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Pêche au hareng d’automne en Gaspésie : des captures légèrement meilleures qu’en 2023

Les volumes de hareng capturés par les quelques pêcheurs gaspésiens étant sortis en mer depuis le 25 août sont légèrement meilleurs que ceux de 2023. Il s’agit toutefois d’une moyenne par pêcheur puisque la saison 2024 était rendue à mi-chemin lors de la tombée de Pêche Impact.

Jeffrey Vautier, de Shigawake, est l’un des cinq pêcheurs gaspésiens ayant participé à la pêche au hareng dit d’automne en 2024, et s’il rapporte de meilleures prises qu’en 2023, il se considère loin d’avoir réalisé de bonnes prises au cours des deux premières semaines de capture.

«Je suis sorti en mer tous les jours excepté les fins de semaine. C’est la règle. Les deux premières semaines ont été meilleures que l’an passé, mais le début de la troisième semaine n’a pas été très bon. Le quatrième soir a été très bon et je n’ai rien pris le cinquième. J’avais pris 40 000 livres après deux semaines», a indiqué M. Vautier le 13 septembre, après sa troisième semaine.

Il a effectué ses principales captures à l’île Miscou et il s’est également rendu au large du secteur Pabos de Chandler.

«Ça valait la peine de sortir lors des deux premières semaines», disait-il.

UN BON PRIX

Jeffrey Vautier livre ses prises à l’usine de Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, où il obtient un prix de 50 cents la livre cette année.

«C’est le meilleur prix que j’ai jamais reçu, mais personne ne pêche. Je suis le seul des pêcheurs du secteur de Saint-Godefroi à sortir pour le hareng cette année. Il y a seulement cinq bateaux du Québec (Gaspésie) qui pêchent le hareng cette année, un de Grande-Rivière, trois de Sainte-Thérèse et moi. Le poisson est difficile à trouver», note-t-il.

À ces cinq bateaux gaspésiens s’ajoutent une vingtaine de bateaux néo-brunswickois évoluant aussi dans la zone 16B, où le quota de 2024 s’établit à 2 982,83 tonnes métriques, une infime fraction de ce qu’il était il y a à peine 20 ans.

«Il y avait de 150 à 200 bateaux du sud du golfe qui pêchaient le hareng il y a 20 ans», rappelle-t-il.

PROBLÈME DE PRÉDATION

Jeffrey Vautier retient de ses 15 premiers jours de pêche la forte présence d’autres prédateurs de hareng.

«On voit beaucoup de phoques, il y a énormément de thons dans notre secteur et on voit des bars rayés», résume-t-il.

Il déplore un changement dans la grosseur des mailles de filets imposé par le ministère fédéral des Pêches et des Océans à la suite de la dernière rencontre scientifique à laquelle les pêcheurs d’espèces pélagiques ont été conviés.

«Les gens des sciences ont admis que les poissons arrivent à maturité à un âge plus précoce. Leur environnement change. Ils nous imposent des mailles de filet plus grosses. Il nous sera donc pratiquement impossible de capturer notre quota», note Jeffrey Vautier.

Il fait un parallèle entre la situation actuelle et une situation antérieure ayant graduellement mené à la fermeture de la pêche printanière au hareng.

«Il y a quelques années, le quota de hareng de printemps avait été fixé à 2 000 tonnes. Les Gaspésiens devaient déclarer leurs prises et nous l’avons fait, avec 400 tonnes. Mais quelqu’un à Pêches et Océans a décidé que les pêcheurs du  Nouveau-Brunswick n’avaient pas à déclarer leurs prises. Plus tard, ils (les gestionnaires de Pêches et Océans) ont fermé la pêche au hareng de printemps, à partir de données incomplètes. Je crains que la même chose arrive avec le hareng d’automne», souligne M. Vautier.

«Tant que la prédation est plus forte que le résultat de la pêche, le poisson ne reviendra pas. Une étude indique clairement qu’au moins 70 % du hareng est mangé par les phoques. Pêches et Océans doit protéger l’habitat et ça fait 25 ans qu’il ne le protège pas. Si tu fermes la pêche, tu perds le meilleur moyen d’évaluer la ressource. La seule chose que je souhaite, c’est qu’ils (les gestionnaires) gardent ça ouvert. On va se battre cet hiver pour réduire notre taille de filet. Si le MPO protège l’habitat, après, on reviendra à une plus grosse taille de poissons», assure-t-il.

