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Pêche au crabe des neiges : un bon rythme de capture et un prix plus élevé que prévu

La capture du contingent de crabe des neiges du sud du golfe Saint-Laurent par les pêcheurs gaspésiens évoluant dans la zone 12 a démarré rondement en 2024. Les crabiers sont sortis en mer le 1er avril et 40 jours plus tard, 80 % du contingent de 22 053 tonnes métriques était capturé.

À l’usine de la firme E. Gagnon et Fils de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, le pourcentage du volume de crabe avait même atteint, en fin de journée le 8 mai, environ 90 % des 8 millions de livres attendues pour toute la saison, selon le vice-président, Bill Sheehan.

«On a commencé le 1er avril; c’est tôt et ça aide énormément. Les baleines ne sont pas arrivées. Les prises de plusieurs pêcheurs traditionnels sont déjà terminées. Certains pêcheurs de la catégorie «nouvel accès» avaient un quota de seulement 23 000 livres, en raison de la baisse du contingent de 29 %. Cette baisse et un début de pêche le 1er avril ont fait le travail», commente M. Sheehan.

Le mauvais temps du 3 au 6 avril, soit la période suivant l’ouverture de la capture, n’a pas causé trop d’ennuis en ce qui a trait à la transformation du crustacé.

«La tempête nous a quand même bourré l’usine. Tout le monde est parti le 1er et 36 heures après, on avait des bateaux pleins, dans la soirée du 2 avril. Après, il y a eu du vent, des tempêtes, du vent encore, puis les bateaux sont revenus chargés», explique Bill Sheehan.

M. Gagnon et Fils n’a donc pas eu trop de ses 400 travailleurs de production pour traiter les débarquements massifs de crabe des neiges à compter du 2 avril.

Les usines de transformation ont amorcé la saison en offrant 3 $ la livre aux propriétaires de bateaux équipés de cale à eau, et 25 cents de moins aux propriétaires de bateaux dotés de cale à glace. Ces prix n’ont duré que «le temps d’un coup de téléphone», précise Bill Sheehan.

«Le prix est ensuite passé à 3,50 $, et 3,75 $. Ça va finir à 4 $. Il y a déjà des usines qui le paient. Il y aura un paiement en fin de saison, et applicable à toute la saison, qui donnera aux pêcheurs un prix moyen de 4 $», résume-t-il.

«Si la saison commençait aujourd’hui, on serait capable de payer plus cher, mais le produit est vendu à un prix qui tenait compte de ce qu’on payait aux pêcheurs. Je ne peux pas rappeler le monde à qui on a vendu le crabe et dire de me redonner de l’argent», explique Bill Sheehan.

Il rappelle que la grève de deux semaines des crabiers de Terre-Neuve a diminué l’offre de crabe des neiges sur les marchés nord-américains et japonais, ce qui a permis de faire grimper le prix assez rapidement, puisque le crustacé de la zone 12 a occupé une place particulièrement importante dans l’offre de produits.

«Ça nous a fait du bien, cette grève. On a pris des commandes pour un peu plus de 24 heures à la fois», dit-il pour illustrer les quantités limitées qui ont caractérisé les achats de crabe en 2022 et en 2023.

ÉVITER L’ERREUR DE 2022

Bill Sheehan n’a pas de regret d’avoir vendu le crabe transformé rapidement au début de la saison même s’il aurait obtenu un meilleur prix en le gardant quelques  semaines.

«Il ne faut pas oublier que garder du produit génère des frais d’entreposage», souligne-t-il.

Il rappelle qu’au cours du Boston Seafood Show au début de mars, le scénario optimiste envisagé à l’époque suggérait un prix d’environ 2,75 $ à 3 $ la livre pour la majeure partie de la saison.

«On ne veut pas faire l’erreur de 2022, alors qu’on a versé un prix beaucoup trop élevé, à 8,75 $ la livre, un prix que le marché a rejeté», évoque Bill Sheehan.

Quant aux débouchés, le marché reste dominé par les acheteurs américains, mais les firmes japonaises sont un peu plus vigoureuses en 2024.

«Les Japonais achètent un peu plus, mais ils n’achetaient quasiment plus les autres années. On a des techniciens dans l’usine. En fait, ils ont fini leur travail», note M. Sheehan, qui avoue ne pas connaître les raisons derrière cette plus grande présence des acheteurs japonais.

Le dollar canadien, qui se transige à environ 1,37 $ par dollar américain, est avantageux pour les exportateurs de produits marins.

«C’est favorable. Ça (le crabe) sort très bien aux États-Unis, par rapport à l’an passé. On le donnait, le crabe, en 2023. Son prix a baissé de 50 % et plus, en deux ans. On le vendait 12 $ en 2022 et on a de la misère à le vendre 6 $ la livre», précise M. Sheehan, en faisant référence à un prix à la livre des sections de 5 à 8 onces.

Il se dit soulagé d’avoir réussi à faire venir une centaine de travailleurs mexicains à l’usine de Sainte-Thérèse-de-Gaspé.

«Ils sont là. Dans notre cas, ça s’est bien passé. Sur les 700 travailleurs que comptait faire venir l’agence au début de mars, seulement 200 sont entrés rapidement au pays et 100 de ces 200 travailleurs venaient chez nous, sur 125 demandes. En fait, 96 travailleurs de 2023 revenaient en 2024 et on avait les coordonnées, avec les visas électroniques. On a été chanceux. Au début, on ne le savait pas, que ça irait aussi bien pour nous», explique Bill Sheehan.

Le 8 mai, l’Association des crabiers acadiens a émis un communiqué pour fournir des données portant sur les six premières semaines de pêche.

«Les taux de capture hebdomadaire en 2024 sont nettement inférieurs à ceux de 2023 et ressemblent (à ceux des) années 2021 et 2022. Les taux de capture en 2024 étaient de 91,7 kg par casier lors de la première semaine et ont progressivement diminué pour atteindre 42,3 kg par casier à la sixième semaine de pêche. Le rythme des débarquements a vraiment diminué lors de la quatrième semaine de pêche en fonction des taux de capture et du nombre de sorties en mer en augmentant le temps d’immersion des casiers pour maintenir des prises raisonnables. En date du 8 mai, les débarquements ont atteint 17 907,6 t, ce qui représente 81,2 % du quota. Ça va être plus difficile et ça va prendre plus de temps à partir de maintenant pour capturer le quota», révèle cette association.

LE SUD DU GOLFE – pages 2-3 – Volume 37,2 Avril-Mai 2024

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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