Les débarquements québécois de crevette ont de nouveau périclité en 2024, en atteignant à peine 961 tonnes métriques. Il s’agissait de la quatrième baisse d’affilée de captures du petit crustacé. En 2020, les prises atteignaient encore 10 862 tonnes, soit 11 fois plus.
Les revenus associés à ces 961 tonnes ont atteint 3,4 millions de dollars. Cette valeur ne constitue que 0,947 % de la valeur totale de 359 millions de dollars de produits marins québécois capturés en 2024. C’est 14 fois moins que les 49 millions de dollars associés aux prises de 2015, qui avaient atteint 18 371 tonnes métriques au sein des crevettiers québécois.
En 2015, la part de la crevette dans les revenus totaux des pêcheurs québécois atteignait 21 %, et 32 % du volume des prises. Sur ce dernier point, elle n’accapare plus que 2,5 % du volume global de 38 741 tonnes métriques.
Entre 2015 et 2024, la moyenne annuelle des revenus totaux générés par la pêche à la crevette a atteint 27,4 millions de dollars (M$), ce qui est huit fois plus que le total de 2024.
De 2020 à 2024, les prises ont fléchi de 10 862 à 9 515 tonnes en 2021, puis à 7 846 tonnes l’année suivante, pour n’atteindre que 4 506 tonnes en 2023.
«La moyenne des 10 dernières années est de 10 660 tonnes. Donc, 961 tonnes au total, c’est très faible. Le TAC (total admissible des captures) avait baissé de 79 % avant la saison», signale l’économiste Simon Desrochers, du ministère fédéral des Pêches et des Océans, à propos du contingent de 3 060 tonnes en 2024.
Le total de 961 tonnes ne tient pas compte des débarquements livrés ailleurs qu’au Québec et réalisés par des pêcheurs du Nouveau-Brunswick ou de Terre-Neuve, qui évoluent dans certaines des quatre zones auxquelles les crevettiers québécois ont accès.
«Quinze crevettiers ont été actifs cette année et ils ont fait 69 expéditions en mer. Au Québec, le tiers des crevettiers ont été actifs cette année», souligne aussi Simon Desrochers.
La zone de l’Estuaire a généré des captures de 353 tonnes métriques valant 1,3 M$, comparativement à 343 tonnes générant 1,2 M$ pour la zone d’Anticosti. Dans la zone de Sept-Îles, seulement 700 000 $ ont été versés aux crevettiers pour les 170 tonnes qui y ont été capturées, alors que les Québécois n’ont récolté que 53 tonnes valant 200 000 $ pour les crevettes capturées dans la zone Esquiman.
Mince consolation, un prix à la hausse
Le prix de la crevette a grimpé sans cesse depuis 2020 pour s’établir à 1,18 $ en 2021, à 1,50 $ en 2022, à 1,55 $ en 2023 et à 1,81 $ la livre en 2024. Cette dernière augmentation s’établit à 16,8 %.
Au cours des 10 dernières années, le prix de la crevette a fluctué entre 1,09 $ la livre en 2020, première année de la pandémie, et 1,81 $ en 2024. La pire fluctuation à la baisse a été enregistrée entre 2019 et 2020, alors que le prix a chuté de 65 cents la livre, une situation illustrée par un prix passant de 1,74 $ à 1,09 $.
«Le prix a été de 1,37 $ selon la moyenne nominale de la période 2015-2024 et de 1,61 $ la livre en dollars actualisés», note Simon Desrochers.
En 2024, seules les usines du Grand Gaspé, en l’occurrence Pêcheries Marinard à Rivière-au-Renard et La Crevette du Nord Atlantique à l’Anse-au-Griffon, ont transformé des volumes appréciables, bien que nettement inférieurs aux autres années, de crevette pêchée dans le golfe Saint-Laurent. Sur la Côte-Nord, les volumes sont plus modestes et le crustacé est souvent transformé directement dans le bateau.
L’incendie ayant détruit à la fin de mars l’usine Fruits de mer de l’Est-du-Québec à Matane, une usine appartenant au consortium danois Royal Greenland, a retranché un acteur important de la transformation de la crevette.
Certains bateaux pêchaient encore en novembre, quand Pêches et Océans Canada a révélé ses premières données globales de pêche à la crevette.
De plus, les deux usines du Grand Gaspé ont transformé de la crevette importée d’Islande ou du Groenland. Toutefois, les données portant sur la transformation chez Pêcheries Marinard et La Crevette du Nord Atlantique n’étaient pas toutes disponibles quand Pêche Impact était prêt à aller sous presse.
Il n’était conséquemment pas possible de savoir si les deux usines gaspésiennes avaient réussi ou non à tirer leur épingle du jeu en matière de ventes, notamment les exportations.
«On a accès aux données d’exportations, mais il y a toujours un décalage de trois mois entre les exportations et la réception des données», signale Simon Desrochers.
ÉCONOMIE – page 14 – Volume 37,5 Décembre 2024 – Janvier 2025