Il concède que les pêcheurs en général ont une partie du tort lié à la raréfaction du hareng.

«Dans les années 1990 et les années 2000, les pêcheurs du Nouveau-Brunswick sortaient en mer six jours par semaine pendant la saison de hareng, alors que c’est cinq jours», donne-t-il en exemple.

L’URGENCE DE CONTRÔLER LE BAR RAYÉ

Mis à part des mesures de contrôle des phoques, ce qu’il prône depuis des années, Jeffrey Vautier insiste sur la nécessité de se pencher sérieusement sur l’atténuation de l’impact du bar rayé sur plusieurs espèces importantes.

«Le bar rayé ne mange pas le hareng, il mange les œufs. Il mange aussi les œufs de saumon. Ce sera pire, si rien n’est fait. Le homard subira aussi ce sort. C’est frustrant. On devait pouvoir pêcher du bar rayé commercialement. Je me suis informé. Ça (la juridiction) appartient à la province. Le gouvernement provincial n’a aucune intention de faire pêcher le bar rayé de façon commerciale», dit-il.

«Je ne suis pas allé à l’école très longtemps, mais je comprends que depuis qu’on a le bar rayé, je vois une baisse dans le saumon. Le bar rayé mange les œufs. Le saumon ne peut aller en mer et revenir dans sa rivière. Il n’a pas de chance de se développer», poursuit M. Vautier.

«J’ai entendu cet été que le gouvernement du Québec cherche des moyens de faire acheter du poisson local. Le bar rayé pourrait nourrir du monde, mais personne ne fait rien pour que ça se produise. La main droite ne parle pas à la main gauche. C’est ça qui est frustrant comme pêcheur et comme citoyen», conclut-il.

LES FUMOIRS RESTERONT FERMÉS

Du côté de l’usine de transformation Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, le président, Roch Lelièvre, abonde dans le même sens que Jeffrey Vautier, à l’effet que 2024 ne passera pas à l’histoire, mais qu’elle est meilleure que 2023. Interrogé le 12 septembre, il précisait que la nuit de pêche précédente avait été la meilleure de la saison jusqu’à ce point.

«Tous les bateaux ont pris leur voyage. On a une possibilité de 10 bateaux à l’usine, mais sept pêchent. Ils vont surtout à Miscou. Hier, c’était la première journée qu’ils frappaient sur Miscou», disait M. Lelièvre, espérant alors une répétition de ce scénario pour la soirée suivante, la dernière de la troisième semaine. Ça ne s’est toutefois pas produit.

De façon générale, il ne voit pas de revirement suffisant pour activer les  Fumoirs Gaspé Cured, de Cap-d’Espoir, qui resteront ainsi fermés pour une troisième année de suite.

«Ça va mieux que l’an passé pour les captures, mais ils sont moins nombreux», dit-il en parlant des pêcheurs.

«On paie de 48 à 50 cents la livre aux pêcheurs. C’est un bon prix, jamais vu. J’ai même vu 4 cents, il y a longtemps», évoque-t-il.

La faiblesse des volumes limite l’éventail des possibilités de transformation, note-t-il.

«Je fais de l’appât et du poisson salé éviscéré, avec tête coupée pour le marché québécois et canadien. On ne fait pas de rave (œufs) cette année. Le prix n’est pas bon et selon les échos que j’ai, ça n’augmentera pas. On n’a fait que 6 000 livres de rave et j’ai perdu trois semaines avec ça l’an passé. Ça prend une semaine pour rentrer l’équipement, une semaine pour le sortir, et du temps de préparation entre les deux», précise Roch Lelièvre.

Ces équipements servent notamment à déterminer électroniquement le sexe des poissons, pour envoyer les femelles vers l’extraction de rave.

Roch Lelièvre a commencé dans l’industrie des pêches comme étudiant, à 16 et il en a maintenant 69. Il est gestionnaire depuis l’âge de 25 ans. Il n’a jamais vu de séquence comme celle des trois dernières années.

En date du 24 septembre, le pourcentage de capture de hareng dans la zone 16A atteignait 40,23 % et 229 tonnes avaient été débarquées en Gaspésie.

LES PÉLAGIQUES – page 15 – Volume 37,4 Septembre-Octobre-Novembre 2024

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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