAM, précise qu’on attend une expertise d’ingénierie pour évaluer les besoins. 

«On espère que les travaux seront réalisés dès cet été pour qu’on puisse au moins sortir les bateaux des crabiers à l’automne, dit-il. C’est ce qui presse le plus parce que certains pêcheurs attendent depuis plusieurs années pour des travaux de modification chez Techn’Îles, pour donner des ‘‘jobs’’ ici. Mais pour l’instant rien ne bouge à cause du coronavirus.»

AGRANDISSEMENT DE LA CALE     

Dans un deuxième temps, le RUPCAM vise la construction de quais éperons, de part et d’autre de la cale de halage, pour qu’on puisse y monter des navires plus gros, tels que l’IVAN-QUINN appartenant à la Société des traversiers du Québec. La députée de la Gaspésie et des Îles et ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, promet son soutien dans ce dossier.

«Le ministre des Transports Marc Garneau, qui était avec moi aux Îles en juin dernier, a lui-même assuré qu’on va travailler en support avec l’organisation des usagers du port pour faciliter la réparation des navires chez Techn’Îles. C’est très important; l’activité du parc industriel de Cap-aux-Meules est névralgique pour le développement économique des Îles.»

À terme, le copropriétaire du chantier naval Techn’Îles, Daniel Bourque, prévoit doubler son nombre d’employés, pour le faire passer à une bonne cinquantaine. «C’est sans compter les emplois qui découleront de nos contrats de sous-traitance dans la communauté, souligne-il. Ça va faire rouler l’économie.»

  1. Bourque, qui est lui-même vice-président du RUPCAM, fait remarquer que les chantiers navals de la Gaspésie et des Maritimes capables de soumissionner sur les contrats de 300 tonnes et moins se comptent sur les doigts de la main. «Une fois qu’on rentre dans ce club-là, ça augmente les perspectives; ce n’est pas tout le monde qui peut construire ou réparer un bateau de 100 pieds dans sa cour arrière.»

DÉVELOPPEMENT – page 27 – Volume 33,2 Avril-Mai 2020

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Hélène Fauteux
Hélène Fauteux est diplômée en communications et journalisme de l'Université Concordia. Établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986, elle a développé une solide expertise en matière de pêche et de mariculture.
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