jeudi, novembre 21, 2024
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Pêche au homard : un report de capture de deux semaines qui a fait une différence!

La saison de pêche du homard a été fortement influencée par la pandémie de COVID-19 parce qu’au moment où la capture aurait dû démarrer en Gaspésie, vers le 25 avril, les prix étaient loin d’être avantageux. La saison a finalement démarré le 9 mai dans la péninsule et aux Îles-de-la-Madeleine, avec des résultats qui ont fait gagner plusieurs millions de dollars collectivement aux homardiers, les prix ayant alors repris de la vigueur.

Les débarquements ont une nouvelle fois atteint un seuil record, à 10 306 tonnes métriques, soit 6,5 % de plus que le précédent record de 9 375,6 tonnes de 2019. Les revenus ont fléchi de 20 %, de 142,2 millions $ à 113,9 millions $, en raison d’une chute de prix de 24,8 %. Toutefois, ces données de la fin de novembre sont encore préliminaires. Elles pourraient principalement changer aux Îles-de-la-Madeleine, selon l’importance de l’ajustement de fin d’année, la ristourne, qui sera accordée par certains acheteurs.

«En Gaspésie, le prix a été de 5,15 $ la livre et aux Îles, il a été fixé à 20 cents de moins          4,95 $. Il va y avoir des ajustements. Je m’attends à ce que le prix des Îles monte presque au seuil du prix de la Gaspésie», précise l’économiste Ali Magassouba, du ministère fédéral des Pêches et des Océans.

«Donc, oui, il y a eu une importante baisse de prix cette année, mais il faut se rappeler que le prix moyen de 6,66 $ la livre en 2019 était presque un record. Il faut aussi dire qu’au cours des quatre années précédentes, le prix avait été au-dessus de 6,50 $ et qu’avant 2015, il avait été bien inférieur à 5 $ la livre. Cinq dollars, avec les quantités que les pêcheurs ont débarquées, ça leur a permis d’atteindre un revenu global de plus de 110 millions $, presque 114 millions $. Le volume pêché cette année représente un record de tous les temps, malgré le fait que la pêche a débuté deux semaines plus tard que d’habitude. Les quantités débarquées représentent maintenant le double de ce qu’elles étaient il y a sept ans», souligne  l’économiste.

Il rappelle en outre que les revenus de la capture du homard au Québec qui s’établissaient à 39,3 millions $ en 2013, ont presque triplé, considérant les 113,84 millions $ de 2020. En 2013, le prix au débarquement n’était que de 4,16 $ la livre. Si on prend l’année 2019 comme référence et ses 142,2 millions $ de valeur au débarquement, la valeur globale des prises québécoises de homard a en fait plus que triplé depuis sept ans.

Ali Magassouba précise que différentes forces ont agi sur la performance relativement bonne des crustacés comme le homard lors d’un printemps caractérisé par la pandémie.

«Quand les conditions sont difficiles, les gens se rabattent sur le prix. Les gens achètent davantage à l’épicerie en tant de pandémie. Les prix de produits ont augmenté en raison de problèmes dans les chaînes d’approvisionnement. Les prix de produits substituts comme le bœuf, le poulet et le porc ont donc augmenté, et ces secteurs ont éprouvé des problèmes de recrutement de main-d’œuvre. Quand les produits substituts montent, tout monte. C’est peut-être un point positif ayant joué en faveur des fruits de mer, qui ont par contre été plus affectés par la fermeture assez générale des restaurants», dit-il.

Sur le marché intérieur, les ventes de homard ont été excellentes, ce qui a largement contribué à soutenir le prix à un seuil plus qu’acceptable. Les grandes chaînes d’alimentation ont placé le homard en vedette pendant presque toute la durée de la saison de capture.

RÉGION PAR RÉGION

Aux Îles-de-la-Madeleine, traditionnellement le secteur dominant en matière de captures et de retombées pour le homard, les pêcheurs ont débarqué 6 213,6 tonnes métriques de ce crustacé, un autre record, pour des recettes totales de 67 700 154 $. C’est une hausse de 15,5 % par rapport au 5 363,8 tonnes métriques de 2019, mais une baisse de 10,8 millions $, ou 13,76 % en matière de revenus. À 4,95 $ la livre, le prix a chuté de 25,56 % par rapport aux 6,65 $ de 2019, mais des ajustements sont à prévoir avant le début de 2021.

