Les résultats de la pêche au turbot des dernières semaines étaient qualifiés d’acceptables selon certains intervenants de cette pêcherie. À la conclusion prochaine de la saison, le total des captures enregistrées par les pêcheurs gaspésiens et nord-côtiers pourrait bien être supérieur à celui de l’an dernier, même s’il demeure encore modeste en 2019 comparativement aux bonnes années vécues il y a pas si longtemps. C’est ce que déduit le directeur du Regroupement des pêcheurs professionnels du nord de la Gaspésie (RPPNG), Jean-René Boucher, puisque le total autorisé des captures (TAC) de 3 375 tonnes pour l’année de gestion 2019-2020 pourrait avoir été atteint dans des proportions plus grandes que prévu. «À la mi-septembre, Pêches et Océans parle d’une atteinte du TAC d’environ 50 %, comme l’an dernier. Mais selon les commentaires que j’obtiens des pêcheurs, ça irait beaucoup mieux. Plusieurs pêcheurs de turbot ont terminé la capture de leur quota individuel, donc la saison pourrait être vraiment meilleure», souligne M. Boucher. Celui-ci précise sa pensée en affirmant que plusieurs secteurs de pêche ont bénéficié de résultats satisfaisants. «L’an passé, la pêche était meilleure principalement dans le haut de l’estuaire du Saint-Laurent. Ça a encore été un bon secteur cette année, mais des captures intéressantes ont été observées à plusieurs autres endroits», souligne le directeur du RPPNG. M. Boucher demeure optimiste quant au stock de turbot pour les années futures. «Le printemps dernier, quand on a demandé le statu quo des captures à 3 375 tonnes pour la présente année, on avait bon espoir pour la saison, on avait des signes encourageants. Les débarquements à ce jour en témoignent et ce sera à réévaluer après la fin de la saison le 31 octobre», dit-il. La situation n’a pas été facile sur toutes les portions du territoire de pêche de la zone 4RST, cependant. Paul-Guy Hautcoeur, un grand palangrier basé à Sainte-Thérèse-de-Gaspé, affirme que la pêche au turbot a été plutôt difficile dans son secteur traditionnel de capture, au large de Natashquan. Le 11 septembre dernier, le pêcheur d’expérience affirmait avoir récolté environ 75 % de son quota de 80 000 livres. Les difficultés observées seraient attribuables, selon lui à la surpêche. «Je me doutais qu’il y aurait une baisse du turbot. Je voyais qu’il était de plus en plus petit et mois nombreux. Et l’effort de pêche est trop fort. On pêche trop longtemps.» Paul-Guy Hautcoeur ajoute que la pêche à la crevette a probablement une influence insoupçonnée sur les captures de turbot. «À certains moments de la saison, il arrive que les chalutiers prennent beaucoup de petits poissons. Je suis certain que ça a un très gros impact», affirme M. Hautcoeur. D’autre part, le prix au débarquement de 1,90 $ la livre constitue une augmentation de 10 cents par rapport à l’an dernier. Jean-René Boucher affirme que «globalement, les pêcheurs sont contents de la situation. On est chanceux qu’année après année, le prix du turbot soit stable ou augmente, alors qu’il fluctue beaucoup pour les autres espèces. Mais quand on regarde sur le marché, on sait qu’on pourrait avoir un peu plus pour notre poisson.» Dans le contexte où il n’a pas réussi à obtenir les résultats désirés, M. Hautcoeur, pour sa part, affirme que «c’est sûr que quand le poisson est rare comme ça, on aimerait un peu plus pour couvrir les dépenses et les salaires. On aurait aimé un prix 2,25 $ la livre.» Rappelons que l’allocation accordée aux flottilles avec engins fixes du Québec correspond à 82 % de l’allocation de la flottille inférieure à 19,81 mètres avec engins fixes du golfe du Saint-Laurent. Ainsi, sur la base du TAC de 3 375 tonnes, les flottilles québécoises se partagent une allocation globale de 2 330 tonnes (incluant un transfert temporaire de 221 tonnes provenant de la flottille inférieure à 19,81 mètres avec engins mobiles) répartie conformément à la formule de partage établie.
LES POISSONS DE FOND – page 4 – Volume 32,4 Septembre-Octobre-Novembre 2019