Le Québec s’oppose à la proposition du ministère fédéral des Pêches et des Océans (MPO) de reconduire le plan de gestion du sébaste de l’unité 1 du Golfe pour l’année 2020-21. Ce plan prévoit le maintien du moratoire sur la pêche commerciale et la poursuite de la pêche indicatrice et de la pêche expérimentale, respectivement assorties d’un contingent de 2 000 et de 2 500 tonnes métriques.
Le problème c’est que cette proposition ne répond pas aux attentes du Comité québécois sur le sébaste qui réclame plutôt une reprise de la pêche commerciale, explique le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), André Lamontagne.
«La réclamation du Québec est basée sur l’état actuel de la biomasse de sébaste dans le golfe du Saint-Laurent, souligne-t-il. L’évaluation scientifique des stocks de sébaste par le MPO fait état d’un retour massif de sébaste dans le golfe, soit plus de 4,3 millions de tonnes, dont plus de 3 millions ont maintenant une taille commerciale de plus de 22 cm. Le sébaste se porte donc bien. La levée du moratoire enverra un message positif qui encouragera les acteurs du secteur, autant dans les usines de transformation que sur les bateaux, à investir dans les équipements et à tester les marchés pour ce produit qui a beaucoup de potentiel au Québec.»
QUOTA DE 10 000 TM
De plus, comme le Sébaste mentella se situe dans la zone saine de l’approche de gestion par précaution, selon le classement des scientifiques du MPO, le Québec veut que l’espèce soit retirée de la liste des espèces sauvages en péril gérée par le Comité sur la situation des espèces en péril du Canada (COSEPAC).
«Le marché ne voudra jamais d’un poisson sous moratoire et encore moins s’il figure à la liste des espèces en péril, fait valoir Paul Boudreau, gestionnaire de Madelipêche. Avec une biomasse commerciale de trois millions de tonnes, ce n’est pas normal de garder le moratoire sur l’unité 1 ; il n’y a aucune raison scientifique ou administrative qui le justifie.»
Ainsi, le Québec souhaite un quota d’environ 10 000 tonnes métriques de sébaste pour l’année 2020-2021, quoique Madelipêche en voudrait le double, précise M. Boudreau. «Pour une première année nous estimons qu’une allocation de 10 000 tonnes dans l’unité 1 est jugée raisonnable, fait quant à lui remarquer André Lamontagne. Ce volume sera suffisant dans un premier temps pour permettre aux acteurs de l’industrie de développer les marchés et de mieux se préparer pour la gestion de plus gros volumes.»
Enfin, le Québec continue de réclamer le maintien de sa part historique de sébaste. «La pêche au sébaste dans le golfe du Saint-Laurent a été une activité importante dans l’économie des régions maritimes du Québec avant le moratoire de 1995, affirme le ministre québécois responsable des Pêcheries. Il est essentiel que le Québec préserve sa part historique dans la pêche au sébaste qui correspond à 33,17 % du contingent de l’unité 1», affirme-t-il.
Notons qu’en raison de la pandémie de COVID-19, la réunion annuelle du Comité consultatif du sébaste n’a pas pu se tenir comme prévu, ce printemps. C’est donc par voie de courriel que le Comité québécois sur le sébaste a fait connaître sa réaction aux propositions de Pêches et Océans Canada en matière de gestion 2020-2021. Le Ministère nous indique pour sa part qu’il «examine actuellement les soumissions écrites et que la ministre Bernadette Jordan en tiendra compte, ainsi que des derniers avis scientifiques, dans ses futures décisions de gestion.»
Ottawa assure également qu’une décision concernant cette pêcherie, qui devait débuter le 15 mai, est prévue prochainement.
LES POISSONS DE FOND – page 22 – Volume 33,2 Avril-Mai 2020