En Gaspésie, la hausse des prises de 21,25 %, de 3 026 à un record de 3 669 tonnes métriques, alliée à une baisse de prix  de 6,78 $ à 5,16 $ la livre, soit 23,9 %, a quand même soutenu des revenus globaux de 41 706 690 $. C’est un assez léger fléchissement de 7,4 % par rapport aux 45 034 228 $ de 2019.

Quant à la Côte-Nord, les homardiers y ont débarqué 423 tonnes métriques de crustacés, pour des revenus de 4 431 251 $. C’est 10 % de mieux que les 384,2 tonnes de 2019, mais la chute de 17 % du prix payé au débarquement, de 5,73 $ à 4,75 $ la livre, a entraîné vers le bas les revenus globaux, puisqu’ils avaient atteint 5 031 107 $ il y a un an. Les revenus de 2020 représentent donc un fléchissement de 11,9 %.

Ces chiffres demeurent préliminaires jusqu’à la publication des données officielles, au cours du premier trimestre de 2021.

Avec les données présentement disponibles, on peut établir que les prises de homard aux Îles-de-la-Madeleine ont représenté 59,5 % de la valeur totale des captures québécoises, comparativement à 36,6 % pour les homardiers gaspésiens, et 3,9 % pour ceux de la Côte-Nord.

Pour la première fois depuis que des statistiques économiques sont tenues systématiquement par Pêches et Océans Canada, en 1984, la valeur totale des prises de homard a supplanté celle des prises de crabes des neiges, avec 113 838 095 $ comparativement à 93 654 230 $.

Il n’existe que deux espèces de homards dans le monde, le homard européen, dont les quantités capturées sont relativement marginales, et le homard américain. Malgré son nom, c’est au Canada que les prises de homard américain sont les plus importantes, avec 63 % des captures, comparativement à 37 % aux États-Unis. Le Québec compte pour environ 6 % du total nord-américain, soit le double du poids qu’il occupait il y a environ dix ans.

Les quantités débarquées de homard semblent s’être stabilisées en 2020, au Québec comme au Canada, partiellement en raison du coronavirus, qui a retardé ou raccourci la pêche dans certaines zones. Les prises québécoises ont quand même été légèrement supérieures à celles de 2019.

Les quantités débarquées dans les ports de pêche américains connaissent une tendance à la baisse depuis environ sept ans. À l’inverse, les quantités ont augmenté considérablement au Canada, d’environ 50 % depuis dix ans.

ÉCONOMIE – page 10 – Volume 33,5 Décembre 2020-Janvier 2021

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Gilles Gagné
Gilles Gagné, né à Matane, le 26 mars 1960. J'ai fait mes études universitaires à Ottawa où j'ai obtenu un baccalauréat avec spécialisation en économie et concentration en politique. À l'occasion d'une offre d'emploi d'été en 1983, j'ai travaillé pour Pêches et Océans Canada comme observateur sur deux bateaux basés à Newport, deux morutiers de 65 pieds. Le programme visait l'amélioration des conditions d'entreposage des produits marins dans les cales des bateaux et de leur traitement à l'usine. Cet emploi m'a ouvert des horizons qui me servent encore tous les jours aujourd'hui. En 1989, après avoir travaillé en tourisme et dans l'édition maritime à Québec, je suis revenu vivre en région côtière et rurale, d'abord comme journaliste à l'Acadie nouvelle à Campbellton. C'est à cet endroit que j'ai rédigé mes premiers textes pour Pêche Impact, à l'été 1992. Je connaissais déjà ce journal que je lisais depuis sa fondation. En octobre 1993, j'ai déménagé à Carleton, pour travailler à temps presque complet comme pigiste pour le Soleil. J'ai, du même coup, intensifié mes participations à Pêche Impact. Je travaille également en anglais, depuis près de 15 ans, pour l'hebdomadaire anglophone The Gaspé SPEC et je rédige l'éditorial du journal Graffici depuis 2007.
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