La presque totalité des poissons et crustacés exportés par le Canada est ciblée par les nouvelles restrictions du marché américain qui entreront en vigueur en 2022, en vertu du Marine Mammal Protection Act. C’est ce qui ressort de la publication, en septembre, par NOAA Fisheries, l’équivalent américain de Pêches et Océans Canada (MPO), de la liste des pêcheries assujetties aux nouvelles normes qui seront bientôt imposées aux espèces exportées aux États-Unis.
Cela signifie que le ministère des Pêches et des Océans dispose de trois ans pour documenter les interactions qu’ont les différentes pêcheries et activités aquacoles avec les mammifères marins. Sa directrice générale des relations externes, Nadia Bouffard, explique que des mesures de mitigations adéquates devront également être mises en place d’ici 2021. «C’est certain que les événements de cet été, au niveau des baleines, va augmenter nos niveaux d’efforts pour aller chercher ces renseignements-là, dit-elle. Et, je pense que ces renseignements-là sont 50% de la tâche pour améliorer notre compréhension du problème, et la moitié de la solution.»
Parallèlement, les scientifiques américains devront comparer les mesures de mitigation canadiennes à celles déjà en place aux États-Unis pour minimiser les interactions avec les mammifères marins, des diverses pêcheries allant du crabe des neiges au flétan, en passant par le homard et le sébaste. Seules les espèces dont les pratiques seront jugées comparables pourront continuer à y être exportées. «Dans leur livre de bord, les pêcheurs vont devoir commencer à noter les interactions pour qu’on puisse avoir cette information-là et la fournir aux Américains, précise la haut-fonctionnaire. Alors, c’est ce qu’on regarde à faire, avec nos scientifiques : aller chercher plus de renseignements sur l’interaction, la nature des interactions, et les effets des interactions, lorsqu’on en a.»
Aussi Nadia Bouffard espère-t-elle que les pêcheurs collaboreront avec le MPO pour tenter de préserver leur principal marché des États-Unis. Elle admet que des caméras pourraient être placées à bord des bateaux de pêche comme mesure de suivi de l’interaction des flottilles avec les mammifères marins. Une telle mesure risque toutefois de faire face à de la résistance de la part du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles, le cas échéant. «On était contre le livre de bord, je ne pense pas qu’on appuierait les caméras, souligne son président, Charles Poirier. C’est mon avis personnel. On va aller aux informations.»
Pour sa part, le directeur général de Fruits de Mer Madeleine, Pierre Déraspe, a bon espoir que le Canada saura se conformer aux exigences américaines. «Je pense que c’est un must, dit-il; autant pour les travailleurs d’usine, que pour les usines, que pour les pêcheurs. Il va falloir qu’il y ait des actions qui soient prises dans ce dossier-là, pour que la pêche puisse avoir lieu comme prévu et que l’industrie ne soit pas ralentie en prenant les mesures nécessaires.»
L’entreprise de transformation de l’Étang-du-Nord a elle-même exporté 40% de son crabe des neiges aux États-Unis, cette année. C’est le Japon qui a acheté le reste de sa production.
EXPORTATIONS – page 35 – Volume 30,5 – Décembre 2017-Janvier 2018