Les pêcheurs de Rimouski appréhendent non seulement d’endommager leur bateau lorsqu’ils entrent au quai de Rimouski, mais ils craignent aussi pour leur vie. C’est du moins ce que soutient le président du Comité permanent sur la sécurité des bateaux de pêche du Québec, Marc Doucet.
«C’est plus dangereux de rentrer au quai que de sortir en mer et d’affronter le mauvais temps, croit le crabier. On a toujours peur de briser notre bateau. Les gars doivent parfois sauter dans le bateau parce qu’on craint d’accoster.»
C’est la raison pour laquelle le capitaine propriétaire du Bicois a préféré sortir en mer en pleine tempête le 5 avril plutôt que de risquer que son embarcation se fracasse contre la structure. «J’ai sorti au large avec des rafales de 45 à 50 nœuds, raconte le pêcheur du Bic. J’ai été deux heures à me faire brasser avec mon équipage. Un autre pêcheur a fait comme moi. C’est un problème qui est là depuis la construction du quai. On n’a jamais été à l’abri sur ce quai-là. On est chanceux qu’il n’y a rien qui soit arrivé!»
SERVICES INEXISTANTS
Marc Doucet déplore la désuétude des installations. «Les bornes d’eau sont là, mais tout est rouillé, ça ne marche pas, critique-t-il. Il n’y a jamais eu d’entretien de fait. On n’a jamais entendu parler de sommes et d’investissements au quai de Rimouski. Pour la Technopole maritime et pour une ville qui possède un institut maritime, on n’a même pas de quai qui mérite ce nom!»
«Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, continue-t-il. Quand tu rentres aux autres ports, il y a des machines à glace et des bornes pour l’eau. À Matane, Sainte-Anne-des-Monts et Tourelle, tu as de l’électricité et des services. Ici, on paie aussi cher de frais de quaiage et on n’a pas de services! Pour les vidanges, c’est Roberto Blanchette des Pêcheries de l’Estuaire qui fournit les conteneurs et nous, on paie pour ça entre pêcheurs.»
TRAVAUX À VENIR
M. Doucet demande que le ministère fédéral des Pêches et Océans (MPO) construise une digue de pierre pour protéger les bateaux des vents du nord-est. Le MPO est propriétaire du brise-lame et de certains ponts flottants. Le reste est la propriété de Transports Canada. «On est en discussion avec la Ville de Rimouski depuis plusieurs années pour les actifs qui appartiennent à Pêches et Océans Canada, souligne le directeur régional des ports pour petits bateaux du Ministère, Bernard Beaudoin. C’est une priorité pour nous.»
Deux options sont envisageables: soit le Ministère fait les travaux et cède le quai à la Ville, soit il fait les plans et devis et la Ville effectue les travaux. «Dans le cas de Rimouski, on n’a pas statué définitivement sur le scénario à adopter, indique M. Beaudoin. Ça se poursuit au cours des prochains mois. On est en attente du budget pour finaliser le dossier.»
Selon le porte-parole du MPO, il n’y a aucun changement prévu à la configuration de la jetée actuelle. Il est plutôt recommandé de construire une structure en forme d’Y afin de créer une entrave à l’entrée du port pour empêcher les vagues de venir frapper contre le quai. «On a fait des études d’agitation pour optimiser l’axe à prendre», précise le fonctionnaire.
«Avec M. Beaudoin, ça a toujours été comme ça, se désole le président du Comité permanent sur la sécurité des bateaux de pêche. Ce sont des promesses politiques. Mais, si ça continue, il va y avoir des pertes de vie. Ça fera moins de monde pour aller voter!»
Le porte-parole refuse, quant à lui, d’avancer une estimation du budget nécessaire aux travaux. Cependant, selon nos informations, les coûts s’élèveraient entre 5 et 8 millions$ alors que les activités de pêche et du traversier CNM Évolution à la marina de Rimouski génèrent annuellement quelque 35 millions $ en retombées économiques.
INFRASTRUCTURES PORTUAIRES – page 37 – Volume 31,2 – Avril-Mai 2018