Réservant un accueil mitigé au prix payé au débarquement en 2019, l’Office des pêcheurs de homard des Îles demande un ajustement équivalant à 85 % du prix de vente pondéré des trois meilleurs acheteurs pour les quatre dernières semaines de la saison. Par cette proposition, il espère éviter un Arbitrage devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec. Selon l’avocat des pêcheurs, Claude Régnier, cette proposition de règlement se traduit par une somme de deux cents pour chacune des 11 882 712 livres livrées à quai. «Ça représente un déboursé de 254 000 $, nettement moins coûteux qu’un arbitrage, dit-il.»
ENTERRER LA HACHE DE GUERRE
De plus, pour la saison 2020 et les suivantes, l’Office propose aux six acheteurs inscrits au Plan conjoint du homard de s’en remettre à des experts désignés par chaque partie pour déterminer le juste prix du marché du produit des Îles-de-la-Madeleine et établir une nouvelle formule de répartition équitable. «Nous voulons que le nouveau mécanisme tienne compte tant du prix du marché provenant des différentes agences de collecte de données que du prix de référence du Seafood Price Current, de même que des coûts d’opération des pêcheurs, des coûts de transformation et de transport. De cette façon, on s’assure de la rentabilité de tous», explique Me Régnier. L’objectif des pêcheurs madelinots est de mettre fin aux sempiternelles chicanes avec les acheteurs, afin de travailler en partenariat à une mise en marché commune et ordonnée du homard, poursuit le président de l’Office, Pascal Chevarie. À son avis, l’industrie des Îles-de-la-Madeleine pourrait obtenir un meilleur prix pour son produit en assurant sa traçabilité et en se tournant vers les consommateurs européens, par exemple. Il croit aussi qu’on devrait mettre à profit les viviers réfrigérés du territoire pour approvisionner l’archipel madelinot en homard frais durant les mois de juillet et août. «T’as juste à regarder le prix du homard dans les coops; il n’a fait qu’augmenter tout au long de la saison, fait-il remarquer. L’ajustement qu’on demande n’est pas vraiment important; ce ne sont pas de gros montants. Mais on aimerait mieux s’asseoir et travailler sur autre chose. À tout le temps ne pas être d’accord sur les prix, et tout ça, ce serait mieux si on travaillait ensemble plutôt que l’un contre l’autre. Ça coûte des coûts aux deux parties.»
FONDS COMMUN
À ce propos, le directeur général de l’entreprise Fruits de Mer Madeleine, Pierre Deraspe, croit qu’il serait plus judicieux de créer un fonds d’investissement commun avec le deux cents la livre que réclament les pêcheurs. Ces derniers devraient eux-mêmes y investir une somme équivalente, avance-t-il. «Moi, je pense qu’il y a du travail à faire pour essayer se tailler une place plus lucrative sur le marché à l’international avec des sous comme ça, plutôt que de continuer à aller dans une bagarre à ne plus finir qui ne donne pas nécessairement un revenu plus important aux pêcheurs, et qui peut être agaçant pour l’acheteur.» L’Île-du-Prince-Édouard a sa patate partout dans le monde, une autre région a ses fromages ou ses bleuets; pourquoi les Îles-de-la-Madeleine n’auraient pas le homard? Mais il faut qu’il y ait un travail de fait à ce niveau et il faut qu’il y ait des sommes d’argent importantes qui soient investies, mais il faut qu’elles soient prises quelque part», poursuit le directeur général de Fruits de Mer Madeleine. M. Déraspe affirme d’ailleurs que les propositions de l’Office permettent de croire à un tel rapprochement. «Deux cents, c’est comme raisonnable, mais en même temps, pourquoi ce ne serait pas mieux investi que de le donner dans un revenu aux pêcheurs qui était, à mon avis, amplement suffisant pour l’année 2019, en moyenne par entreprise.» Quant au directeur général de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche qui représente les acheteurs madelinots inscrits au plan conjoint, Jean-Paul Gagné, il prévoit répondre officiellement aux propositions des pêcheurs à la rentrée de septembre.
LES ÎLES EN BREF page 22 – Volume 32,4 Septembre-Octobre-Novembre 2019