La ministre des Pêches et des Océans (MPO) Diane Lebouthillier autorise un effort de pêche global de 4 500 casiers pour la pêche exploratoire au homard qui ouvrira la saison prochaine dans la zone 17 de l’île d’Anticosti. C’est l’équivalant de 18 permis de pêche de 250 casiers chacun. La moitié de l’effort de pêche est consenti aux Premières Nations, tandis que l’autre moitié profite aux pêcheurs en difficulté des trois régions du Québec maritime. On se rappellera qu’à cet effet, les homardiers des Îles-de-la-Madeleine ont unanimement recommandé au MPO de prioriser les membres du Regroupement des pêcheurs d’appâts des Îles (RPAÎ) qui sont sans revenus depuis deux ans, parce que leurs pêcheries traditionnelles sont sous moratoire. (Pêche Impact, décembre 2024)
«Dès ce printemps, les Premières Nations et l’industrie seront en mer à Anticosti et en Gaspésie [dans la zone 19] pour participer à la pêche exploratoire au homard, recueillir des données importantes et créer des retombées économiques pour l’ensemble des régions côtières au Québec, s’est félicitée la ministre Lebouthillier par voie de communiqué au terme de la réunion annuelle du Comité de liaison entre le MPO et l’industrie, tenue à Québec les 4 et 5 décembre dernier. L’annonce d’aujourd’hui est le parfait exemple que même en eaux troubles, on peut gagner lorsqu’on travaille ensemble.»
Les flottilles côtières des Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord et de la Gaspésie se partagent donc un effort de pêche global de 2 250 casiers, pour un total de 750 cages par secteur. Dans le plan de Répartition de l’effort de pêche exploratoire du MPO, il est prévu un maximum de six permis par secteur, assortis de 125 casiers chacun. C’est la moitié du nombre de casiers par permis alloués aux Premières Nations.
Permis en demande
Aux dernières nouvelles, le RPAÎ faisait savoir que cinq de ses membres étaient toujours considérés en difficulté en raison du moratoire annoncé en février 2023 sur la plie rouge et la limande à queue jaune. Or, selon nos informations, le MPO avait reçu un total de 12 demandes provenant de Madelinots, pour participer à la pêche exploratoire, incluant des détenteurs de permis pour des espèces autres que les poissons plats aux fins d’appât. Mis à part les permis qui sont attribués aux Premières Nations, les pêcheurs intéressés à participer au Plan régional d’acquisition de connaissances et de développement de la pêche au homard avaient jusqu’au vendredi 10 janvier pour se manifester. Le ministère a aussi reçu 90 demandes en provenance de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent et 58 autres de la Côte-Nord.
Après une première vérification de l’éligibilité des candidats, s’en est suivie une seconde ronde d’analyse sur la base de critères «plus spécifiques». Parmi ces critères additionnels énoncés dans l’Avis d’intérêt que le MPO avait publié le 19 décembre dernier, figure le respect de «la contigüité à la zone 17 par rapport au lieu de résidence ou de la zone de pêche pour certaines flottilles».
«Les candidats admissibles seront priorisés en fonction de leur niveau d’activité des dernières années dans la pêche des flottilles prioritaires afin de reconnaître leur engagement et leur résilience tout en considérant la relève, pouvait-on également y lire. Au besoin, des tirages au sort pourraient être effectués jusqu’à épuisement du nombre de permis réservés pour chacune des flottilles prioritaires.»
Redécoupage est-ouest
D’autre part, il ressort également des documents ministériels que nous avons consultés que les candidats retenus ont la possibilité de faire des ententes de partenariat, communément appelées buddy-up, et de ne démarrer leurs activités qu’en 2026 pour s’y préparer adéquatement. Le MPO prévient toutefois que les titulaires de permis exploratoires doivent respecter des critères de participation, en termes d’effort de pêche minimale et de protocole de récolte de données. «Les mesures de gestion et les clauses de participation peuvent évoluer et être modifiées à tout moment», précise-t-il.
On apprend aussi que le ministère fédéral des Pêches a ajusté les sous-zones de pêche de l’île d’Anticosti, résultant en un meilleur partage est-ouest du territoire, et ce, tel que le lui avait recommandé l’Association Homardiers 17B, l’automne dernier. La pêche exploratoire se concentrera d’ailleurs dans la sous-zone 17A, jusqu’alors limitée au secteur de Port-Menier et exploitée commercialement par un seul pêcheur. Son redécoupage fait désormais tout le pourtour ouest, nord-ouest et sud-ouest de l’île. Du côté est, dans la sous-zone 17B, seulement deux permis de pêche exploratoire s’ajouteront à l’effort de pêche actuel de 15 permis. Cette addition ne profitera qu’aux Premières Nations.
Les autorités ministérielles concluent que la réussite du projet «dépendra de l’engagement et de la collaboration des divers intervenants, dont des Premières Nations et des pêcheurs individuels avec le MPO et entre eux». Le Gaspésien Vincent Duguay, président de l’Association Homardiers 17B et capitaine du ANNE ROSE de Pabos, n’a toutefois pas voulu commenter à ce moment-ci.
Aucune garantie
Le ministère ajoute, pour sa part, que son Plan d’acquisition de connaissances et de développement de la pêche au homard vise à documenter la réaction du stock à des captures supplémentaires afin de déterminer si la nouvelle exploitation pourrait se faire de manière durable. Aussi fait-il remarquer que le passage du stade de pêche exploratoire au stade commercial n’est pas garanti et que l’émission d’un permis de pêche exploratoire ne suppose «aucun engagement […] à émettre un permis semblable la saison de pêche suivante».
Le MPO informe également que les permis de pêche exploratoire ne peuvent pas faire l’objet d’une demande de réassignation à un autre titulaire et ne peuvent pas être émis à un autre pêcheur sous forme de permis de remplacement. Les casiers ne sont pas, eux non plus, transférables.
Source : Pêches et Océans Canada Source : Pêches et Océans canada
ANTICOSTI – page 10 – Volume 38,1 Février-Mars-Avril 2025